Le théologien lausannois Bernard Reymond revisite le cheminement spirituel de Robinson Crusoé

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Le théologien lausannois Bernard Reymond revisite le cheminement spirituel de Robinson Crusoé

21 janvier 2008
Professeur honoraire de théologie, le Lausannois Bernard Reymond prête sa plume à Robinson Crusoé dans un petit livre qui vient de sortir en librairie, « Le ciel vu de mon île déserte »
Il restitue au personnage la quête intérieure que Daniel Defoe lui a prêté dans son roman, que les versions abrégées du célèbre roman ont souvent soigneusement escamotées. C’est grâce au Robinson Crusoé, campé par l’acteur Pierre Richard dans le film de Thierry Chabert, que Bernard Reymond, professeur honoraire de théologie, s’est empressé de lire les quelque 850 pages de la version intégrale du roman de Daniel Defoe. Il y découvre avec étonnement non seulement toute une réflexion sur Dieu et la divine Providence, mais aussi le cheminement spirituel du héros que les versions raccourcies, proposées au grand public, ont escamotés.

Piqué au jeu, le théologien lausannois décide de prêter sa plume à Robinson, ce « protestant pur sucre» du début du 18e siècle qui a marqué l’imaginaire occidental, et de restituer sa quête intérieure. Il va plus loin. Il imagine le regard que Robinson pose aujourd’hui sur notre société. Un tour de passe-passe que Bernard Reymond estime tout à fait plausible, dans la mesure où les héros de papier sont immortels. D’autres écrivains se sont déjà emparé du mythe de Robinson Crusoé, comme François Nourrissier qui en a donné une relecture dans « Vendredi ou les limbes du Pacifique ». Bernard Reymond, lui, a choisi de prêter sa Leplume à Robinson dans un petit livre qui vient de sortir en librairie, « Le ciel vu de mon île déserte ».

Derrière le monologue de Robinson, on devine la voix, malicieuse et jubilatoire, du théologien romand qui profite de réaffirmer, par ce biais ludique, quelques-unes des vérités protestantes qui lui tiennent à cœur. « Donner la parole à Robinson m’a permis de dire des choses que j’avais depuis longtemps dans le bonnet », reconnaît Bernard Reymond. Il précise : « Les récits fictifs parlent toujours de la réalité. Prenez l’Evangile de Jean, c’est une fiction, Jean n’avait pas à côté de lui un enregistreur qui pouvait consigner les paroles de Jésus et percer ses pensées : mais le récit qui nous est parvenu témoigne de faits et d’un courant de pensée bien réels. C’est en fait la lecture d’Alexandre Vinet qui m’a mis sur la piste : Il dit avoir lu régulièrement pendant 18 ans Robinson Crusoé pour s’imprégner de la conception de la Providence divine qui traverse l’œuvre de Daniel Defoe ». Bernard Reymond nous portraiture un Robinson qui symbolise l’émergence, au début du 18e siècle, d’un nouvel homme de la classe moyenne, d’une grande liberté, qui n’a pas honte de faire de bonnes affaires. « Il est vrai qu’il n’est pas particulièrement sensible à la question de l’esclavagisme » reconnaît Bernard Reymond, mais à part cette question, il est d’une grande liberté et d’une modernité certaine ».

Sur la lancée, Bernard Reymond vient de terminer un ouvrage sur le protestantisme et la littérature, pour montrer comment la Réforme a donné lieu à toute une littérature qui n’a souvent pas hésité à la mettre en question. Actuellement, le théologien lausannois revisite l’œuvre de Calvin en vue du 500e anniversaire du réformateur. Il promet un portrait de « cet aïeul un peu encombrant », dont ne se réclament d'ailleurs pas tous les protestants. Le ciel vu de mon île déserte, Robinson Crusoé ,p.c.c. Bernard Reymond, Van Dieren éditeur.