Re-naître pour vivre mieux

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Re-naître pour vivre mieux

Pierre-Alain Heubi
4 novembre 2010
«Changer pour vivre mieux» est le thème de la dernière édition de la revue internationale de théologie et de spiritualité «La Chair et le Souffle», réalisée en partenariat avec la Fondation du Devenir, elle-même mandatée par l’OCDE. Dix-sept auteurs y abordent la question de la qualité de la vie à partir de leurs champs de compétence respectifs.

, VP Berne-Jura-Neuchâtel

Prendre conscience des mécanismes du système capitaliste, résister à ses principes inscrits au plus profond de nous-mêmes, par un retour au spirituel, figure au cœur du dernier numéro de «La Chair et le Souffle». Un livre-essai de 250 pages, né de la rencontre entre Lytta Basset, directrice de la publication, et Diane Louise Lassonde, co-présidente de la Fondation du Devenir. L’objectif: creuser plus avant la dimension spirituelle de l’être humain comme critère déterminant pour une vie de qualité. 


«Durant les vingt dernières années, beaucoup d’efforts ont été consentis, en termes environnemental et social, mais ils ne sont pas parvenus à enclencher un véritable renouvellement des valeurs», explique Michel Maxime Egger, sociologie et responsable de ce numéro spécial. Pour lui, ces progrès restent avant tout «horizontaux», de l’ordre du faire et des conditions matérielles d’existence. Or, il est nécessaire qu’intervienne la dimension «verticale» de l’humain.

«Un changement réussi met en boucle les transformations verticale et horizontale» poursuit-il. Malgré des références spirituelles variées, les auteurs s’accordent sur la nécessité de renouer avec notre «être profond», et sur le fait que la transformation intérieure précède l’extérieure.

Les traditions religieuses ou laïques plaident toutes pour l’harmonie à restaurer entre l’homme, les autres – l’Autre – et la nature. «Nous prenons le parti d’une démarche de discernement, de jugement éclairé et d’engagement dans une action désirée et assumée, celle de militants-méditants existentiels», peut-on lire dans l’éditorial de la revue.

L’homme, quel homme?

«Il faut remettre l’économie au service de l’humain», entend-on fréquemment de la part des politiques, «Mais de quel homme parle-t-on?» s’interroge Christian Arnsperger dans sa contribution. Cet économiste et philosophe appelle à distinguer l’«homme réel» de l’«homme possible». Ce dernier est un être «en devenir».

Relié à son «moi profond» ouvert au divin, il s’ouvre en confiance à la dimension collective. Mais le capitalisme n’a que faire de cette dimension, seul compte l’homme «réel», corps et psychisme, qui garantit la «pérennité» du système à travers son double rôle de moyen de production et d’objet de consommation.

Rien ne sert de sortir du monde, «il faut résister à ses tendances destructrices» plaide Alain Setton, l'auteur de «Bible et management» qui voit l’entreprise comme un lieu de développement spirituel. «Le monde du travail, avec ses conflits internes et externes, est a priori un environnement de <non-amour>, écrit-il. Mais si nous le voulons, il nous offre l’opportunité de «transformer nos cœurs de pierre en cœur de chair» poursuit ce spécialiste en ressources humaines.

Ecomédecines

Dominique Eraud, docteur en médecine et spécialisée dans l’acupuncture, postule l’interdépendance entre la préservation de la santé et celle de l’environnement. D’où son concept d’écomédecines qui prône le retour à une médecine préventive plutôt que réactive.

Et le recours à des traitements à base de produits naturels est crucial, les produits pharmaceutiques étant la cause non seulement de dégâts écologiques mais aussi
d’affections pathologiques. Et de citer le parcours des molécules synthétiques des médicaments, que les stations d’épuration ne parviennent pas à filtrer, qui retournent dans le circuit d’eau courante.

Education

René Barbier, conseiller pédagogique au collège coopératif de Paris, prône l’autoformation. «Se connaître n’est autre que s’autoformer, explique-t-il. L’école pourrait en être le lieu, à condition qu’elle devienne l’école de tous les savoirs et de toute la vie.» Pour le pédagogue, cette révolution n’est pas pour demain, «les enseignants ne sont pas formés pour donner ce sens nouveau à l’école».

Michel Maxime Egger souligne qu’il s’agit de «partir de son vécu en utilisant son langage propre» pour avancer dans cette dynamique de passage salutaire de l’homme réel à l’homme possible. Une émergence dans laquelle les Eglises ont un rôle à jouer.

 

INFOS

Les auteurs :

  • Non cités plus-haut: Philippe Derudder, «De la logique de la rareté à la conscience de l’Abondance», Edouard Dommen, «A la recherche d’un indicateur du «bien vivre», Leonardo Boff, «Eloge du bonheur national brut», Nathalie Calmé, «Au-delà de la crise de civilisation: expériences et alternatives pour une renaissance», Dominique Bourg, «Réintroduire de la finitude dans le système économique», Jacques Defourny, «L’économie sociale et solidaire – une utopie en marche», Aude Butticaz Zeller, «Au-delà de l’individualisme: construire la personne dans des relations de qualité», Thierry Verhelst, «La quête d’identité entre enracinement et ouverture», Valérie Colin-Simard, «Il est urgent de donner sa juste place au féminin», Jean-Pierre Thévenaz, «Pour bien travailler, soigner la vie», Philippe Roch, «Etre et agir pour une nouvelle civilisation écologique».
  • La revue est disponible en librairie. Elle peut être commandée à la Faculté de théologie de l’Université de Neuchâtel, tél. 032 718 19 00. Info: www.lachairetlesouffle.org .
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