« Fêter Noël à l’école doit être l’occasion d’un dialogue, pas d’une dispute »
21 décembre 2006
Plusieurs musulmans de Suisse romande engagés dans le dialogue interreligieux justifient qu’un enfant soit dispensé de fête de Noël, « car cela ne fait pas partie de nos rites »
Un arrangement est facile à trouver, soulignent-ils.« Chacun devrait respecter les rites des autres religions » : Mostafa Brahami, auteur de plusieurs livres sur la foi musulmane et actif au sein du centre islamique de Crissier près Renens, enseigne l’économie et le droit dans une école privée. Intéressé par le dialogue interreligieux, il participe aux rencontres organisées par l’Arzillier, maison du dialogue offerte pour la paix entre Eglises, religions et spiritualités à Lausanne, « pour mieux connaître l’autre ». Ses enfants, aujourd’hui grands, n’ont pourtant « jamais participé à une fête de Noël à l’école. Bien que Jésus soit un grand prophète et un exemple à suivre pour les musulmans, toute religion a ses rites propres, et Noël est un rite religieux purement chrétien. Personnellement, je n’y prendrai jamais part, tout comme je ne saurais demander à un Chrétien de participer au Ramadan. » Les maîtres de classes ont accepté sans problème de dispenser ses enfants de cette fête, souligne-t-il, « c’est un bon arrangement ».
De même, Rachid Sahingöz, ancien directeur du centre turc d’Ecublens, est « allé voir le directeur ou le prof de classe lorsque mon enfant était petit pour s’excuser de ne pas participer à la fête de Noël. Ce n’est pas notre fête, pas notre culture car les enfants vivent l’islam à la maison. On a toujours trouvé un arrangement. ». Pas question pour autant de bannir Noël des écoles: « Nous sommes pour la liberté, c’est tout à fait normal de respecter cette fête chrétienne, comme on a toléré que nous fêtions le Ramadan ». Aissa Safwa, membre du groupe « Musulmans et chrétiens pour le dialogue et l’amitié », qui se réunit tous les deux ou trois mois à l’Arzillier, effectue aussi des visites des lieux de culte chrétiens et musulman, en compagnie des écoles du quartier de Prélaz. Elle constate qu’ « il est vrai qu’il existe un malaise dans certaines familles, qui sont gênées depuis des années non par la célébration de Noël, mais par la répétition des préparatifs qui durent tout un mois. C’est trop pour certains, car les informations sur la naissance de Jésus, sur sa mort et sa résurrection entrent en contradiction avec ce que l’on enseigne à la maison. Toutefois, les enseignants sont ouverts au dialogue et on arrive à trouver un compromis ».
Vice-président de l’Amical Swiss-Muslim, active principalement à Lausanne et Neuchâtel et qui réunit une majorité de Suisses convertis à l’islam, mais également des musulmans souhaitant s’établir en Suisse, Jérôme Michel « préfèrerait que sa fille ne fête pas Noël en classe, car une fête religieuse n’a rien à faire à l’école. Puisqu’on dit que l’école est laïque, elle devrait l’être aussi sur ce plan là et ne pas imposer d’arbre ou des chants de Noël ». Sinon, toute autre communauté pourrait exiger de célébrer ses propres rites, estime-t-il. « Cela ne me gêne pas que nos enfants participent aux fêtes de Noël, mais l’enseignant doit être objectif et dire que dans la conception musulmane, Jésus est un prophète, et non le fils de Dieu. Il devrait, pour être objectif, aussi parler des fêtes musulmanes et parler sans prosélytisme », modère Mostari ben Nasr, chercheur en sciences religieuses qui intervient dans les écoles à la demande de parents ou de l’école lorsque des problèmes se posent.
