Lancement à Neuchâtel d'une nouvelle revue théologique, "La chair et le souffle"Présence du spirituel au coeur de la vie

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Lancement à Neuchâtel d'une nouvelle revue théologique, "La chair et le souffle"Présence du spirituel au coeur de la vie

24 novembre 2005
Lancement aujourd’hui à Neuchâtel d’une nouvelle revue internationale de théologie et de spiritualité, « La chair et le souffle » par une équipe suisse et canadienne réunie autour de la théologienne Lytta Basset
La publication se veut scientifique mais accessible aux non-initiés, ouverte au débat et porteuse d’une vision du monde auquel on a restitué son unité profonde et sa dimension spirituelle. Une démarche qui a séduit Michel Maxime Egger, diacre orthodoxe qui s’est embarqué dans l'aventure. Interview. Vous faites partie de l'équipe rédactionnelle. Qu'est-ce qui vous a plu dans ce projet ? La nouvelle revue à laquelle je participe, se propose d’être un lieu de réflexion et de diffusion d’une vision ouverte et renouvelée du monde et de l’humain, que chaque lecteur peut s’approprier, d’une mise en réseau de tous ceux qui se posent des questions sur la dimension spirituelle. A mon avis, l’engagement altermondialiste ne suffit pas pour relever les défis gigantesques actuels, qui ne sont pas seulement écologiques, économiques ou sociopolitiques, mais plus fondamentalement d’ordre spirituel. Pour apporter des réponses durables et fécondes, une mutation des consciences et des modes de vie est nécessaire. Elle passe notamment par une redécouverte de l’être humain et du cosmos dans leur dimension la plus intérieure et sacrée. La conception réductrice de l’être humain n’a pas pris en compte la faculté qui nous rend capables de Dieu, qui est le « cœur »profond de la personne. Aujourd’hui, la vision qui prédomine réduit le réel au visible, le visible au matériel, le matériel à l’économique. Cette logique a atteint son point culminant avec la mondialisation et le tout économique. L’être humain a cessé de se voir comme partie d’un tout. Le sociologue Edgar Morin, qui a longtemps cru au pouvoir du politique et des masses pour changer le monde, a récemment révisé sa position. Selon lui, il ne faut pas seulement entreprendre une réforme de la connaissance et de l’intelligence à travers l’élaboration d’une pensée complexe, mais s’engager dans une réforme de l’être, de nous-mêmes.Vous reprenez une phrase de l’économiste français Patrick Viveret, qui écrit dans « Reconsidérer la richesse » que l’humanité est menacée en premier lieu par sa propre « inhumanité ». L’humain, dites-vous, n’a pas voulu ou osé affronter la réalité de ses propres démons intérieurs ?- Les ennemis ne sont pas seulement extérieurs, - l’Organisation Mondiale du Commerce, le Fonds monétaire international, le G-8, le parti adverse, ou tel ou tel leader politique ou économique -, ils sont aussi intérieurs. Comment peut-on prétendre œuvrer pour la paix et le respect de la création, si nous sommes incapables de changer nos relations interpersonnelles et nos pratiques quotidiennes, c’est-à-dire nous transformer nous-mêmes dans le sens d’une relation harmonieuse et pacifiée avec nous-mêmes, avec les autres et la création, en nous libérant notamment des comportements de « prédation-domination » de notre ego. Les quêtes spirituelles personnelles sont-elles le remède aux maux du monde ?Les recherches de sens et les démarches de construction de soi et de développement personnel dans lesquelles tant de gens s’engagent, restent trop souvent au stade individuel ou communautaire, sans véritablement déboucher, ou très rarement, sur une prise en charge responsable et citoyenne du monde. C’est pourquoi il est indispensable d’articuler en profondeur transformation spirituelle et transformation structurelle, cheminement personnel et engagement collectif. Le travail spirituel n’acquiert sa plénitude de sens que s’il s’incarne dans des pratiques équitables et solidaires, des engagements citoyens, de nouveaux modes de vie et de consommation dans la vie quotidienne.