Régis Debray veut en finir avec « la religion »
19 mai 2005
Le spirituel jouit aujourd’hui d’un fort capital de sympathie, ce qui n’est pas le cas du religieux, encore moins de la religion
Est-ce parce que le spirituel, « c’est du religieux moins les inconvénients » ? En explorateur infatigable du fait religieux, Régis Debray nous propose un petit précis de vocabulaire à l’usage des néophytes dans lequel il tort le cou au mot religion. Piquant d'intelligence.« L’éradication des religions n’éliminerait pas plus le sacré que la dissolution des armées la violence ». Cela tombe sous le sens, quand Régis Debray le formule ainsi. L’auteur du rapport français sur « L’enseignement du fait religieux dans l’école laïque » a le sens des formules qui font mouche. Ce « rationaliste agnostique », -comme il se présente lui-même dans un livre bref et incisif - « Les communions humaines, pour en finir avec la religion », sait trop bien, pour l’avoir étudié depuis vingt-cinq ans, que « le sacré nous colle à la peau et que la peau est ce que nous avons de plus profond ».
Le sacré est un invariant anthropologique. Il peut fort bien nourrir des communions et des émotions civiques, morales, artistiques, où le divin n’a pas part. Aujourd’hui, pour beaucoup, le livre sacré n’est-il pas la Déclaration des Droits de l’Homme ? « Ce n’est pas parce qu’on est athée qu’on est incroyant ». Et l’auteur d’estimer qu’« une humanité sans irréel serait une humanité sans communions, soit une espèce assez proche des chimpanzés et des bonobos ». Régis Debray explique : «Tous les humains sont croyants, pour autant qu’ils se jettent dans l’action en anticipant un avenir. L’incroyance est le luxe des légumes ». Voilà qui est dit. L’Invisible est loin de nous lâcher, prenons-en acte.
Régis Debray rappelle qu’à l’heure du dialogue des religions, il est capital de savoir de quoi il retourne quand on mélange les mots de religion, symbolique, sacré, foi, spirituel ou croyance et qu’on les fourre tous dans le même flou confondant. Un dialogue véritable suppose une entente minimale sur le sens des mots pour éviter des malentendus. Dans son précis, Régis Debray montre à quel point le mot religion, dont la vocation initiale est d’être un moyen de relier et de rallier, est trompeur et qui en fait un bouc émissaire idéal. Il lui préfère le terme de communion, « parce qu’il privilégie la quête de l’autre plutôt que la quête de soi ». UtileRégis Debray, Les communions humaines, pour en finir avec « la religion », éd. Fayard, 2005.
Le sacré est un invariant anthropologique. Il peut fort bien nourrir des communions et des émotions civiques, morales, artistiques, où le divin n’a pas part. Aujourd’hui, pour beaucoup, le livre sacré n’est-il pas la Déclaration des Droits de l’Homme ? « Ce n’est pas parce qu’on est athée qu’on est incroyant ». Et l’auteur d’estimer qu’« une humanité sans irréel serait une humanité sans communions, soit une espèce assez proche des chimpanzés et des bonobos ». Régis Debray explique : «Tous les humains sont croyants, pour autant qu’ils se jettent dans l’action en anticipant un avenir. L’incroyance est le luxe des légumes ». Voilà qui est dit. L’Invisible est loin de nous lâcher, prenons-en acte.
Régis Debray rappelle qu’à l’heure du dialogue des religions, il est capital de savoir de quoi il retourne quand on mélange les mots de religion, symbolique, sacré, foi, spirituel ou croyance et qu’on les fourre tous dans le même flou confondant. Un dialogue véritable suppose une entente minimale sur le sens des mots pour éviter des malentendus. Dans son précis, Régis Debray montre à quel point le mot religion, dont la vocation initiale est d’être un moyen de relier et de rallier, est trompeur et qui en fait un bouc émissaire idéal. Il lui préfère le terme de communion, « parce qu’il privilégie la quête de l’autre plutôt que la quête de soi ». UtileRégis Debray, Les communions humaines, pour en finir avec « la religion », éd. Fayard, 2005.