Eglise réformée évangélique de Neuchâtel (EREN): Pourquoi certains rites passent à la trappe

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Eglise réformée évangélique de Neuchâtel (EREN): Pourquoi certains rites passent à la trappe

26 novembre 2007
Les rites dans l’Eglise protestante neuchâteloise (EREN) ont tendance à disparaître
La confirmation a été remplacée par une fête de fin de catéchisme, le baptême, selon un article signé du pasteur Fabrice Demarle dans le mensuel « La Vie Protestante (NE), « ça sert à rien ». Et pourtant, les gens n’ont jamais eu autant besoin de rites. Interview pour comprendre.

« Il ne s’agit pas de supprimer les rites mais de les réinvestir autrement, dans un souci de vérité », explique l’ancien responsable des activités jeunesse de la paroisse du Joran (NE), Fabrice Demarle, qui précise que les rites ne doivent pas encourager le recours à la pensée magique et à la superstition, mais qu’ils rappellent l’amour de Dieu, donné une fois pour toutes chacun, tel qu’il est. Un amour qu’on n’a pas besoin de confirmer mais de vivre dans sa vie de tous les jours.

Pourquoi avoir supprimé la confirmation au profit d’une fête ? N’était-elle pas un rituel de passage qui structure les différents âges de la vie ?

Les rites chrétiens sont faits pour exprimer l’amour de Dieu pour chacun, sans discernement. Ils rappellent la grâce qui est donnée à chacun, tel qu’il est. Pas besoin de confirmer cet amour donné par Dieu. La célébration de fin de catéchisme rappelle simplement que les jeunes sont aimés et acceptés par Dieu. Se savoir aimé peut avoir un fort impact sur leur vie à venir. Je ne sais pas vraiment si je crois, ou ce que je crois, mais j’aime savoir que je suis importante pour Dieu », m’a confié cette jeune fille à la fin de sa formation catéchétique. Les rites ne doivent pas impliquer une exclusion. Pas question, à la fin du catéchisme, de faire un tri entre les jeunes qui sont baptisés et ceux qui ne le sont pas, entre ceux qui sont en pleine recherche spirituelle, ou qui ne se sentent pas prêts à s’engager, et ceux qui ont trouvé une réponse à leur questionnement ou expriment clairement leur foi.

La confirmation, telle qu’elle était envisagée autrefois, mettait le jeune, à la fin de son catéchisme, devant un choix à faire. Ce n’est plus le cas aujourd’hui ?

On lui demandait une certaine confession de foi, on exerçait sur lui une sorte de pression. Dans sa réflexion à propos de la catéchèse des jeunes, l’Eglise protestante neuchâteloise a manifesté sa volonté de ne pas faire de la confirmation un lieu d’hypocrisie et de mensonge, mais une invitation à une quête de vérité à travers une pédagogie vécue de la grâce. Le catéchisme est devenu le lieu d’apprentissage d’un questionnement personnel. La confirmation, pour certains ministres, constituait une pierre d’achoppement. On sait à quel point les protestants tiennent à la liberté d’interprétation des textes bibliques, ce qui amenait chacun à faire ce qu’il voulait dans son coin ; certains pasteurs confirmaient, d’autres pas. La réflexion menée par l’EREN a sensibilité chacun à la question et convaincu qu’il fallait rechercher une plus grande cohérence et unir ses forces créatives. Un des résultats de cette réflexion commune a abouti au choix d’une fête de fin de catéchisme, qui garde toutefois l’aspect d’une bénédiction.

Que signifie désormais la fête de fin de catéchisme ?

Cette fête valorise la vie communautaire et l’importance de la relation à l’autre, que les jeunes ont expérimentées à travers des camps, qui font partie intégrante de leur formation catéchétique. Elle reconnaît leur formation religieuse, qui a eu pour but de leur monter la pertinence de l’Evangile pour leur propre existence, à savoir comment la Parole peut les interpeller dans leur vie quotidienne. On a passé d’un rite rassurant à un rite motivant, qui invite le jeune à un processus qui lui permette de se positionner véritablement.

Vous dites que le baptême, ça sert à rien ,dans un article du numéro de novembre de la Vie Protestante neuchâteloise.

Pour participer à la Cène, il faut être baptisé. Selon que l’on est baptisé ou non, on peut participer ou non à la Sainte Cène. Se sentir partie prenante ou exclu d’une communauté, au-delà de la compréhension théologique de la présence du Christ, c’est déjà vivre ou non l’accueil gratuit de Dieu. Cette réflexion, largement partagée dans l’EREN, a motivé la décision de convier à la table de communion baptisés tout le monde,baptisés et non baptisés. En ce sens, le baptême n’est pas pas le passage obligé pour avoir la confirmation de l’amour de Dieu.