Les grands magasins snobent la Bible à 2fr.50
10 janvier 2008
La Bible au prix d’un café se vend comme des petits pains
Mais pas dans les grandes surfaces. Notre enquête.La Bible avec le texte complet dans une traduction récente, une introduction et des cartes géographiques, le tout pour 2 fr. 50, qui dit mieux? En trois mois, plus de 500’000 exemplaires de la Bible à 2 fr. 50 ont été vendus dans le monde francophone. Jean-Pierre Bezin, éditeur et directeur de la Société biblique de Genève, prévoit un nouveau tirage de 200’000 exemplaires en ce début d’année. «La première édition de 350’000 exemplaires était en rupture de stock après un mois et demi. La deuxième édition est bientôt épuisée», explique-t-il. Une bonne moitié de ces Bibles ont trouvé preneur en Afrique.
Un succès dont l’éditeur se réjouit, malgré les critiques et les aléas. Les critiques sont venues d’autres éditeurs qui accusaient le Société biblique de Genève de casser les prix. «Nous ouvrons au contraire le marché à des personnes qui ne lisaient pas la Bible jusqu’ici, répond Jean-Pierre Bezin. Des librairies ont mis la Bible à 2 fr.50 en vitrine. Des gens qui n’y entraient jamais sont venus l’acheter. Cela valide notre initiative. Notre nouvelle traduction a demandé douze ans de travail, en reprenant la Bible de Louis Segond à partir des textes originaux hébreux et grecs. Nous faisons partie du Réseau évangélique, ici en Suisse romande, et nous éditons différents modèles de bibles. Notre préoccupation est qu’elles se vendent. Un lecteur qui veut persévérer ne va pas s’arrêter à cette édition. Il va s’en procurer une autre».
Parmi les aléas, la réticence des grandes surfaces en Suisse romande. «Nous avons été déçus», reconnaît l’éditeur. En France, de grandes chaînes comme Auchan, Cora et Leclerc ont mis l’ouvrage dans leur assortiment: résultat, 20’000 exemplaires distribués. Comment s’explique le refus des chaînes de magasins Coop, Migros, Manor ou Naville?
«Nous avions une autre édition de la Bible dans notre assortiment, se souvient Martina Bosshard, porte-parole de la Migros. Mais les ventes ont diminué et nous ne la tenons plus. Nous n’avons pas beaucoup de livres et n’avons pas retenu cette version. Ce n’est pas une décision philosophique. C’est une question de vente". Même son de cloche à l’Office du Livre à Fribourg, qui fournit les kiosques Naville: «Ce n’est pas un choix politique ou qui touche à la religion, note une responsable. C’est un choix logistique. La marge restante avec un livre si bon marché est presque inexistante». «Coop n’a pas de livres religieux dans son assortiment, note de son côté Takashi Sugimoto, porte-parole de la chaîne. Notre choix restreint se concentre sur des livres de poche et des best-sellers.» Chez Manor, Elle Steinbrecher précise que la chaîne ne vend que des bibles pour enfants, autour de Noël et de Pâques: «Notre prédilection n’est pas la vente de livres religieux. Mais Manor vend aussi des ouvrages plus philosophiques, ou des beaux livres, qui ont parfois un lien avec la religion.»
A défaut d’avoir trouvé sa place dans les grands magasins, la Bible à 2 fr.50 se trouve donc en librairie. «L’ouvrage se vend bien, on nous le demande beaucoup, confirme Marcel Weber, responsable du rayon religieux à la librairie Payot à Lausanne. Certes, d’un point de vue économique, vu le prix modique, l’affaire n’est pas des plus lucratives, mais notre vocation est de servir les clients». En trois mois, la librairie évangélique lausannoise Le Cep en a vendu plus de mille exemplaires. Un vrai best-seller. «A ce prix-là, les gens en prennent plusieurs et les distribuent autour d’eux», note Jean-Paul Blairy, gérant du Cep depuis huit ans. Mais ce succès ne masque pas une certaine inquiétude: «Il existe un grand nombre de versions de la Bible en français, note le libraire. Rien que pour la Bible de Louis Segond, depuis la révision de 1910, nous en sommes à la cinquième version. Je crains qu’il n’y ait un phénomène de saturation.»
