L’Eglise protestante tessinoise s’engage au côté des grévistes des ateliers CFF Cargo

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L’Eglise protestante tessinoise s’engage au côté des grévistes des ateliers CFF Cargo

17 mars 2008
L’histoire de l’Eglise protestante tessinoise est fortement liée au chemin de fer du Gotthard
Dans une lettre ouverte, son exécutif critique le sacrifice d’ateliers effectuant un bon travail et de postes de travail que l’on disait garantis. Une position politique que l’Eglise a prise consciemment.L’Eglise protestante tessinoise s’est bâtie grâce aux chemins de fer. Les premiers réformés tessinois, dans le Sopraceneri, étaient en grande partie composés d’employés et de cadres du chemin de fer du Gotthard, ouvert en 1872. « Aujourd’hui, de nombreux employés des CFF sont catholiques et tessinois. Il reste plusieurs protestants, mais ils ne sont plus majoritaires », explique Paolo Sala, membre du Conseil synodal (exécutif) de l’Eglise réformée tessinoise. Ces liens anciens expliquent que « même si notre Eglise ne représente qu’une force modeste dans le canton du Tessin, nous ne voulons pas nous taire face aux récents événements affectant les travailleurs des ateliers CFF Cargo de Bellinzone ». Ce sont les termes de la lettre ouverte que l’exécutif a adressé, le 12 mars, aux travailleurs des ateliers de Bellinzone, au Conseil d’administration de CFF-Cargo, à la direction des CFF et au conseiller fédéral Moritz Leuenberger.

Dans cette lettre, le Conseil synodal manifeste sa solidarité avec les grévistes des ateliers, déjà exprimée au cours des cultes du dimanche 9 mars, et demande aux CFF de revoir leur projet. Il déplore que la restructuration prévue sacrifie des ateliers fournissant un bon travail, dans des conditions financières nullement déficitaires. Il critique la « manière arbitraire » de traiter les employés, alors que l’on parlait encore, il y a quelque mois, de postes de travail garantis. « Cette grève n’est pas un combat de travailleurs isolés », explique le pasteur et membre du Conseil synodal Tobias Ulbrich, cosignataire de la lettre ouverte avec Paolo Sala. « C’est un mouvement de toute la société tessinoise, comprenant les autorités du canton du Tessin et l’évêque de Lugano, Pier Giacomo Grampa, contre la manière dont on traite notre canton et sa population », poursuit-il. La lettre déplore ainsi que les chemins de fer fédéraux prennent en compte prioritairement les besoins de la Suisse alémanique. Les mesures prévues à Bellinzone seraient de plus en claire contradiction avec la réalisation du projet Alptransit.

« Notre Eglise est consciente du caractère politique de cette action », qui a suscité un débat interne au Conseil synodal. Claude Ruey, président du parti libéral suisse et protestant engagé, avait critiqué l’action de l’évêque de Lugano, au motif que l’Eglise devait d’abord œuvrer à rétablir le dialogue entre CFF et employés. « Parfois, l’Eglise doit prendre parti et ne plus seulement appeler au dialogue », rétorque Tobias Ulrich. « Nous ne pouvons parler d’amour du prochain si nous n’appuyons pas ceux qui sont dans la détresse. Nous nous sommes prononcés en faveur de la partie la plus faible, même si nous souhaitons un dialogue sur des positions claires », poursuit Paolo Sala. Au cas où la situation devait s’aggraver, un montant de 2000 francs a été promis pour la caisse de la grève, « un geste symbolique de solidarité de notre Eglise, dont les ressources financières sont très faibles », conclut-il.