Une organisation allemande appelle à plus de liberté religieuse en Egypte
Depuis la chute du dictateur Hosni Moubarak, la situation des droits de la personne en Egypte est « inquiétante », estime Martin Lessenthin, porte-parole de la Société internationale des droits de l’homme (IGFM), basée à Francfort. Il a tenu ces propos mardi 20 septembre à Cologne lors d’une conférence de presse portant sur le sort de la minorité chrétienne en Egypte.
Les chrétiens représentent environ 10% de la population égyptienne et sont depuis longtemps victimes de discriminations et d'agressions violentes. En janvier, un attentat à la bombe a été perpétré contre une église copte d’Alexandrie pendant les célébrations du Nouvel an, provoquant la mort de 24 personnes.
La chute du régime de Moubarak en février est intervenue à l'issue de manifestations qui ont réuni musulmans et chrétiens côte-à-côte. Ces événements laissaient à l’origine espérer une amélioration des droits de la personne et de la tolérance religieuse dans le pays, mais des extrémistes musulmans ont entre temps attaqué à plusieurs occasions des églises, des villages coptes et des chrétiens, essentiellement coptes, qui représentent 95% des chrétiens d’Egypte.
« L’Egypte compte un nombre non négligeable de convertis et c’est cette minorité qui est la plus gravement persécutée », a déclaré dans une interview Max Klingberg, spécialiste de l’Egypte à l’IGFM. « Il y a eu de nombreux cas d’agressions visant des convertis et tout porte à croire que les autorités se désintéressent complètement de leur protection. »
L’IGFM a indiqué que le gouvernement intérimaire égyptien – désigné par l'armée, qui détient de facto le pouvoir exécutif – a proposé un amendement à la législation égyptienne pour faire en sorte que les critères d’obtention de permis de construire des lieux de culte soient les mêmes pour toutes les religions. Une telle mesure lèverait des obstacles juridiques pénibles qui empêchent la construction d’églises.
Cependant, Max Klingberg affirme que cette législation criminalise les personnes qui prient dans des bâtiments qui n’ont pas de licence et qu'en raison des discriminations, les chrétiens auraient d’autant plus de mal à obtenir les permis nécessaires.
« L’Etat doit donner aux minorités religieuses d’Egypte les mêmes droits et la même protection qu’aux membres de la population majoritaire musulmane », a fait savoir l’IGFM dans un communiqué. « Il s'agit notamment du droit prévu par la loi de construire des églises, la fin de la persécution [des convertis] et la protection des minorités face aux extrémistes musulmans. »
Bien que de nouvelles libertés aient été accordées à la presse et aux partis politiques, la loi d’urgence reste en vigueur et, selon l’IGFM, les arrestations à caractère politique et les cas de torture se sont multipliés depuis que l’armée occupe le pouvoir.
L’IGFM a appelé le gouvernement allemand et ses homologues européens à appuyer plus concrètement le respect des droits de la personne en Egypte, invitant à conditionner l’aide au développement des pays occidentaux à des améliorations dans ce domaine.
Les élections parlementaires sont prévues à partir du 21 novembre. La date de l’élection présidentielle n’a pas encore été fixée. (549 mots-ENI-11-F-0112-JMP)