Des « bus athées » improbables en Suisse
25 février 2009
Les athées et les milieux chrétiens débattent de la question de l'existence de Dieu sur des panneaux publicitaires accrochés au flanc des bus dans plusieurs pays
En Angleterre, les athées expliquent qu'il réagissent à une campagne des évangéliques qu'ils considèrent comme du matraquage. En Suisse, on a vu des versets de la Bible sur des affiches placardées en ville. Les milieux chrétiens en font-ils trop ? « Je ne crois pas », a indiqué Claude Ruey, président de l'Entraide protestante (EPER) à Protestinfo. « Nous vivons dans une démocratie où règnent heureusement les libertés personnelles, notamment la liberté de conscience et la liberté d’expression. Que des chrétiens veulent exercer ces libertés et partager leur foi ne me choquent en aucun cas. »
Serge Molla, responsable de la culture pour l'Eglise réformée vaudoise a une analyse plus dure. « Une déchristianisation profonde s’opère dans plusieurs pays occidentaux. Que la question de l'existence de Dieu soit débattue sur des panneaux publicitaires ne freinera pas le mouvement.»La voie publique en Suisse était jusqu'ici relativement épargnée par les actions prosélytes. La publicité est l'un des nouveaux vecteurs choisis par les Eglises dans certains cantons. Danger ?« Je ne suis pas choqué de ce que chacun puisse s’exprimer, qu’il soit croyant ou athée. Il est même bon que, dans notre société matérialiste, les questions spirituelles puissent être publiques. Bien sûr l’exercice de la liberté doit s’accompagner du respect de l’autre », a poursuivi M. Ruey.
« La voie publique n'est pas seulement à protéger des actions prosélytes », a relevé M. Molla. « Cette voie, publique, devrait être lieu de respect à tous égards. Que ce soit à l'égard des convictions (religieuses, politiques, etc) de chacun, de ses origines, de son sexe, de son âge. »Les appels de fonds pour les différentes oeuvres d'entraide se succèdent: après l'EPER, c'est au tour d'Action de Carême et de Pain pour le prochain. Les Suisses sont-ils saturés ?Zewo, le service suisse de certification pour les organisations d'utilité publique qui récoltent des dons, régule la date des campagnes. « L'an dernier, l'EPER a récolté 18% de fonds supplémentaire que l'année précédente. Pour moi, c'est un signe que les Suisses ne sont pas lassés », selon M. Ruey.
M.Molla regrette pour sa part le fait que les oeuvres d'entraide d'origine religieuse travaillent en ordre dispersé. Au risque que le public ne s'y retrouve plus.Les faits:Après la Grande-Bretagne, l'Espagne, l'Italie, les Etats-Unis et le Canada, les affiches niant l'existence de Dieu sur les transports publics pourraient débarquer en Suisse. Mais à ce jour, toutes les villes et les compagnies de transports publics contactées ont dit non, à l'exception de Lucerne. Même la Société générale d'affichage a refusé notre campagne, a expliqué Reta Caspar, responsable de l'Association suisse des libres-penseurs (ASLP).
Lucerne a entretemps changé son fusil d'épaule, car les réactions ont été vives: des inconnus ont menacé de mettre le feu aux bus, qui seraient affublés de telles publicités. L'ASLP a également reçu des e-mail haineux.
Concrètement, cette association vient de lancer sa récolte de fond pour financer cette campagne, d'un montant estimé à 50'000 francs. « Nous avons pour l'instant récolté 8'000 francs » a précisé la responsable. « Les gens versent en moyenne 50 francs. »Bases juridiquesMalgré des début difficiles, ce mouvement ne veut pas en rester là. « Nous voulons savoir sur quelles bases légales les villes et les compagnies de transport s'appuient pour refuser nos affiches », a poursuivi Mme Caspar. « Des politiciens pourraient relayer nos revendications dans des parlements. Berne pourrait être une des premières villes. »
Les villes, les cantons et les compagnies de transport public ont une certaine latitude pour gérer leur politique d'affichage en la matière. Le prosélytisme est en général refusé, mais les églises peuvent utiliser les messages publicitaires pour l'annonce d'événements, comme c'est le cas à Genève.
A Bâle, l'Eglise réformée a opté pour une campagne publicitaire sur un tram. Sur ses flancs, on peut lire les services qu'offre l'Eglise à la population comme les visites à l'hôpital. L'Eglise vise ainsi à endiguer les départs de ses membres et inciter les protestants à payer leurs impôts ecclésiastiques.
