Bilan du Forum social mondial de Nairobi : « l’Afrique se réveille »
30 janvier 2007
Les parlementaires Luc Recordon (Les Verts, VD), Liliane Maury Pasquier et Carlo Sommaruga (Soc
, GE) tirent un bilan positif du premier forum organisé en Afrique, où ils se sont rendus. Même si le coût de participation a retenu certains Africains, « c’est la première fois que cette réunion était vraiment mondiale », commente la conseillère nationale socialiste.Qu’il n’y ait eu que 50'000 participants au lieu des quelque 100'000 attendus au Forum social mondial de Nairobi (Kenya), qui s’est terminé le 25 janvier, n’étonne pas l’écologiste vaudois Luc Recordon : « Les prix de participation étaient de 100 dollars pour un Européen et de 10 dollars pour un Africain ; mais même baissé à 1 dollar, ce prix était encore trop élevé pour certains ». Ce Forum se veut un contre-projet clair au Forum économique mondial de Davos, où se rencontrent les plus grands dirigeants de l’économie mondiale. Pour le socialiste genevois Carlo Sommargua, « ce fut une erreur d’appréciation de partir des 120'000 personnes présentes à Porto Alegre en 2005, et d’attendre en Afrique la même participation. Cela n’a pas été le cas car, sur ce continent, le mouvement social a une histoire assez courte et est encore en voie de constitution. ». Un double défi et une double difficulté à surmonter, juge sa collègue de parti Liliane Maury Pasquier : « Pour venir du Congo, il faut se déplacer en avion. Certains n’en ont tout simplement pas eu les moyens ». Tous notent cependant la participation de ressortissants de tous les pays d’Afrique : « Pour la première fois, ce Forum était vraiment mondial », se réjouit la socialiste genevoise.
La communauté d’œuvres d’entraide Alliance Sud a contribué à la fondation de la branche africaine de Tax Justice Network, un réseau international qui lutte en faveur de l’équité fiscale. Elle devra renforcer les recherches documentaires en Afrique avant d’attirer l’attention sur les conséquences de la fraude fiscale pour les pays pauvres et sur la responsabilité des grandes entreprises et des places financières dans la corruption qui frappe ce continent. « J’ai participé, parallèlement au Forum, à un vif débat sur ce thème entre membres du Parti vert européen », raconte Luc Recordon. « Comment éviter que l’argent du pétrole, au Nigéria, ne profite pas à la population et soit mal géré par les autorités ? Il n’existe pas de conclusion définitive. Un participant nigérian nous invitait à faire pression sur nos gouvernements, mais l’affaire Abacha (du nom de l’ancien président Sani Abacha, affaire qui s’est terminée par une transaction, ndlr.) a montré que l’on peut agir si les Africains nous donnent des informations internes. Le problème est d’assurer la sécurité des dénonciateurs. On pourrait imaginer la constitution, sur place, d’une brigade financière efficace, permettant de traquer les fraudeurs et de les condamner. » Pour le député, il faut aussi se soucier des paradis fiscaux de Jersey-Guernesey, Gibraltar et autres petites places financières décentralisées dépendant des Etats-Unis et de Londres, « sur lesquelles on a moins de prise ».
Autre question : savoir s’il convient d’acheter, en Suisse, des roses Max Havelaar, produites au Kenya a soulevé des doutes chez Liliane Maury Pasquier et Carlo Sommaruga, membres du PS qui participe à la campagne internationale « un travail décent pour une vie décente ». « Je pensais trouver sur place de quoi rassurer mes préoccupations et cela ne fut pas le cas. C’est très bien d’avoir des exigences sur le plan de l’emploi, mais en termes de développement durable cette production de masse n’est pas défendable », juge la socialiste. « Quand on pense à ce label, on pense aux salaires majorés versés à des petits producteurs », poursuit son collègue de parti, « mais la production de fleurs exige de grandes entreprises. La prime pour le commerce équitable va dans un fonds géré par les ouvriers et l’entreprise. Elle sert à instaurer une banque de microcrédit, ou à bâtir une passerelle raccourcissant le chemin du travail. Je ne suis pas convaincu par ce label appliqué à la production de fleurs, surtout si l’on pense que, les plantes étant essentiellement constituées d’eau, une tonne de fleurs quittant l’Afrique représente 950kg d’eau qui sont importés en Suisse par avion. ».
