Rite pour couples pacsés dans l'EERV: une « résistance constructive » s'organise

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Rite pour couples pacsés dans l'EERV: une « résistance constructive » s'organise

4 décembre 2012
Et si le vote du synode réformé vaudois du 3 novembre était suspendu? Cette première semaine de décembre, une pétition est lancée. Elle demande un moratoire sur la décision d'offrir un rite aux couples de même sexe. De son côté, l'exécutif attend des propositions de la base jusqu'à fin janvier et prévoit un vote en juin.


Un mois après le vote du synode, la base de l'Eglise en prend peu à peu la mesure. Ils étaient près de 200 vendredi 30 novembre à Cugy (VD), dans les hauts de Lausanne. But de la soirée, dont la frange évangélique était le moteur: fédérer les déçus de la décision synodale du début du mois à St-Sulpice (VD). Pour rappel, le vote du synode avait été clair: 59 délégués s'étaient prononcés en faveur d'un rite pour les couples partenariés, 9 contre et 7 s'étaient abstenus (voir ci-dessous).

« Cette décision a laissé beaucoup de paroissien(-ne)s dans l'incompréhension, voire le désarroi. C'était pour nous l'occasion de se coordonner de manière constructive », explique Olivier Bader, un des initiateurs de la rencontre. Selon le pasteur du Nord-Vaudois, plus de 20 paroisses du canton (sur 88) étaient représentées. Une petite trentaine de ministres (pasteurs et diacres) ont fait le déplacement.

Démocratie limitée?

Une déclaration adressée au synode (parlement) sera mise en circulation dans les lieux d'Eglise dès le milieu de cette semaine. Sous la forme d'une pétition, elle demande un moratoire; soit un temps d'arrêt dans le processus qui démarre ces jours et devrait aboutir à un vote final sur un rite lors des débats de juin 2013. « La démarche est inédite, note David Freymond, président du synode. Pour l'exécutif, seuls une motion ou un postulat sont contraignants. » Mais le synode reste libre de revenir sur sa décision s'il le veut, précise-t-il, tout en ne souhaitant pas ce cas de figure.

La démocratie a ses limites pour gérer certains thèmes sensibles de la vie de l'Eglise. Le récent débat du synode le montre.

La démocratie en Eglise en prendrait-elle un coup? La décision du 3 novembre a en tous les cas révélé qu'en certains lieux, les liens étaient à retravailler entre les paroisses, les régions et leurs délégués au synode. La déclaration du 30 novembre, elle, va plus loin en postulant que certains sujets devraient être traités autrement qu'avec les outils parlementaires habituels. « La démocratie a ses limites pour gérer certains thèmes sensibles de la vie de l'Eglise. Le récent débat le montre », estime Olivier Bader.

Toujours est-il que le calendrier du Conseil synodal est clair. D'ici à fin janvier, l'exécutif attend des propositions de formes de rites. Il compte sur la créativités de la base. « D'ici là, nous sommes prêts à rencontrer tous les conseils d'Eglise qui en feraient la demande », explique la conseillère synodale Line Dépraz. S'ouvrira ensuite une période de consultation où des rencontres seront organisées dans les régions. Le Conseil se dit « attentif » à ceux que la décision a heurtés, mais soucieux de ne pas faire traîner le dossier. « En effet, note Line Dépraz, l'inconfort d'une période de transition entre un principe acquis et les modalités de son application ne profite à personne. »

« Pragmatisme ecclésial »

Certains, pourtant, en appellent au « pragmatisme ecclésial ». « Il y a un risque de fragilisation de l'unité de l'Eglise », explique Nicolas Monnier, pasteur à Yverdon-Temple. Sa paroisse – qui s'est prononcée jeudi dernier contre l'accueil sur son territoire d'un rite pour couples partenariés – a voté un postulat. S'il passe le cap de l'assemblée régionale, le texte contraindrait le Conseil synodal à débattre en synode d'une prise de température de tous les lieux d'Eglise sur cette question.

« Mais ce n'est qu'un outil parmi d'autres pour permettre un discernement », note le pasteur Monnier. Dans la même veine, le théologien Daniel Marguerat en appelait lundi 3 décembre dans les colonnes de 24heures à ce que les autorités évitent tout « pragmatisme brutal ».

Ces prochains mois montreront donc la manière dont l'EERV gère le pluralisme théologique dont elle se revendique. « Nous espérons vivement que le Conseil synodal prenne la mesure des divergences et posent les bases d’un dialogue de fond », souhaite le pasteur Olivier Bader. Fin novembre, l'exécutif déplorait quatre démissions de personnes occupant des fonctions à responsabilités dans l'Eglise et une vingtaine de lettres de membres qui menaçaient de la quitter. S. R.

Un long processus
Pour rappel, la décision du synode s'inscrit dans la suite des votes de 2008. Les délégués avaient alors voté l'accueil inconditionnel des couples de même sexe dans l'Eglise évangélique réformée vaudoise. Et demandé au Conseil synodal de plancher sur un rite d'accueil pour ces couples. Après une prériode de consultation lancée en 2011, le Conseil synodal décidait de mettre cet objet à l'ordre du jour du synode du 3 novembre dernier. Le compte-rendu des débats est disponible ici.