Enfin, il existe aussi des musulmans qui ne « voient tout simplement pas le problème. Quand on est accueilli dans un pays, c’est la moindre des choses que d’accepter ses traditions », estime Saïd Kaoutli, un soufi marié à une Suissesse qui vit à Fribourg. « Je pense que les citations religieuses que l’on trouve sur certains sites, tel celui du Centre islamique de Neuchâtel, qui condamnent la participation aux arbres de Noël ont été mal comprises ou sorties de leur contexte ». Pour l’égyptien Abd Elhalim Obeyda, « il était normal que mes enfants assistent à Noël avec leurs camarades. Si on croit à tout le livre saint, on croit aussi au prophète Jésus ! ». « Il ne faut pas nier l’activisme religieux de certains, tempère Driss Semlali qui préside l’association culturelle Orient-Occident pour le rapprochement arabo-suisse. « J’ai des amis à Lausanne et à Vevey qui interdisent à leurs enfants d’aller à ces fêtes, mais ils ne souhaitent pas en parler. C’est toutefois un débat qui existe et qui va augmenter ces prochaines années. Raison pour laquelle mon association souhaite inviter les responsables des centres islamiques à un dialogue traitant de ces questions l’an prochain. »
De même, Rachid Sahingöz, ancien directeur du centre turc d’Ecublens, est « allé voir le directeur ou le prof de classe lorsque mon enfant était petit pour s’excuser de ne pas participer à la fête de Noël. Ce n’est pas notre fête, pas notre culture car les enfants vivent l’islam à la maison. On a toujours trouvé un arrangement. ». Pas question pour autant de bannir Noël des écoles: « Nous sommes pour la liberté, c’est tout à fait normal de respecter cette fête chrétienne, comme on a toléré que nous fêtions le Ramadan ». Aissa Safwa, membre du groupe « Musulmans et chrétiens pour le dialogue et l’amitié », qui se réunit tous les deux ou trois mois à l’Arzillier, effectue aussi des visites des lieux de culte chrétiens et musulman, en compagnie des écoles du quartier de Prélaz. Elle constate qu’ « il est vrai qu’il existe un malaise dans certaines familles, qui sont gênées depuis des années non par la célébration de Noël, mais par la répétition des préparatifs qui durent tout un mois. C’est trop pour certains, car les informations sur la naissance de Jésus, sur sa mort et sa résurrection entrent en contradiction avec ce que l’on enseigne à la maison. Toutefois, les enseignants sont ouverts au dialogue et on arrive à trouver un compromis ».
Vice-président de l’Amical Swiss-Muslim, active principalement à Lausanne et Neuchâtel et qui réunit une majorité de Suisses convertis à l’islam, mais également des musulmans souhaitant s’établir en Suisse, Jérôme Michel « préfèrerait que sa fille ne fête pas Noël en classe, car une fête religieuse n’a rien à faire à l’école. Puisqu’on dit que l’école est laïque, elle devrait l’être aussi sur ce plan là et ne pas imposer d’arbre ou des chants de Noël ». Sinon, toute autre communauté pourrait exiger de célébrer ses propres rites, estime-t-il. « Cela ne me gêne pas que nos enfants participent aux fêtes de Noël, mais l’enseignant doit être objectif et dire que dans la conception musulmane, Jésus est un prophète, et non le fils de Dieu. Il devrait, pour être objectif, aussi parler des fêtes musulmanes et parler sans prosélytisme », modère Mostari ben Nasr, chercheur en sciences religieuses qui intervient dans les écoles à la demande de parents ou de l’école lorsque des problèmes se posent.
Enfin, il existe aussi des musulmans qui ne « voient tout simplement pas le problème. Quand on est accueilli dans un pays, c’est la moindre des choses que d’accepter ses traditions », estime Saïd Kaoutli, un soufi marié à une Suissesse qui vit à Fribourg. « Je pense que les citations religieuses que l’on trouve sur certains sites, tel celui du Centre islamique de Neuchâtel, qui condamnent la participation aux arbres de Noël ont été mal comprises ou sorties de leur contexte ». Pour l’égyptien Abd Elhalim Obeyda, « il était normal que mes enfants assistent à Noël avec leurs camarades. Si on croit à tout le livre saint, on croit aussi au prophète Jésus ! ». « Il ne faut pas nier l’activisme religieux de certains, tempère Driss Semlali qui préside l’association culturelle Orient-Occident pour le rapprochement arabo-suisse. « J’ai des amis à Lausanne et à Vevey qui interdisent à leurs enfants d’aller à ces fêtes, mais ils ne souhaitent pas en parler. C’est toutefois un débat qui existe et qui va augmenter ces prochaines années. Raison pour laquelle mon association souhaite inviter les responsables des centres islamiques à un dialogue traitant de ces questions l’an prochain. »