Votations du 30 novembre 2008: Seule l'Église réformée vaudoise (EERV) s’engage pour la révision de la loi sur les stupéfiants

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Votations du 30 novembre 2008: Seule l'Église réformée vaudoise (EERV) s’engage pour la révision de la loi sur les stupéfiants

13 octobre 2008
Le 30 novembre prochain, les Suisses se prononceront sur la politique en matière de drogues
Ils devront accepter ou refuser la révision de la loi sur les stupéfiants qui consacre la politique des quatre piliers - prévention, thérapie, répression et aide à la survie – , adoptée par les Chambres en mars dernier, mais aussitôt contrecarrée par un référendum de l’Union démocratique fédérale (UDF). Les hasards du calendrier font qu’ils devront aussi se prononcer sur l’initiative sur la dépénalisation du cannabis. Certains partis, qui se réclament des valeurs chrétiennes, rejettent catégoriquement la révision de la loi sur les stupéfiants. Mais que disent les Églises ? Tour d’horizon.

Au nom de valeurs chrétiennes dont elle se réclame, l’Union démocratique fédérale, parti politique composé de chrétiens de diverses appartenances ecclésiastiques, rejette la libéralisation des drogues. Dans le même temps, la Croix Bleue, association chrétienne qui fait un travail de prévention et d’accompagnement des personnes dépendantes et qui encourage à l’adoption du principe d’abstinence comme moyen de se sortir des dépendances, dit oui à la révision de la loi sur les stupéfiants. Elle considère cette loi comme une bonne base pour une politique des drogues cohérente et adaptée à la réalité et aux pratiques en vigueur ; en revanche, la Croix Bleue rejette catégoriquement l’initiative visant à dépénaliser le chanvre, qui est également soumise au vote populaire le 30 novembre prochain et sème la confusion dans les esprits.

Le Conseil de la Fédération des Eglises Protestantes de Suisse (FEPS), qui réunit 26 Eglises membres, a choisi de ne pas prendre position sur la révision de la loi sur les stupéfiants. En 1994, l’Institut d’éthique sociale de la FEPS avait mené une réflexion sur la politique en matière de drogue dans un document intitulé « Une troisième voie par de-là la répression et la distribution ». Les éthiciens de la FEPS souhaitaient clairement le renforcement des offres de soutien aux personnes toxicomanes, afin qu’elles ne perdent pas tout contact avec la société, mais puissent peu à peu s’y réinsérer. Les auteurs de ce document préconisaient également la distribution de drogues dans le cadre strict d’un traitement thérapeutique.

L'Église catholique ne prend pas position

Côté catholique, la Conférence des Évêques Suisses, par la voix de son porte-parole Walter Müller, ne prend pas non plus position sur la prochaine votation sur la révision de la loi, mais rejette par contre fermement l’initiative pour la dépénalisation du chanvre.

Aussi bien du côté catholique que protestant, le libre-choix est donc laissé à chaque Église cantonale. Si l’Église protestante de Neuchâtel (EREN), de même que l’Église protestante Berne-Jura-Soleure n’ont pas défini de position, l’Église évangélique réformée du canton de Vaud (EERV), quant à elle, a choisi de dire clairement oui à la révision de la loi sur les stupéfiants. Le conseiller synodal Antoine Reymond explique : « Il nous semble à l’heure actuelle qu’il ne faut pas remettre en cause les efforts engagés toutes ces dernières années en matière de soins apportés aux personnes dépendantes aux psychotropes et à l’amélioration de la gestion des problèmes de dépendances. L’usage de stupéfiants, dispensés dans un cadre thérapeutique précis pour aider à la survie de toxicomanes, nous apparaît une nécessité. Souvent il n’y a pas d’autres manières d’accompagner les personnes dépendantes pour stabiliser leur état afin qu’elles restent en vie, aient une vie relativement bonne et puissent se réinsérer socialement. Il nous faut apprendre à vivre avec des gens qui ont ce genre de fragilités. Si cette loi n’existe pas, et qu’on ne peut assurer aux personnes dépendantes un traitement suivi, elles vont forcément chercher à se fournir en substances illicites dans la rue. Il est bien sûr évident que nous ne sommes pas pour la consommation de drogues et que nous ne soutenons en aucun cas l’initiative pour la dépénalisation du cannabis ».

La position de l’Église protestante vaudoise fait bondir Claude Ruey, conseiller national radical-libéral, chrétien engagé dans son Église, signataire du référendum contre la nouvelle loi sur les stupéfiants : « Ça me tue, cette prise de position ! L’Eglise n’est pas compétente pour prendre des positions politiques partisanes. La Bible n’est pas un livre de recettes politiques. On peut être protestant et avoir un point de vue différent de celui émis par son Eglise. Chez les protestants, on fait en général appel à la conscience et aux principes éthiques, libre à chacun de voter en son âme et conscience. Se prononcer sur la révision de la loi sur les stupéfiants n’est pas un choix de foi ».

Porte-parole de la Fédération romande d’Églises évangéliques, Serge Carrel précise que la Fédération n’a pas arrêté de position et sourit : « Si l’on devait se prononcer sur toutes les votations et les questions politiques, on y passerait tout notre temps ! ».