Reste le mystère d’un prix si bas pour un livre soigné de 822 pages. «Il n’y a pas de secret, répond l’éditeur. Nous avons choisi une mise en page compacte pour optimiser le nombre de pages. Nous avons réduit le prix de revient, ce qui permet d’équilibrer les coûts de distribution. Nos concurrents pourraient faire la même chose». Après avoir rouspété, d’autres éditeurs de la Bible vont d’ailleurs emboîter le pas. La Société biblique française lance en ce début d’année la Bible en français fondamental à 3 euros.
Un succès dont l’éditeur se réjouit, malgré les critiques et les aléas. Les critiques sont venues d’autres éditeurs qui accusaient le Société biblique de Genève de casser les prix. «Nous ouvrons au contraire le marché à des personnes qui ne lisaient pas la Bible jusqu’ici, répond Jean-Pierre Bezin. Des librairies ont mis la Bible à 2 fr.50 en vitrine. Des gens qui n’y entraient jamais sont venus l’acheter. Cela valide notre initiative. Notre nouvelle traduction a demandé douze ans de travail, en reprenant la Bible de Louis Segond à partir des textes originaux hébreux et grecs. Nous faisons partie du Réseau évangélique, ici en Suisse romande, et nous éditons différents modèles de bibles. Notre préoccupation est qu’elles se vendent. Un lecteur qui veut persévérer ne va pas s’arrêter à cette édition. Il va s’en procurer une autre».
Parmi les aléas, la réticence des grandes surfaces en Suisse romande. «Nous avons été déçus», reconnaît l’éditeur. En France, de grandes chaînes comme Auchan, Cora et Leclerc ont mis l’ouvrage dans leur assortiment: résultat, 20’000 exemplaires distribués. Comment s’explique le refus des chaînes de magasins Coop, Migros, Manor ou Naville?
«Nous avions une autre édition de la Bible dans notre assortiment, se souvient Martina Bosshard, porte-parole de la Migros. Mais les ventes ont diminué et nous ne la tenons plus. Nous n’avons pas beaucoup de livres et n’avons pas retenu cette version. Ce n’est pas une décision philosophique. C’est une question de vente". Même son de cloche à l’Office du Livre à Fribourg, qui fournit les kiosques Naville: «Ce n’est pas un choix politique ou qui touche à la religion, note une responsable. C’est un choix logistique. La marge restante avec un livre si bon marché est presque inexistante». «Coop n’a pas de livres religieux dans son assortiment, note de son côté Takashi Sugimoto, porte-parole de la chaîne. Notre choix restreint se concentre sur des livres de poche et des best-sellers.» Chez Manor, Elle Steinbrecher précise que la chaîne ne vend que des bibles pour enfants, autour de Noël et de Pâques: «Notre prédilection n’est pas la vente de livres religieux. Mais Manor vend aussi des ouvrages plus philosophiques, ou des beaux livres, qui ont parfois un lien avec la religion.»
A défaut d’avoir trouvé sa place dans les grands magasins, la Bible à 2 fr.50 se trouve donc en librairie. «L’ouvrage se vend bien, on nous le demande beaucoup, confirme Marcel Weber, responsable du rayon religieux à la librairie Payot à Lausanne. Certes, d’un point de vue économique, vu le prix modique, l’affaire n’est pas des plus lucratives, mais notre vocation est de servir les clients». En trois mois, la librairie évangélique lausannoise Le Cep en a vendu plus de mille exemplaires. Un vrai best-seller. «A ce prix-là, les gens en prennent plusieurs et les distribuent autour d’eux», note Jean-Paul Blairy, gérant du Cep depuis huit ans. Mais ce succès ne masque pas une certaine inquiétude: «Il existe un grand nombre de versions de la Bible en français, note le libraire. Rien que pour la Bible de Louis Segond, depuis la révision de 1910, nous en sommes à la cinquième version. Je crains qu’il n’y ait un phénomène de saturation.»
Reste le mystère d’un prix si bas pour un livre soigné de 822 pages. «Il n’y a pas de secret, répond l’éditeur. Nous avons choisi une mise en page compacte pour optimiser le nombre de pages. Nous avons réduit le prix de revient, ce qui permet d’équilibrer les coûts de distribution. Nos concurrents pourraient faire la même chose». Après avoir rouspété, d’autres éditeurs de la Bible vont d’ailleurs emboîter le pas. La Société biblique française lance en ce début d’année la Bible en français fondamental à 3 euros.