Jacques Chessex au café théologique :La confession de foi de l’écrivain apaisé

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Jacques Chessex au café théologique :La confession de foi de l’écrivain apaisé

23 mars 2005
On attendait l’écrivain, c’est l’homme qui est venu : apaisé, inspiré, d’une simplicité désarmante, Jacques Chessex a témoigné lors du café théologique dont il était l’hôte hier soir à Lausanne, de ce désir de Dieu qui l’habite depuis qu’il est enfant, de la confiance qu’il fait à Celui qui l’habite et lui ôte toute crainte de la mort
Son parler vrai, sa confession de foi aux accents mystiques, la grâce évoquée, héritée d’un séjour très ancien à Fribourg, en ont ébranlé plus d’un, pourtant réticent à sa parole.Jacques Chessex a fait siennes les paroles de Saint Augustin: « Je te cherchais au-dehors et tu étais au-dedans » et en a arpenté la certitude « organique » en présence de l’auditoire fourni du café théologique d’hier soir à Lausanne centré sur son dernier livre, « Le désir de Dieu »*. Une confession de foi inattendue, radicale, étrangère aux conversations philosophiques mondaines, qui a retourné son auditoire et induit un dialogue remarquable. L’écrivain de Ropraz a dit son « extrême plaisir à témoigner ici et maintenant, avant les naufrages éventuels de l’extrême vieillesse », de cette de la transcendance qui le traverse. « Quoi que je fasse, où que je fusse, il y a toujours eu en moi l’état de Dieu et ça ne se discute pas ».

A ceux qui s’étonnent qu’il ose s’arroger le droit de parler de Dieu, Jacques Chessex répond que tout le monde est habilité à en parler et rappelle que les thèmes de ses livres sont tous liés au problème de la foi, au souvenir des Evangiles, à la recherche de la contemplation. Né dans un milieu protestant où on parlait peu des choses de Dieu, il a été en contact avec le sacré par l’entremise de sa grand-mère. Grâce à elle, il a eu le sentiment précoce, extrêmement fort et précis de son attention à Dieu. La grâce à Fribourg Si le pasteur vaudois avec lequel il a confirmé lui a fait connaître « la porte étroite » par son « austérité terrorisante et son sens du péché abordé avec une âcreté et une âpreté sans limite », et de ce fait lui a fait détester une vie spirituelle durement gagnée, il s’est débarrassé de ses « brodequins calvinistes » au Collège St-Michel à Fribourg. Là, il a trouvé « la porte ouverte ». Une révélation qui lui a fait vivre deux années rayonnantes. « J’ai à Fribourg que j’ai découvert ce qu’est la grâce ». Cette grâce lui permet tenir le coup lors de la traversée de « gouffres extraordinairement profonds et de drames lourds à porter ».

Lui arrive-t-il de prier ?, demande quelqu’un dans l’auditoire. « Je ne sais pas prier, avoue-t-il, je connais trop l’ambiguïté des phrases, et de toute façon, Dieu en sait déjà beaucoup plus long sur ce que je veux lui dire. La prière n’est qu’un fragment mensonger de ce qui est digne d’être dit ». Jacques Chessex préfère se ménager régulièrement des moments avec Dieu. De ces méditations, de cette présence qu’il sait en lui, il tire la tranquillité d’affronter les autres et de « protester », c’est-à-dire d’être témoin devant les autres de la présence de Dieu. Il reconnaît qu’il est difficile de témoigner d’une « foi totale et abandonnée ».

Comment reconnaître Dieu en soi ? A la question d’une auditrice, il répond : « Dès qu’il y a amour et pardon, dès qu’il y a tendresse à l’égard de l’autre, à ce moment- là, je sais que ça ne vient pas de moi. La beauté naturelle, l’abandon à l’autre viennent de Dieu ».

Dieu au bistrot de cette manière-là, aussi forte, même un prédicateur ne l’aurait pas osé ! », conclut le pasteur Jean –Daniel Hostettler, qui a animé ce café théologique riche et dense. Le désir de Dieu, Jacques Chessex, éd. Grasset, février 2005.