La Suisse romande menacée par la pénurie d’organistes
8 avril 2008
Les fidèles devront-ils bientôt chanter a capella lors des services funèbres et cultes dominicaux ? Les paroisses protestantes romandes n’en sont pas encore là mais la situation est contrastée d’un canton à l’autre
Dans les campagnes vaudoises, la pénurie d’organistes menace, alors qu’à Neuchâtel, ils seraient plutôt trop nombreux. Seule Genève semble vivre une situation équilibrée.La réorganisation des églises genevoise, vaudoise et neuchâteloise opérée ces dernières années - fusions de paroisses, régionalisation des célébrations - a diminué d’autant le service des organistes et résolu dans la plupart des cas le manque de relève. « A Neuchâtel, les professionnels ne trouvent carrément pas assez de travail, tant le nombre de cultes a diminué. Mais je ne sais pas comment cela se passera à l’avenir car c’est vrai, je n’ai plus d’élèves ! », note Mary-Claude Huguenin, présidente de la section neuchâteloise de l’Association des organistes romands (AOR). Les regroupements ont stabilisé aussi la situation à Genève, où les cantiques sont accompagnés sans problèmes dans la grande majorité des lieux de culte. « C’est bien sûr plus difficile de trouver un organiste pour un poste dans la campagne, surtout lorsque l’instrument n’est pas intéressant. Mais dans l’ensemble, jusqu’ici, tout le monde a pu recourir à de bonnes volontés », remarque Lionel Vaucher, vice-président de l’AOR.
Reste le canton de Vaud, dont la grandeur et la diversité du territoire rendent la situation plus complexe. « La situation des églises où l’instrument est confié à des professionnels est différente de celles qui recourent aux services d’amateurs. Dans le premier cas, d’autant plus si l’orgue est un bel instrument, pas de problème. Plusieurs candidats se sont présentés à Vevey par exemple, qui cherche un titulaire », précise d’emblée Daniel Thomas, secrétaire de l’AOR. En revanche à la campagne, la pénurie menace, malgré la diminution des cultes. « A passé 70 ans, j’aime encore beaucoup jouer, mais parfois je suis vraiment trop sollicitée, notamment lorsque plusieurs services funèbres s’ajoutent en semaine au service dominical. Mais que faire ? Les pompes funèbres ne trouvent personne, je ne veux pas laisser des familles sans musique à ce moment-là », confie une organiste.
Comment expliquer le manque de relève alors que de nombreux jeunes suivent les cours du Conservatoire ? « J’y vois le reflet de la société actuelle, plutôt individualiste. L’esprit de service n’est plus dans l’air du temps, certains ne souhaitent pas avoir cette contrainte du dimanche matin », remarque Daniel Meylan, président de l’AOR et organiste à La Vallée de Joux. Un obstacle encore accru depuis la régionalisation des cultes qui implique des horaires constamment différents, un manque de régularité « pas facile à concilier avec la vie professionnelle » note-t-il. Au-delà de ces aspects, Daniel Meylan cite également un manque de collaboration entre pasteurs et organistes : « Beaucoup de collègues plus âgés disent en avoir assez, être déçus que leur production soit considérée comme un bruit de fond. En voulant moderniser les cultes, l’église a enlevé l’aspect solennel de la célébration, qui convenait à la musique d’orgue. Souvent maintenant, dans une liturgie qui se veut plus conviviale, l’orgue se trouve en porte-à-faux », déplore-t-il. Ainsi des musiciens compétents, de mieux en mieux formés et qui s’intéressent à la musique liturgique, rencontrent-ils beaucoup d’incompréhension et finissent par renoncer.
Quelles pistes suivre pour remotiver les musiciens du dimanche ? Daniel Meylan plaide pour rapprocher « des pasteurs à qui on dispenserait à nouveau une formation musicale, et donc comprendraient mieux l’instrument, et des organistes qui acceptent de sortir de leur tour d’ivoire. Ensemble, ils redonneraient à l’orgue sa place dans la célébration, transmettraient à la jeunesse l’amour de cette musique et changereraient l’image de l’orgue, souvent synonyme de poussière et d’ennui », conclut ce passionné.
Reste le canton de Vaud, dont la grandeur et la diversité du territoire rendent la situation plus complexe. « La situation des églises où l’instrument est confié à des professionnels est différente de celles qui recourent aux services d’amateurs. Dans le premier cas, d’autant plus si l’orgue est un bel instrument, pas de problème. Plusieurs candidats se sont présentés à Vevey par exemple, qui cherche un titulaire », précise d’emblée Daniel Thomas, secrétaire de l’AOR. En revanche à la campagne, la pénurie menace, malgré la diminution des cultes. « A passé 70 ans, j’aime encore beaucoup jouer, mais parfois je suis vraiment trop sollicitée, notamment lorsque plusieurs services funèbres s’ajoutent en semaine au service dominical. Mais que faire ? Les pompes funèbres ne trouvent personne, je ne veux pas laisser des familles sans musique à ce moment-là », confie une organiste.
Comment expliquer le manque de relève alors que de nombreux jeunes suivent les cours du Conservatoire ? « J’y vois le reflet de la société actuelle, plutôt individualiste. L’esprit de service n’est plus dans l’air du temps, certains ne souhaitent pas avoir cette contrainte du dimanche matin », remarque Daniel Meylan, président de l’AOR et organiste à La Vallée de Joux. Un obstacle encore accru depuis la régionalisation des cultes qui implique des horaires constamment différents, un manque de régularité « pas facile à concilier avec la vie professionnelle » note-t-il. Au-delà de ces aspects, Daniel Meylan cite également un manque de collaboration entre pasteurs et organistes : « Beaucoup de collègues plus âgés disent en avoir assez, être déçus que leur production soit considérée comme un bruit de fond. En voulant moderniser les cultes, l’église a enlevé l’aspect solennel de la célébration, qui convenait à la musique d’orgue. Souvent maintenant, dans une liturgie qui se veut plus conviviale, l’orgue se trouve en porte-à-faux », déplore-t-il. Ainsi des musiciens compétents, de mieux en mieux formés et qui s’intéressent à la musique liturgique, rencontrent-ils beaucoup d’incompréhension et finissent par renoncer.
Quelles pistes suivre pour remotiver les musiciens du dimanche ? Daniel Meylan plaide pour rapprocher « des pasteurs à qui on dispenserait à nouveau une formation musicale, et donc comprendraient mieux l’instrument, et des organistes qui acceptent de sortir de leur tour d’ivoire. Ensemble, ils redonneraient à l’orgue sa place dans la célébration, transmettraient à la jeunesse l’amour de cette musique et changereraient l’image de l’orgue, souvent synonyme de poussière et d’ennui », conclut ce passionné.