Petit lexique des hérésies chrétiennes:Au commencement était la diversité

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Petit lexique des hérésies chrétiennes:Au commencement était la diversité

23 août 2005
Dans son « Petit lexique des hérésies chrétiennes », Michel Théron, professeur de littérature, propose un panorama des croyances qui se sont réclamées du christianisme au cours des siècles, des adventistes aux zwingliens
Il rappelle qu’au commencement était la diversité et le foisonnement d’opinions divergentes dont a émergé la religion chrétienne. Ensuite furent promulgués des dogmes qui escamotèrent doutes et hésitations et fixèrent ce qu'il fallait penser. L’auteur privilégie une analyse littéraire des textes évangéliques dont les ambiguïtés et les failles ont permis les lectures les plus contradictoires. On les appelait les bougres, les bons hommes ou les parfaits : Les cathares, férocement persécutés au 13e siècle par un tribunal ecclésiastique tout spécialement créé par l’Inquisition pour extirper l’hérésie cathare, jouissent à l’heure actuelle d’un regain d’intérêt. Plusieurs récentes parutions en témoignent, qui s’attachent à l’histoire cathare. « Leur défaite historique ne signifie pas la défaite de leur pensée », remarque Michel Théron dans son « Petit lexique des hérésies chrétiennes ». L’auteur avance une explication : la pensée cathare est actuelle dans la mesure où elle rejette l’Ancien Testament, avec son Dieu de colère, incompréhensible, capricieux et jaloux. Elle ne se réfère qu’au Nouveau Testament, principalement l’Evangile de Jean. Pour les cathares, rappelle Michel Théron, Dieu s’est retiré du monde à mesure que les hommes se sont détournés de Lui : « Ils affirmaient l’existence en nos vies, une fois désertées ou privées de Dieu, du Néant ou du Rien ». Pour eux, l’enfer était ici bas. Et Michel Théron de méditer : « La seule question qui vaille, est-elle, comme le dit l’évangile gnostique de Thomas, de rester vivant ? Le reste ne nous concerne pas ou échappe à tout savoir ». On retrouve là le ton très personnel de l’auteur dans son précédent ouvrage « La source intérieure », sorte de testament spirituel où il invite ses lecteurs à ne pas être comme « ces étoiles dont la lumière continue de nous parvenir alors qu’elles sont mortes depuis longtemps ».

Ce lexique qui répertorie quelque 200 hérésies, est pour son auteur une manière de rappeler que la diversité est la richesse de la vie, et que l’effervescence intellectuelle a précédé l’instauration de la pensée unique et du prêt à croire. Il s’attache à démontrer que les textes évangéliques eux-mêmes foisonnent d'ambiguïtés, de failles dans lesquelles peuvent s'enraciner les lectures les plus contradictoires.

Au rayon des curiosités historiques recensées par Michel Théron, notons les agaréens, chrétiens dissidents qui se disaient descendants d’Agar, servante de Sarah et mère d’Ismaël ; les collyridiens, hérétiques vivant en Arabie au 4e etau 5e siècle, qui avaient coutume de rendre un culte outré à la Vierge Marie ; les docètes, qui abolirent le scandale de la croix en affirmant que Jésus n’a livré à ses bourreaux qu’un fantôme lui ressemblant, opinion reprise par les gnostiques ; ou encore les flagellants qui, au 13e siècle, étaient convaincus que la fin du monde était proche et que la colère de Dieu allait s’abattre sur les ommes. Cette thèse millénariste a séduit les protestants fondamentalistes américains au début du 20e siècle,qui s'opposent à tout engagement social actif, refusant de se mettre en peine et de se montrer soucieux de l’avenir de la planète, persuadés de l'arrivée imminente du Royaume.

La consultation des rubriques consacrées aux «adventistes aux « anabaptistes », aux « calvinistes, aux « évangélistes" , aux « fondamentalistes » ,aux « orthodoxes », aux « luthériens », aux « pentecôtistes » ou encore aux « témoins de Jéhovah », permet de découvrir la façon dont des mouvements religieux lisent et interprètent aujourd’hui l’Ecriture. Eclairant.