Eglises protestantes :Un nouveau psautier suscite la polémique
11 mars 2005
Un nouveau psautier, soumis à consultation jusqu’au 30 mars prochain dans les différentes Eglises protestantes de Suisse romande, a provoqué des réactions contrastées
Résultat d’une collaboration franco-suisse, ce pavé de 1280 pages est une compilation de psaumes anciens, de créations contemporaines et de chants que certains jugent démodés, boy scout ou trop pompiers. « Alléluia, avec le Christ, dépasser les frontières » : c’est le nom provisoire du futur psautier francophone sur lequel a planché une équipe franco-suisse pendant près de dix ans. C'est une initiative de la Fédération protestante de France et de la Conférence des Eglises romandes (CER), ce qui explique qu’un nombre impressionnant de chants et d’hymnes ont été sélectionnés, auxquels tiennent les diverses traditions protestantes, - réformés, luthériens, baptistes et autres Eglises libres et évangéliques - représentées en son sein. Pas moins de 600 numéros qui seront imprimés sur du papier bible pour donner au volume une taille maniable. Cette édition devrait succéder en Suisse romande au recueil « Psaumes et cantiques » édité en 1976, toujours en vigueur dans les paroisses romandes mais qui a fait son temps, et à « Vitrail », sorti en 1992 pour répondre à la demande de nombreuses paroisses de l’Eglise réformée .
Si beaucoup se félicitent d’avoir bientôt en main un livre de chant commun à toutes les dénominations protestantes, symbolisant leur rassemblement, des voix se montrent critiques à l’égard de cette impressionnante compilation. Parmi elles, l’Association des organistes romands déplore vigoureusement dans son périodique « La Tribune de l’orgue » une absence de cohérence dans la sélection et une trop grande disparité : au répertoire des cantiques incontournables, on a ajouté, remarquent Daniel Bouldjoua et Daniel Chappuis, « des rengaines de trente ans et plus, et bon nombre de chants de l’Armée du Salut, du Réveil, abandonnés en 1937 en raison de leur désuétude ».« On touche aux émotions » L’heure est à la consultation au sein des Eglises romandes. Les réactions que suscitent les exemplaires du recueil mis en circulation n’étonnent pas Isabelle Ott-Baechler, présidente de La Conférence des Eglises de Suisse Romande (CER) : « Quand on touche à la musique, qu’on remet en question le psautier, c’est à la mémoire et aux émotions qu’on touche. Ce qui paraît pompier aux uns ne l’est pas pour les autres. Prenons un exemple : le cantique « A toi la gloire ô ressuscité ». N’est-il pas aujourd’hui devenu un peu pompier ? Peut-être, mais tant de gens sont attachés à ce chant qui les a accompagnés depuis l’enfance ; il fait partie de leurs souvenirs, de l'espression de leur foi, leur patrimoine musical, impossible pour eux d’envisager sa suppression ! Ce serait un sacrilège ! Il figurera bien entendu dans le nouveau recueil ».
Isabelle Ott-Baechler voit dans ce nouveau psautier deux avantages majeurs : Le recueil sera commun aux Eglises francophones et tient donc compte de la mobilité des personnes. Le second avantage est dans la diversité des styles réunis dans un seul livre qui « répond au pluralisme des sensibilités du protestantisme dont nous, réformés, sommes fiers », précise la présidente.
A Yvonand, le pasteur Daniel Rouge, qui fait partie de la Commission permanente de révision du psautier, salue également l’ouverture aux autres dont témoigne le recueil et reconnaît qu’il comprend un tiers de chants proposés par les Français, qui sont étrangers aux usages réformés romands.
Du côté des détracteurs du projet, les critiques avancées concernent en vrac un graphisme des notes désuet et ultra serré, des accords de guitare peu adaptés à des musiciens amateurs, des chants de feux de camp « boy scout » complètement dépassés, un mélange des genres s’adressant à des publics fort différents et une numérotation lacunaire.
A vouloir embrasser trop de communautés, en incluant également des chants spécifiques pour les enfants et les catéchumènes, on ne sait plus trop bien à quelle assemblée ces chants sont destinés, estiment certains. « Difficile de s’y retrouver, remarque Philippe Corset, ministre du service communautaire des 0-13 ans de l’Eglise réformée du canton de Vaud (EERV), qui par ailleurs, est ravi qu’on ait repris dans cette version un psaume de sa composition, sélectionné dans l’édition de Vitrail.
« Qui trop embrasse mal étreint », estime également Didier Godel, organiste genevois, directeur de chœur, qui fait partie de la Commission permanente de révision du psautier depuis 1978. Tout en saluant ce psautier commun qui jette un pont par-dessus les frontières et permet de conserver un patrimoine hymnologique précieux, le musicien estime que les Romands devraient élaguer cette compilation après sa consultation. « Est-ce qu’on veut un recueil pour le culte dominical ou pour l’ensemble des activités de l’Eglise ? » Le musicien souhaiterait la suppression des chants destinés notamment à la catéchèse ; il rappelle que l’Association romande pour l’éducation chrétienne (AREC) a pour sa part édité des chants pour les enfants et les jeunes, qui collent bien à leurs besoins. Enfin il est partisan d’une édition romande à… une seule voix ! « Presque tous les chants sont à 4 voix, ce qui en en diminue la lisibilité ». Ouverture aux autresC’est à la Fondation des éditions protestantes romandes qu’il revient de partager les frais de conception et de réalisation du prototype actuellement en circulation, en vertu d’une convention passée avec la maison d’édition Olivetan à Lyon qui est l’éditrice de l’Eglise réformée de France. C’est aux Eglises cantonales protestantes ensemble que revient la décision finale. La Conférence des Eglises Romandes (CER) coordonnera tous les résultats qui lui seront transmis au terme de la consultation qui s’achève à la fin de ce mois. Si les Romands devaient choisir de faire édition à part et donner la préférence à une version allégée de la compilation, les Editions Olivetan à Lyon sont bien décidées à sortir l’ouvrage, en tenant compte dans leur tirage de la désaffection de la Suisse romande.
