L’Union Européenne (UE) doit réagir face à la situation des Roms

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L’Union Européenne (UE) doit réagir face à la situation des Roms

5 avril 2013
Les Roms subissent discrimination, violences et expulsions en Europe. Plusieurs pays de l’UE ne respectent pas la Charte des droits fondamentaux à leur égard. A l’approche de la journée internationale des Rom du 8 avril, l’UE est montrée du doigt.

«L’Union Européenne ferme les yeux sur les pays qui ne respectent pas la Directive sur l’égalité raciale», explique Stella Jegher, directrice du programme Médias-Lobbying d’Amnesty International, à ProtestInfo. Ces quatre dernières années, 120 attaques graves à caractère raciste ont eu lieu en Europe de l’Est. Dénoncées aux forces de l’ordre, ces agressions n’ont, pour la plupart, pas été sanctionnées par les autorités étatiques.

Selon la Commission de l’UE, lorsqu’un Etat membre ne respecte pas le droit de l’Union, elle peut «saisir la Cour de justice pour mettre fin à cette infraction». «Des centaines de procédures sont engagées chaque année dans beaucoup de domaines différents, la Commission de l’UE va-t-elle utiliser ces moyens pour mieux protéger les Roms?», s’interroge la Stella Jegher.

Six millions de Roms dans l’UE

Quelque six millions de Roms vivent dans l’UE. Et encore six autres millions vivent en Europe dans les pays non-membres. Leur qualité de vie est largement en-dessous de la moyenne nationale. Dans l’UE, huit foyers Roms sur dix sont menacés de pauvreté. Et parmi la population adulte, seul un individu sur sept a terminé sa formation secondaire. «Les enfants subissent la discrimination à l’école», déplore Stella Jegher. En 2012, 24% des Européens estimaient être mal à l’aise à l’idée que leurs enfants soient en classe avec des Roms.

En Roumanie, en Italie et en France, cette minorité ethnique est fréquemment confrontée à des expulsions forcées. En République tchèque, en Grèce et en Slovaquie, la ségrégation à l’école est monnaie courante. Selon des études menées par le Conseil de l’Europe, les Nations Unies et le Centre européen des droits des Roms, environ 10% de la population bulgare est composée de Roms et 70% d’entre eux habitent dans des quartiers séparés des autres habitants.

«L’UE a le pouvoir de changer cette situation», rappelle Amnesty International. La Commission européenne peut sanctionner les Etats qui bafouent les droits fondamentaux des Roms. «Il est regrettable qu’elle ait jusqu’à présent été réticente à agir». Amnesty International a lancé un appel à l’UE pour qu’elle réagisse contre la discrimination de cette ethnie minoritaire. Un dossier sur la situation des Roms en Europe, intitulé Human rights here. Roma rights here. A wake-up call for the European Union, a aussi été rédigé par cette ONG. (comm./L.V.)

Qui sont les Roms ?

Le terme «Roms» ou «Rrom» désigne un ensemble de populations d’origine indienne. Ils ont quitté l’Inde vers le 7ème siècle pour aller en Turquie orientale, passant par la Perse et l’Arménie. A partir du 14ème siècle, lors de plusieurs vagues de migrations, ces populations ont traversé le Proche-Orient pour venir s’installer en Afrique du Nord, en Europe, en Amérique et en Australie.

Mais la majorité de cette ethnie vit actuellement dans les pays du sud-est de l’Europe. Suite aux guerres balkaniques en 1912 et 1913 et la création d’Etats uniformes sur le plan ethnique, leur situation s’est largement dégradée. Ils ont été de plus en plus marginalisés. Les Roms parlent le romani, une langue qui présente des similitudes avec le sanskrit écrit, et la langue du pays ou ils se trouvent. Les personnes établies dans les pays de l’Europe de l’Est sont en majorité des citoyens alors que les Roms vivant en Europe occidentale sont pour la plupart des migrants.