Même si elle déplore que « la majorité des hommes de la délégation suisse ait manqué d’intérêt pour les projets de soutien aux femmes africaines présentés, alors que ces questions concernent la société tout entière », Liliane Maury Pasquier juge que ce Forum a donné un « élan au mouvement social africain ». « Mon sentiment est que l’Afrique se réveille », approuve Luc Recordon. « Qu’il s’agisse de problèmes d’eau, de logement, de travail, une même stratégie est en marche », conclut Carlo Sommaruga.
La communauté d’œuvres d’entraide Alliance Sud a contribué à la fondation de la branche africaine de Tax Justice Network, un réseau international qui lutte en faveur de l’équité fiscale. Elle devra renforcer les recherches documentaires en Afrique avant d’attirer l’attention sur les conséquences de la fraude fiscale pour les pays pauvres et sur la responsabilité des grandes entreprises et des places financières dans la corruption qui frappe ce continent. « J’ai participé, parallèlement au Forum, à un vif débat sur ce thème entre membres du Parti vert européen », raconte Luc Recordon. « Comment éviter que l’argent du pétrole, au Nigéria, ne profite pas à la population et soit mal géré par les autorités ? Il n’existe pas de conclusion définitive. Un participant nigérian nous invitait à faire pression sur nos gouvernements, mais l’affaire Abacha (du nom de l’ancien président Sani Abacha, affaire qui s’est terminée par une transaction, ndlr.) a montré que l’on peut agir si les Africains nous donnent des informations internes. Le problème est d’assurer la sécurité des dénonciateurs. On pourrait imaginer la constitution, sur place, d’une brigade financière efficace, permettant de traquer les fraudeurs et de les condamner. » Pour le député, il faut aussi se soucier des paradis fiscaux de Jersey-Guernesey, Gibraltar et autres petites places financières décentralisées dépendant des Etats-Unis et de Londres, « sur lesquelles on a moins de prise ».
Autre question : savoir s’il convient d’acheter, en Suisse, des roses Max Havelaar, produites au Kenya a soulevé des doutes chez Liliane Maury Pasquier et Carlo Sommaruga, membres du PS qui participe à la campagne internationale « un travail décent pour une vie décente ». « Je pensais trouver sur place de quoi rassurer mes préoccupations et cela ne fut pas le cas. C’est très bien d’avoir des exigences sur le plan de l’emploi, mais en termes de développement durable cette production de masse n’est pas défendable », juge la socialiste. « Quand on pense à ce label, on pense aux salaires majorés versés à des petits producteurs », poursuit son collègue de parti, « mais la production de fleurs exige de grandes entreprises. La prime pour le commerce équitable va dans un fonds géré par les ouvriers et l’entreprise. Elle sert à instaurer une banque de microcrédit, ou à bâtir une passerelle raccourcissant le chemin du travail. Je ne suis pas convaincu par ce label appliqué à la production de fleurs, surtout si l’on pense que, les plantes étant essentiellement constituées d’eau, une tonne de fleurs quittant l’Afrique représente 950kg d’eau qui sont importés en Suisse par avion. ».
Même si elle déplore que « la majorité des hommes de la délégation suisse ait manqué d’intérêt pour les projets de soutien aux femmes africaines présentés, alors que ces questions concernent la société tout entière », Liliane Maury Pasquier juge que ce Forum a donné un « élan au mouvement social africain ». « Mon sentiment est que l’Afrique se réveille », approuve Luc Recordon. « Qu’il s’agisse de problèmes d’eau, de logement, de travail, une même stratégie est en marche », conclut Carlo Sommaruga.