Le catéchisme s’intéresse aux enfants difficiles

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Le catéchisme s’intéresse aux enfants difficiles

14 mars 2006
A Genève, toujours plus de structures accueillent des enfants souffrant de troubles de la personnalité
Anne-Lise Nerfin, pasteur, aimerait que les Eglises s’engagent à ne pas oublier ces jeunes, aujourd’hui bien plus nombreux que les handicapés mentaux.«Nous nous occupons depuis longtemps d’enfants souffrant de handicap mental, par exemple de trisomiques. Mais si l’on consulte les listes du Service médico-pédagogique, il y a toutes sortes d’institutions où l’on ne se rend pas » : Anne-Lise Nerfin, pasteur à la Communauté œcuménique des personnes handicapées et de leurs familles, a été « frappée par l’augmentation des enfants atteints de troubles du comportement, qui n’arrivent jamais à s’intégrer nulle part, caractériels, psychotiques ou autistes, accueillis au sein de structures qui se multiplient car les problèmes sont à chaque fois particuliers ». Or ces enfants, de même que les 700 élèves des classes spéciales installées dans les écoles de quartier et relevant des paroisses, sont l’objet de peu d’attention de la part des Eglises. Ils sont toutefois bien plus nombreux que les jeunes handicapés mentaux.

Mettre sur pied un catéchisme «sur mesure » destiné à de tels enfants nécessite pour Anne-Lise Nerfin, outre de trouver un lieu d’accueil, de former certains parents à le donner, mais aussi de s’entourer de compétences professionnelles permettant de gérer ces troubles. Michèle Bolli, aumônière protestante auprès des mineurs placés dans le canton de Vaud, explique que « si l’institution accepte de nous donner du temps, nous atteignons ces enfants souffrant de troubles de caractère avec une catéchèse adaptée. On peut raconter des histoires de la Bible, mais aussi, avec des adolescents, partir de leurs questions pour traiter un fait divers d’un quotidien », utiliser une vidéo ou un CD-Rom. « Ces jeunes sont plus lents car ils sont freinés par leurs difficultés. Il faut partir de là où ils sont, mais aussi de leurs questionnements pour être efficaces. »

« Ces enfants ont-ils besoin d’une catéchèse spécialisée ou peuvent-ils être intégrés dans un groupe de catéchumènes ordinaire ? Cela peut constituer un enrichissement pour chacun si le pasteur est d’accord et s’il y a un accompagnement adéquat », estime Anne-Marie Kohler, chargée de l’aumônerie des handicapés dans le Jura. « Dans la réflexion de fond que nous mènerons cette année sur les besoins de l’Eglise dans l’arrondissement Berne-Jura, nous nous demanderons si nous devons nous occuper des enfants souffrant de troubles du comportement. Pour le moment, faute de disponibilité, nous ne nous rendons pas dans l’institution de Courtelary qui les héberge », explique-t-elle. Plus globalement, elle s’inquiète des effets des restrictions de postes dans les écoles, qui envoient de nombreux enfants souffrant de troubles du comportement dans des classes pour handicapés mentaux « qui ne sont pas faites pour eux ».

« Il faudrait que les Eglises se posent clairement la question de savoir si elles veulent s’impliquer envers ces enfants difficiles », conclut Anne-Lise Nerfin.