Eglises désertées : et si l’on supprimait trois cultes sur quatre ? La proposition iconoclaste du théologien neuchâtelois Olivier Bauer
Si Olivier Bauer se permet de critiquer vertement la célébration réformée, de plus en plus boudée par les gens, et dénonce la tendance qu’ont souvent les Réformés à « cultiver l’échec », c’est, explique-t-il, « parce qu’il aime trop le culte pour se contenter de sa fréquente médiocrité ». Il précise dans l’une des lettres qu’il adresse à un correspondant imaginaire : « Ma critique du culte ne remet en cause ni ma foi chrétienne, ni mes convictions réformées. Au contraire, c’est en leur nom que je suis critique - peut-être parfois injuste, je te l’accorde - envers le culte. C’est parce que j’adore le goût de la vie chrétienne, que je n’apprécie pas la soupe du culte. C’est parce que je suis exigeant que je veux le mieux pour l’Eglise à laquelle j’appartiens ».
Du culte, pivot central de l’identité réformée, Olivier Bauer attend beaucoup. Il rêve de pouvoir sortir d’un service religieux en pouvant croire que Dieu existe, en étant convaincu que son existence a des conséquences sur et dans sa vie. « Le culte devrait inscrire la grâce de Dieu dans le rythme de ma vie ». Mais voilà, comment faire ? Le théologien, qui enseigne aux futurs pasteurs comment s’y prendre pour transmettre la Parole et la mettre en adéquation avec la réalité contemporaine, est conscient que la réussite d’un culte ne dépend pas que du savoir-faire et du charisme des officiants, mais aussi de ses auditeurs et de leurs attente. Il sait par ailleurs que « l’Esprit de Dieu reste libre de souffler où il veut, même dans un mauvais culte ».
Au fil de ses voyages et de sa carrière, Olivier Bauer a participé à des cultes en Asie, aux Etats-Unis, il faut souvent multiplier les services pour accueillir tout le monde, alors qu’en Europe et au Canada, les églises se vident. Le culte ne fait plus recette ? Le théologien préconise de supprimer trois cultes sur quatre et de faire de ceux qui sont maintenus des moments forts, inscrits dans une logique de célébration et de fête imposant une préparation et une animation sortant de l’ordinaire.
Olivier Bauer se défend de succomber à la mode de l’a célébration spectacle, ni à l’attrait du magique que certains font intervenir, notamment au cours de grands rassemblements évangéliques. L’auteur insiste sur la liberté qui devrait être laissée aux communautés pour créer d’autres rencontres, mieux adaptées à l’esprit et à la sociologie particuliers de chaque paroisse. Ce que, soit dit en passant, beaucoup de paroisses font déjà, avec des veillées, des méditations en musique, des cafés théologiques, des haltes méditatives et tout un échantillon de propositions variées, mises en place aussi bien à Genève, à Lausanne qu’à Neuchâtel ou Bienne. Si la critique d’Olivier Bauer est stimulante, les propositions qu’il avance sont un peu légères et pas franchement originales. Comment rassembler celles et ceux qui se contentent de croire en Dieu sans passer par la case église ? La question est toujours ouverte.