Martin Luther King, piqûre de rappel d'un message toujours actuel
Durant tout le mois d'avril, le service d'animation jeunesse de l'Eglise protestante de Genève (AJEG) dédiera son culte pour les jeunes à la figure de Martin Luther King. Ce pasteur baptiste noir dénonça les injustices dont étaient victimes les Noirs américains au milieu des années 1950 et démontra l'efficacité d'une résistance non-violente. Né en 1929, il avait pris la tête du boycott des autobus à Montgomery (Alabama), demandant la fin des sièges réservés aux Blancs dans les transports publics. Brillant orateur, son discours « I have a dream » (« Je fais un rêve »), prononcé lors d'une marche sur Washington qui réunit 250'000 personnes, est un vibrant plaidoyer en faveur de l'égalité et de la fraternité entre Noirs et Blancs américains. Le 4 avril 1968, ce fils et petit-fils de pasteur était assassiné peu après s'être engagé dans une ample campagne en faveur des pauvres.
A l'occasion du 40ème anniversaire de sa disparition, « un camp pour les jeunes de 12 à 14 ans a été organisé du 11 au 15 février à Vers-l'Eglise, sur le thème « I have a dream », explique Nicolas Genequand, pasteur à l'AJEG. « Les plus jeunes connaissent davantage l'image du Che que celle de Martin Luther King, alors que son message est toujours pertinent aujourd'hui », constate-t-il. Quatre soirées consacrées aux thèmes de l'attention à l'autre, de la non-violence et du pardon, de l'égalité des qualités et des droits entre les personnes ou du boycott en faveur d'un progrès social « ont permis de montrer combien la réflexion de ce pasteur est actuelle », poursuit-il. Dominique Troilo, pasteur réformé de Vallorbe, ne dit pas autre chose : « Nous avons utilisé la figure de Martin Luther King lors de la catéchèse, car les questions liées à la violence reviennent régulièrement chez les jeunes. Aujourd'hui, ce thème émerge parmi les adultes : il y a beaucoup de violences verbales dans notre cité autour de la présence des requérants d'asile à la gare. En organisant le 1er mars une soirée cinéma, suivie d'un débat, autour de la mort de Martin Luther King, nous voulions nous demander s'il est possible de régler les conflits dans les relations intercommunautaires autrement que par la violence ».
« Certains rappeurs se réfèrent à Malcom X (qui lia la lutte noire aux Etats-Unis aux mouvements de libération du tiers-monde, tirant sa force de son héritage africain et non de la foi chrétienne, ndlr) », tempère le pasteur vaudois Serge Molla, « et le nom de King n'est pas inconnu, même s'il appartient à l'histoire ». Spécialiste de la vie et de la pensée de Martin Luther King auquel il a consacré sa thèse de doctorat , il a été invité à en témoigner le 15 avril prochain, de 18h30 à 21h, au Foyer protestant du Lignon. « Aujourd'hui, les élections américaines voient Hillary Clinton et Barack Obama chercher chacun à s'approprier la figure de King. Sans nul doute, la couleur de la peau du candidat Obama montre les progrès parcourus en quarante ans, même si sa culture familiale ne le lie pas à la communauté noire des Etats-Unis. Mais si l'on pense au nombre de Noirs incarcérés ou vivant dans la pauvreté, le combat pour l'égalité, malgré de réelles avancées, n'est pas abouti. La pensée de King sur l'intégration reste stimulante aujourd'hui».
Martin Luther King sera aussi au centre de la convention qui réunira plus de mille jeunes évangéliques de 13 à 20 ans au Landeron, du 7 au 9 mars prochains, sur le thème « You have a dream ! Tu as un rêve que tu peux accomplir ! Dieu a un rêve pour ta vie ». « Nous avons besoin de figures charismatiques. Ce modèle sera l'occasion de dire aux jeunes que Dieu peut les aider à réaliser leurs rêves d'amélioration de la société, et les inciter à s'engager », commente un participant. Le Gospel Center de Lausanne, nouvelle Eglise évangélique lausannoise, mentionnera aussi la figure de King au mois d'avril dans ses célébrations du dimanche soir à 18h30, dans les locaux de la Ligue pour la lecture de la bible.