Les Eglises vaudoises auront dix millions pour leurs missions en commun

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Les Eglises vaudoises auront dix millions pour leurs missions en commun

30 avril 2007
Les conventions de subventionnement signées lundi entre le canton de Vaud, l’Eglise évangélique réformée (EERV) et la Fédération ecclésiastique catholique romaine (FEDEC) portent la marque d’un déséquilibre budgétaire historique, en allouant 34,4 millions à l’EERV et 23,6 millions à la FEDEC
Sur ces montants, une somme de dix millions sera réservée pour leurs missions en commun.« L’Etat fait confiance, étant donné qu’il y aura un contrôle a posteriori des subventions attribuées » : Eric Golaz, chef du service des communes et relations institutionnelles, donne le ton des conventions de subventionnement entre le canton de Vaud et les Eglises qui ont été signées hier lundi. Ces accords financiers inaugurent un nouveau mode de financement des Eglises et communautés religieuses, puisque l’Etat versera des subventions en contrepartie de prestations destinées à la population. La communauté israélite se rattache à ce processus en participant aux activités communes des deux Eglises : « C’est un signe fort, symboliquement, puisque le poste à plein temps dont bénéficiera la communauté israélite a été pris sur les moyens propres des deux Eglises. Nous sommes très heureux de cette intégration, nécessaire à l’heure où, selon certaines sources, l’antisémitisme marque 10% de la population suisse », explique le pasteur Antoine Reymond, porte-parole de l’EERV. Un demi-poste, dont la responsabilité a été confiée au rabbin Alain Nacache, sera consacré au dialogue interreligieux (Maison du dialogue de l’Arzillier, commissions judéo-chrétiennes, conférences), alors qu’une personne en cours d’engagement et venue du Canada assumera l’autre demi-poste, consacré à l’aumônerie des gymnases et des Hautes Ecoles.

Les documents signés par Jean-Claude Mermoud, chef du Département des institutions et relations extérieures, pour l’Etat de Vaud, Henri Chabloz et Anne-Claude Neukomm, président et vice-présidente du Conseil synodal de l’EERV, Jean-Marie Brandt et Jean-Philippe Gogniat, président et secrétaire général de la FEDEC-VD, ainsi que Pierre Ezri et Marcel Cohen-Dumani, président d’honneur et vice-président de la Communauté israélite de Lausanne et du canton de Vaud (CILV), permettront aux Eglises et communautés religieuses d’assumer leurs missions au service de tous les habitants. Ils précisent les activités des Eglises en 2007 et 2008 pour lesquelles l’Etat alloue des ressources et le contrôle de l’utilisation des moyens accordés ; leur validité est limités à deux ans. Pour tenir compte d’un déséquilibre historique entre l’Eglise protestante, qui a perdu récemment son statut d’Eglise nationale, et l’Eglise catholique romaine, les moyens alloués favorisent encore nettement l’EERV (34,4 millions contre 23,6 pour la FEDEC-VD). Sur ces montants, une somme de dix millions, répartie à égalité entre l’EERV et la FEDEC-VD, sera destinée aux missions exercées en commun.

Le nouveau statut d’institutions de droit public des Eglises, issu de la Constitution vaudoise et des lois votées en janvier 2007, leur imposent désormais un financement de l’Etat exclusivement sous forme de subvention. « Nous sommes une des premières institutions soumises à la nouvelle loi vaudoise sur les subventions », qui implique un contrôle accru des fonds versés, souligne Antoine Reymond. Il s’agira de définir les missions et les domaines d’activité des Eglises, les coûts salariaux mais aussi les indicateurs permettant une vision évolutive des besoins : « Nous sommes attachés à la simplicité et ne voulons pas de Tarmed religieux », rassure le pasteur Reymond. Un rapport d’activités permettra de rendre compte à l’Etat de la structure budgétaire et des forces consacrées aux différents domaines, à l’aide d’exemples, en dépit des difficultés de l’exercice : « Un enterrement, on sait le temps que cela prend. Mais comment évaluer les heures consacrées à l’aumônerie de rue ? C’est plus difficile à cerner. »

Un document annexe aux conventions décrit les activités qui seront exercées en commun : les Eglises devront annoncer l’Evangile et pratiquer une « pastorale de proximité ouverte à tous », assurer une présence auprès de personnes exclues, marginalisées ou souffrantes, mettre en œuvre le dialogue œcuménique et offrir des prestations à divers publics. En juin, les Eglises devraient nommer un conseil de coordination des missions en commun qui élaborera leur contrôle. « Je vois deux domaines où nous pourrions travailler mieux ensemble : les « nouvelles précarités », soit les personnes démunies de tout car elles ont passé au travers des mailles du filet social, et la formation des adultes », conclut le pasteur Reymond. Le rapprochement budgétaire entre l’EERV et la FEDEC-VD devrait prendre encore plusieurs années ; le renouvellement des conventions signées aujourd’hui pour une durée de cinq ans, de 2009 à 2013, pourrait être l’occasion d’un progrès dans la recherche d’un nouvel équilibre financier.