Un coup de jeune pour le vieux Calvin

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Un coup de jeune pour le vieux Calvin

25 août 2008
En 2009, les protestants célèbreront le 500ème anniversaire de la naissance de Jean Calvin
L’occasion pour eux de rappeler les valeurs réformées qui ont façonné notre époque. L’image austère que l’on a aujourd'hui du Réformateur de Genève prendra-t-elle un coup de neuf ? Oui, si l’on rétablit le contexte dans lequel Calvin vivait au 16ème siècle, répond Giorgio Tourn, pasteur de l’Église vaudoise d’Italie, qui vient de consacrer au réformateur de Genève une biographie alerte qui donne chair au personnage.« Attribuer à Calvin l’austérité de la vie genevoise, y voir le fruit de sa vision moraliste de l’existence et de son caractère autoritaire, est une erreur », affirme Georges Tourn dans l’ouvrage qu’il vient de consacrer au réformateur français. S’il est vrai que la parcimonie, le zèle, le travail et l’engagement sont quelques-unes des valeurs nouvelles que Calvin a introduites pour contrer les valeurs médiévales de luxe et de gaspillage, il faut aussi rappeler que l’alphabétisation de la population dans le but de permettre à chacun de pouvoir lire les Ecritures, l’éducation des enfants, le développement de l’imprimerie sont à mettre à l’actif de Calvin. C’est aussi lui qui encourage l’enseignement du grec et du latin pour étudier les textes bibliques. C’est lui enfin qui a corrigé la première Bible en français, que son cousin Olivétan a traduite de l’hébreu pour le compte des Vaudois du Piémont, disciples de Pierre Valdo.

Picard d’origine, Jean Calvin a acquis une culture humaniste à Paris, où son père l’a envoyé faire des études. Il est élève au Collège Montaigu, où l’on prépare à la prêtrise dans une atmosphère de mortification. En 1532, il obtient un diplôme de droit. Il entame une carrière au barreau et assiste aux cours du Collège de France, créé par François Ier deux ans auparavant. En 1533, l’année académique de l’Université parisienne débute par une leçon d’ouverture du recteur Nicolas Cop, ami de Calvin, qui commente les Béatitudes. Il les relit à la lumière de la doctrine de la justification par la foi, sujet de prédication de Luther. Ce discours, qui est une annonce libératrice et un message de grâce, constitue une clé de lecture nouvelle de la révélation chrétienne. La Sorbonne crie à l’hérésie luthérienne. Nicolas Cop évite l’arrestation en se réfugiant à Strasbourg. Cette affaire a un impact décisif sur la vie de Calvin, alors âgé de 24 ans. Il se rapproche du monde réformé et commence à voir le protestantisme comme « la vraie Église où la Parole de Dieu est prêchée de façon correcte et écoutée… ». Sa vision de la foi est confiance absolue en Dieu. Il rompt avec l’´Eglise catholique. Se met à rédiger un ouvrage, Christianae Religionis Institutio, qui, présenté à la Foire de Francfort en 1536, fait de lui une des personnalités les plus en vue du monde religieux européen. On y trouve la base de la doctrine calvinienne, qu’il affinera par la suite. « Il vaut mieux obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes. Qu'importent les rois, les princes, les édits, les prisons, les bûchers, les galères ! Dieu est au-dessus de tout cela et rien n'arrive qui ne soit ordonné par Lui ». La doctrine se résume d’une formule :« A Dieu Seul la Gloire ».

Guillaume Farel le fait venir à Genève, république minuscule qui s’est rangée dans le camp évangélique comme Zurich et Berne, pour l’aider à édifier l’Eglise de Genève. Calvin s’y sent appelé par Dieu et y entame une œuvre immense de prédication, d’organisation de la vie ecclésiale mais aussi de la vie publique, en conseillant les magistrats. Mais tout ne se passe pas bien entre la ville et le jeune Calvin, intransigeant, entêté, fougueux et sans aucun sens de la diplomatie. Il quittera la ville pour y revenir trois ans plus tard afin de poursuivre son édification de l’Eglise. Cette dernière n’est pas pour lui une institution mais « une communauté de croyants dont l’élément constitutif est la présence de l’Esprit ». Il s’efforce en même temps de « changer la vie des individus », notamment au travers des quelque quatre mille sermons qu’il a prononcés. En homme de son temps, Calvin céda à certaines superstitions de l’époque et encouragea la chasse aux sorcières.Giorgio Tourn, Jean Calvin, le réformateur de Genève, 122 pages, 2008, éditions Olivétan.