Perte de sens et montée de la violence : un lien indéniable
17 mars 2005
Quand la pensée économique tient lieu de règle universelle, faisant perdre de vue que chacun a droit à des égards, elle cesse d’être au service de la vie
Démonstration convaincante d’Yvan Mudry dans un livre qui vient de paraître, « Mots qui tuent, mots qui sauvent ».Il n’y a pas d’acte sans mots ni idées, ni de vie pleinement humaine en l’absence de table de repères symboliques. A force d’être simplifiées et rabâchées, la pensée et la parole tombent dans l’insignifiance et le non-sens, se fourvoient dans le vide et la confusion, ce qui affecte le rapport au monde et à soi. Et qui induit la montée de la violence. Dans son dernier livre, « Mots qui tuent, mots qui sauvent », Yvan Mudry stigmatise le processus de « réduction au même » dicté par la mondialisation libérale, qui obnubile les esprits, les prive de toute pensée originale et critique et les engloutit sous des avalanches de messages contradictoires. Dans le brouhaha médiatique, où tout et son contraire est dit, les grands discours ne sont plus des facteurs de cohésion et de mobilisation sociale. Les liens unissant les hommes entre eux, mais aussi l’homme et le monde, sont mis à rude épreuve. La pensée dominante, assurée de sa supériorité, considère les conceptions du monde différentes comme inférieures ou les ignore. Ce qui fait perdre pied à ceux qui ne savent désormais plus comment se comporter.
Le journaliste voit un lien évident entre la perte de sens, la pléthore de signes, d’images, de chiffres, le déferlement d’explications qui brouillent toutes les références idéologiques et symboliques, et la montée de la violence. Dans un monde globalisé où la pensée économique tient lieu de règle de vie et verrouille toute possibilité de penser autrement la production des biens, leur distribution et leur consommation, il y a de quoi perdre pied. Et se raccrocher à des pseudo-vérités, sans plus chercher à développer une pensée originale, personnelle, différente. Dans son approche philosophique, Yvan Mudry s’en réfère notamment à Anna Arendt qui explique la dérive d’ordre symbolique et culturelle qui s’opère quand les adeptes d’un système totalitaire recourent en fin de compte à la violence pour rendre le monde réel pareil à celui qu’ils ont rêvé. La pensée systématique, la vérité indiscutable qui engendrent sentiment d’injustice, désir de vengeance, colère, tuent. Yvan Mudry les opposent aux paroles qui fécondent, qui prennent forme dans la discrétion, le silence et l’écoute ; des mots qui s’enracinent dans le vécu intime, répondent à l’appel d’autrui et s’inscrivent dans l’échange et la rencontre, qui relient et ne condamnent personne à s’effacer dans les marges du monde.
UtileMots qui tuent, mots qui sauvent, Yvan Mudry, édition Labor& Fides, 2005.
Le journaliste voit un lien évident entre la perte de sens, la pléthore de signes, d’images, de chiffres, le déferlement d’explications qui brouillent toutes les références idéologiques et symboliques, et la montée de la violence. Dans un monde globalisé où la pensée économique tient lieu de règle de vie et verrouille toute possibilité de penser autrement la production des biens, leur distribution et leur consommation, il y a de quoi perdre pied. Et se raccrocher à des pseudo-vérités, sans plus chercher à développer une pensée originale, personnelle, différente. Dans son approche philosophique, Yvan Mudry s’en réfère notamment à Anna Arendt qui explique la dérive d’ordre symbolique et culturelle qui s’opère quand les adeptes d’un système totalitaire recourent en fin de compte à la violence pour rendre le monde réel pareil à celui qu’ils ont rêvé. La pensée systématique, la vérité indiscutable qui engendrent sentiment d’injustice, désir de vengeance, colère, tuent. Yvan Mudry les opposent aux paroles qui fécondent, qui prennent forme dans la discrétion, le silence et l’écoute ; des mots qui s’enracinent dans le vécu intime, répondent à l’appel d’autrui et s’inscrivent dans l’échange et la rencontre, qui relient et ne condamnent personne à s’effacer dans les marges du monde.
UtileMots qui tuent, mots qui sauvent, Yvan Mudry, édition Labor& Fides, 2005.