Comment les paroisses réaniment des campagnes qui se meurent

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Comment les paroisses réaniment des campagnes qui se meurent

18 avril 2006
A l’heure où plus de 1500 fermes disparaissent chaque année en Suisse, l’Eglise soutient plusieurs projets pour relancer le développement de zones rurales
De la ligne téléphonique où confier ses tracas au lancement d’un fromage unique, inventaire des solutions présentées le 2 mai prochain à Berne.Pasteur d' Eggiwil dans l’Emmental, à une quinzaine de kilomètres de Langnau, Mark Lauper constate que « sur 2500 paroissiens, près de 1800 sont agriculteurs. Ces familles connaissent beaucoup de problèmes économiques, car elles ne parviennent plus à vivre de l’exploitation de leur domaine ». En Suisse, près de 70% des familles paysannes doivent compléter leur revenu avec une activité accessoire. Cela ne suffit souvent pas, et plus de 1500 fermes doivent cesser leur exploitation chaque année. Décidé à s’impliquer dans des projets de relance concrets, le pasteur Lauper a successivement soutenu la création d’un spectacle avec 238 bénévoles, participé au lancement d’un fromage unique fabriqué par la laiterie du village et intégré de jeunes citadins dans des foyers paysans. Ces exemples, destinés à redonner le courage d’entreprendre, seront présentés lors d’une journée intitulée « Un mode rural en profonde mutation – un défi pour les paroisses », le 2 mai à Berne.

« Le spectacle, qui commémorait la grande guerre des paysans de 1653, a montré à la population que l’on pouvait réaliser quelque chose d’encourageant et a renforcé l’estime de soi des habitants. Toutes les sociétés y participaient et cela a donné un coup de fouet à la région ». Parallèlement, le pasteur Lauper a accompagné le développement d’un fromage frais unique, intitulé « Popcheese », en raison de sa ressemblance avec le popcorn. « C’est un fromage en grains qui ressemble à la poutine, une sorte de cheddar canadien développé au Québec. La laiterie-fromagerie d’Eggiwil le fabrique en exclusivité ». Le dernier projet vise à intégrer des adolescents en difficulté venus des villes auprès de familles d’agriculteurs, qui y gagnent un revenu d’appoint. Une soixantaine de jeunes âgés de 12 à 14 ans ont pu être placés avec l’aide des services sociaux. Le pasteur souhaite développer un service similaire pour les personnes âgées ; l’une d’elles, qui n’avait pas sa place dans un hôpital, réside désormais dans une famille d’agriculteurs. Il aimerait aussi contrer les menaces de fermeture des écoles en organisant des échanges avec des classes urbaines.

Le pasteur Ueli Tobler préside, lui, le « Sorgentelefon », une ligne téléphonique destinée à offrir de l’aide aux familles paysannes se débattant dans des problèmes économiques et familiaux. Au 041.820.02.15, des personnes issues du monde paysan et formées à l’écoute proposent leur assistance spirituelle et fournissent des pistes pour résoudre ces tracas. Actif aussi au sein du groupe « Eglise et agriculture », Ueli Tobler « tente de faire se rencontrer des personnes qui ne se parlent pas » pour influencer la politique agricole dans un sens social et éthique. « Nous emmènerons ainsi des professeurs du World Trade Institute de l’université de Berne visiter des fermes ».

« Au niveau des paroisses, nous devons mener un politique des petits pas », constate Kathrin Günter, présidente du conseil de paroisse d’Oberbalm (BE). Les trois paroisses voisines se sont regroupées suite à la baisse des contributions ecclésiastiques et à la réduction du ministère pastoral. L’édition du journal de paroisse, les cours de formation, le culte régional se font aujourd’hui en commun.Utile « Un monde rural en profonde mutation – un défi pour les paroisses », séminaire organisé par les Eglises réformées Berne-Jura-Soleure et la Commission Eglise et tourisme de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse, mardi 2 mai 2006, de 9h30 à 13h, Centre de congrès BEA, Berne