L'ASLP n'en est pas à son premier échec. A St-Gall, une campagne qu'elle avait lancée en 2008 avait déjà suscité une levée de boucliers. Depuis lors, cette ville refuse toute publicité religieuse et dans une certaine mesure politique. « C'est une attaque contre la liberté d'expression », estime Mme Caspar.
Serge Molla, responsable de la culture pour l'Eglise réformée vaudoise a une analyse plus dure. « Une déchristianisation profonde s’opère dans plusieurs pays occidentaux. Que la question de l'existence de Dieu soit débattue sur des panneaux publicitaires ne freinera pas le mouvement.»La voie publique en Suisse était jusqu'ici relativement épargnée par les actions prosélytes. La publicité est l'un des nouveaux vecteurs choisis par les Eglises dans certains cantons. Danger ?« Je ne suis pas choqué de ce que chacun puisse s’exprimer, qu’il soit croyant ou athée. Il est même bon que, dans notre société matérialiste, les questions spirituelles puissent être publiques. Bien sûr l’exercice de la liberté doit s’accompagner du respect de l’autre », a poursuivi M. Ruey.
« La voie publique n'est pas seulement à protéger des actions prosélytes », a relevé M. Molla. « Cette voie, publique, devrait être lieu de respect à tous égards. Que ce soit à l'égard des convictions (religieuses, politiques, etc) de chacun, de ses origines, de son sexe, de son âge. »Les appels de fonds pour les différentes oeuvres d'entraide se succèdent: après l'EPER, c'est au tour d'Action de Carême et de Pain pour le prochain. Les Suisses sont-ils saturés ?Zewo, le service suisse de certification pour les organisations d'utilité publique qui récoltent des dons, régule la date des campagnes. « L'an dernier, l'EPER a récolté 18% de fonds supplémentaire que l'année précédente. Pour moi, c'est un signe que les Suisses ne sont pas lassés », selon M. Ruey.
M.Molla regrette pour sa part le fait que les oeuvres d'entraide d'origine religieuse travaillent en ordre dispersé. Au risque que le public ne s'y retrouve plus.Les faits:Après la Grande-Bretagne, l'Espagne, l'Italie, les Etats-Unis et le Canada, les affiches niant l'existence de Dieu sur les transports publics pourraient débarquer en Suisse. Mais à ce jour, toutes les villes et les compagnies de transports publics contactées ont dit non, à l'exception de Lucerne. Même la Société générale d'affichage a refusé notre campagne, a expliqué Reta Caspar, responsable de l'Association suisse des libres-penseurs (ASLP).
Lucerne a entretemps changé son fusil d'épaule, car les réactions ont été vives: des inconnus ont menacé de mettre le feu aux bus, qui seraient affublés de telles publicités. L'ASLP a également reçu des e-mail haineux.
Concrètement, cette association vient de lancer sa récolte de fond pour financer cette campagne, d'un montant estimé à 50'000 francs. « Nous avons pour l'instant récolté 8'000 francs » a précisé la responsable. « Les gens versent en moyenne 50 francs. »Bases juridiquesMalgré des début difficiles, ce mouvement ne veut pas en rester là. « Nous voulons savoir sur quelles bases légales les villes et les compagnies de transport s'appuient pour refuser nos affiches », a poursuivi Mme Caspar. « Des politiciens pourraient relayer nos revendications dans des parlements. Berne pourrait être une des premières villes. »
Les villes, les cantons et les compagnies de transport public ont une certaine latitude pour gérer leur politique d'affichage en la matière. Le prosélytisme est en général refusé, mais les églises peuvent utiliser les messages publicitaires pour l'annonce d'événements, comme c'est le cas à Genève.
A Bâle, l'Eglise réformée a opté pour une campagne publicitaire sur un tram. Sur ses flancs, on peut lire les services qu'offre l'Eglise à la population comme les visites à l'hôpital. L'Eglise vise ainsi à endiguer les départs de ses membres et inciter les protestants à payer leurs impôts ecclésiastiques.
L'ASLP n'en est pas à son premier échec. A St-Gall, une campagne qu'elle avait lancée en 2008 avait déjà suscité une levée de boucliers. Depuis lors, cette ville refuse toute publicité religieuse et dans une certaine mesure politique. « C'est une attaque contre la liberté d'expression », estime Mme Caspar.