Si beaucoup se félicitent d’avoir bientôt en main un livre de chant commun à toutes les dénominations protestantes, symbolisant leur rassemblement, des voix se montrent critiques à l’égard de cette impressionnante compilation. Parmi elles, l’Association des organistes romands déplore vigoureusement dans son périodique « La Tribune de l’orgue » une absence de cohérence dans la sélection et une trop grande disparité : au répertoire des cantiques incontournables, on a ajouté, remarquent Daniel Bouldjoua et Daniel Chappuis, « des rengaines de trente ans et plus, et bon nombre de chants de l’Armée du Salut, du Réveil, abandonnés en 1937 en raison de leur désuétude ».« On touche aux émotions » L’heure est à la consultation au sein des Eglises romandes. Les réactions que suscitent les exemplaires du recueil mis en circulation n’étonnent pas Isabelle Ott-Baechler, présidente de La Conférence des Eglises de Suisse Romande (CER) : « Quand on touche à la musique, qu’on remet en question le psautier, c’est à la mémoire et aux émotions qu’on touche. Ce qui paraît pompier aux uns ne l’est pas pour les autres. Prenons un exemple : le cantique « A toi la gloire ô ressuscité ». N’est-il pas aujourd’hui devenu un peu pompier ? Peut-être, mais tant de gens sont attachés à ce chant qui les a accompagnés depuis l’enfance ; il fait partie de leurs souvenirs, de l'espression de leur foi, leur patrimoine musical, impossible pour eux d’envisager sa suppression ! Ce serait un sacrilège ! Il figurera bien entendu dans le nouveau recueil ».
Isabelle Ott-Baechler voit dans ce nouveau psautier deux avantages majeurs : Le recueil sera commun aux Eglises francophones et tient donc compte de la mobilité des personnes. Le second avantage est dans la diversité des styles réunis dans un seul livre qui « répond au pluralisme des sensibilités du protestantisme dont nous, réformés, sommes fiers », précise la présidente.
A Yvonand, le pasteur Daniel Rouge, qui fait partie de la Commission permanente de révision du psautier, salue également l’ouverture aux autres dont témoigne le recueil et reconnaît qu’il comprend un tiers de chants proposés par les Français, qui sont étrangers aux usages réformés romands.
Du côté des détracteurs du projet, les critiques avancées concernent en vrac un graphisme des notes désuet et ultra serré, des accords de guitare peu adaptés à des musiciens amateurs, des chants de feux de camp « boy scout » complètement dépassés, un mélange des genres s’adressant à des publics fort différents et une numérotation lacunaire.
A vouloir embrasser trop de communautés, en incluant également des chants spécifiques pour les enfants et les catéchumènes, on ne sait plus trop bien à quelle assemblée ces chants sont destinés, estiment certains. « Difficile de s’y retrouver, remarque Philippe Corset, ministre du service communautaire des 0-13 ans de l’Eglise réformée du canton de Vaud (EERV), qui par ailleurs, est ravi qu’on ait repris dans cette version un psaume de sa composition, sélectionné dans l’édition de Vitrail.
« Qui trop embrasse mal étreint », estime également Didier Godel, organiste genevois, directeur de chœur, qui fait partie de la Commission permanente de révision du psautier depuis 1978. Tout en saluant ce psautier commun qui jette un pont par-dessus les frontières et permet de conserver un patrimoine hymnologique précieux, le musicien estime que les Romands devraient élaguer cette compilation après sa consultation. « Est-ce qu’on veut un recueil pour le culte dominical ou pour l’ensemble des activités de l’Eglise ? » Le musicien souhaiterait la suppression des chants destinés notamment à la catéchèse ; il rappelle que l’Association romande pour l’éducation chrétienne (AREC) a pour sa part édité des chants pour les enfants et les jeunes, qui collent bien à leurs besoins. Enfin il est partisan d’une édition romande à… une seule voix ! « Presque tous les chants sont à 4 voix, ce qui en en diminue la lisibilité ». Ouverture aux autresC’est à la Fondation des éditions protestantes romandes qu’il revient de partager les frais de conception et de réalisation du prototype actuellement en circulation, en vertu d’une convention passée avec la maison d’édition Olivetan à Lyon qui est l’éditrice de l’Eglise réformée de France. C’est aux Eglises cantonales protestantes ensemble que revient la décision finale. La Conférence des Eglises Romandes (CER) coordonnera tous les résultats qui lui seront transmis au terme de la consultation qui s’achève à la fin de ce mois. Si les Romands devaient choisir de faire édition à part et donner la préférence à une version allégée de la compilation, les Editions Olivetan à Lyon sont bien décidées à sortir l’ouvrage, en tenant compte dans leur tirage de la désaffection de la Suisse romande.