"Déclaration d'insoumission" de Fethi Benslama: La voix des musulmans laïques contre des dogmes archaïques

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"Déclaration d'insoumission" de Fethi Benslama: La voix des musulmans laïques contre des dogmes archaïques

28 septembre 2005
La « Déclaration d’insoumission » de Fethi Benslama, sorti en librairie ces jours-ci, fait entendre la voix des démocrates et des laïques du monde musulman, « pris en tenaille entre la répression des gouvernements tyranniques de leurs pays et les fatwas qui arment les assassins du fascisme islamiste »
Son texte est une réponse à tous ceux qui déplorent que si peu de voix s’élèvent dans le monde musulman pour condamner les délires de l’islamisme. Que de crimes commis au nom de l’islam et de confusion engendrée dans les esprits occidentaux par les violences perpétrées par des fondamentalistes attachés à une conception littérale de la religion, incitant les foules à s’arroger le pouvoir absolu de détruire au nom de Dieu. Le psychanalyste Fethi Benslama, professeur de psychopathologie à Paris, auteur entre autres de « La psychanalyse à l’épreuve de l’islam », s’élève vigoureusement contre ce terrorisme et rappelle que la culture islamique n’a rien à voir avec les imprécations des prédicateurs. « Pourquoi oublie-t-on que l’islam n’est pas seulement le nom d’une religion, mais d’une civilisation, dont l’œuvre a contribué d’une manière marquante à la sécularisation de la raison ? », s’interroge-t-il dans une lettre ouverte au Nouvel Observateur.

Cette déclaration d’insoumission à la « religion de la soumission », écrite à l’instigation des signataires du Manifeste des libertés, croyants ou non, qui luttent pour l’égalité des sexes et des droits, rappelle qu’il y a parmi les musulmans des « chercheurs de liberté » et des laïcs attachés aux droits démocratiques et à la culture de l’islam, qui n’a rien à voir avec la radicalité des extrémistes qui cherchent au contraire, eux, à détruire toute culture au profit d’une religiosité qu’ils veulent étendre à toute la vie grâce à la charia, la « loi divine », et prêchent le retour à la « pureté » des origines, du temps du Prophète et de ses compagnons.

L’auteur s’interroge sur la brèche qui a libéré dans l’aire de l’islam une telle volonté désespérée de détruire et de s’autodétruire. Il cherche à comprendre comment une civilisation peut nourrir de tels démons exterminateurs. Il revient sur l’engrenage fatal qui a entraîné des masses de gens, pour la plupart déshérités, mais pas forcément, à revendiquer leur identité dans un islam ancestral pour se défaire du sentiment d’indignité qui leur colle à la peau. Il y a d’abord le colonialisme, puis la terreur des gouvernements des Etats dits « musulmans », qu’il s’agisse des monarchies féodales ou des pseudo républiques qui ont succédé aux héros de l’émancipation des peuples, qui ont entraîné répression, corruption, accaparement clanique, omnipotence des patriarches et provoqué une immigration massive loin de la misère et de l’injustice économique et sociale. Il en est résulté la perte d’espoir en un avenir possible, notamment chez les jeunes.

Pour sortir l’islam de cette impasse, estime Fethi Benslama, les musulmans doivent avoir le courage de retrouver le libre exercice d’une pensée critique.

Fethi Benslama, Déclaration d’insoumission à l’usage des musulmans et de ceux qui ne le sont pas, éd. Flammarion, 98 pages, août 2005.