Centres sociaux protestants: L’engagement social réformé au risque de la laïcité
7 octobre 2005
Comme l’a rappelé une récente consultation vaudoise, l’action sociale demeure un élément fondateur de l’Eglise réformée plébiscité par la population
Mais comment concilier professionnalisme sur le terrain et attachement à une tradition protestante ? Tentative de réponse avec l’exemple des Centres sociaux protestants. Les résultats du récent sondage commandité par l’Eglise réformée vaudoise (EERV) s’avèrent sans équivoque : Les habitants du canton plébiscitent au premier chef son engagement social. Bien sûr, il existe quelques pasteurs de terrain connus pour leur présence auprès des plus faibles et démunis. On songe à Yann De Haas, qui marqua à Lausanne la
Pastorale des rues de son empreinte. On peut aussi citer le travail de longue date d’un Ernst Sieber auprès des toxicomanes zurichois.
Dans le cadre de la mise en place du nouveau statut des deux Eglises reconnues, l’EERV recevra comme sa consoeur catholique des subventions en lien avec ses tâches. Cela ne concernera pas le Centre social protestant, alors même qu'il symbolise aux yeux de la population la face la plus visible de l’action sociale de l’institution protestante. D’où la question : Au fond, en quoi les CSP se distinguent-ils d’autres organes privés ou publics ? Des positionnements différentsStructurellement, celui de Neuchâtel est demeuré le plus proche de l’Eglise réformée cantonale (EREN) dont il représente l’organe diaconal. « Seul un quart de notre budget est couvert par la subvention de l’EREN. Depuis une quarantaine d’années, le CSP s’est indéniablement marginalisé », explique son directeur. Contrairement à ses deux homologues vaudois et genevois, François Dubois est un pasteur consacré et il a le sentiment de ne pas faire autre chose que ses collègues pasteurs : "prêcher l’amour de Dieu pour tous les êtres humains ». Il aime d’ailleurs bien reprendre à son compte l’image classique du coeur que représente l’Evangile et de ses deux ventricules, la solidarité et la transmission de la foi. Pour autant, François Dubois reconnaît que peu d’usagers du CSP ont réellement conscience de la signification de la dernière lettre, le P de protestant. Et que les employés du CSP sont avant tout des professionnels du social.
A Lausanne, le nouveau directeur Gabriel de Montmollin évoque plutôt une « tradition humaniste » lorsqu’on s’interroge sur le sens du « P ». Théologien mais laïc, contrairement à ses deux prédécesseurs, il ne lui viendrait pas à l’idée, par exemple, d’évoquer dans le cadre de son travail, la figure du Christ. « Et c’est justement parce que nous sommes protestants, soucieux d’universalité et de pluralisme, que nous pouvons proposer une indépendance à la fois vis-à-vis de l’Eglise et de l’Etat », relève-t-il. Si un petit 6% du budget dépend directement de la générosité de l’EERV, « il existe un vrai noyau protestant parmi les 19'000 donateurs ». A bien des égards, Vaud reste une « terre protestante », ce qui expliquerait l’attachement des collaborateurs du CSP à ce « P » désormais davantage culturel que confessionnel.
Les Centres sociaux protestants connaissent donc une vraie tension entre la nécessité de gérer une prise de distance grandissante avec l’Eglise - ce qui sans doute permet, par ailleurs, la reconnaissance de leur professionnalisme - et le danger de perdre la filiation qui les fonde. « Nous ne sommes pas un organe confessionnel, mais nous appartenons à la même histoire », conclut François Dubois. Gabriel de Montmollin note pour sa part que si la foi n’a rien à faire au sein des prestations du CSP vaudois, « quelque part, l’Evangile fonde notre volonté de nous préoccuper gratuitement de chacun, dans la globalité de son être ».
Pastorale des rues de son empreinte. On peut aussi citer le travail de longue date d’un Ernst Sieber auprès des toxicomanes zurichois.
Dans le cadre de la mise en place du nouveau statut des deux Eglises reconnues, l’EERV recevra comme sa consoeur catholique des subventions en lien avec ses tâches. Cela ne concernera pas le Centre social protestant, alors même qu'il symbolise aux yeux de la population la face la plus visible de l’action sociale de l’institution protestante. D’où la question : Au fond, en quoi les CSP se distinguent-ils d’autres organes privés ou publics ? Des positionnements différentsStructurellement, celui de Neuchâtel est demeuré le plus proche de l’Eglise réformée cantonale (EREN) dont il représente l’organe diaconal. « Seul un quart de notre budget est couvert par la subvention de l’EREN. Depuis une quarantaine d’années, le CSP s’est indéniablement marginalisé », explique son directeur. Contrairement à ses deux homologues vaudois et genevois, François Dubois est un pasteur consacré et il a le sentiment de ne pas faire autre chose que ses collègues pasteurs : "prêcher l’amour de Dieu pour tous les êtres humains ». Il aime d’ailleurs bien reprendre à son compte l’image classique du coeur que représente l’Evangile et de ses deux ventricules, la solidarité et la transmission de la foi. Pour autant, François Dubois reconnaît que peu d’usagers du CSP ont réellement conscience de la signification de la dernière lettre, le P de protestant. Et que les employés du CSP sont avant tout des professionnels du social.
A Lausanne, le nouveau directeur Gabriel de Montmollin évoque plutôt une « tradition humaniste » lorsqu’on s’interroge sur le sens du « P ». Théologien mais laïc, contrairement à ses deux prédécesseurs, il ne lui viendrait pas à l’idée, par exemple, d’évoquer dans le cadre de son travail, la figure du Christ. « Et c’est justement parce que nous sommes protestants, soucieux d’universalité et de pluralisme, que nous pouvons proposer une indépendance à la fois vis-à-vis de l’Eglise et de l’Etat », relève-t-il. Si un petit 6% du budget dépend directement de la générosité de l’EERV, « il existe un vrai noyau protestant parmi les 19'000 donateurs ». A bien des égards, Vaud reste une « terre protestante », ce qui expliquerait l’attachement des collaborateurs du CSP à ce « P » désormais davantage culturel que confessionnel.
Les Centres sociaux protestants connaissent donc une vraie tension entre la nécessité de gérer une prise de distance grandissante avec l’Eglise - ce qui sans doute permet, par ailleurs, la reconnaissance de leur professionnalisme - et le danger de perdre la filiation qui les fonde. « Nous ne sommes pas un organe confessionnel, mais nous appartenons à la même histoire », conclut François Dubois. Gabriel de Montmollin note pour sa part que si la foi n’a rien à faire au sein des prestations du CSP vaudois, « quelque part, l’Evangile fonde notre volonté de nous préoccuper gratuitement de chacun, dans la globalité de son être ».