Photo: ©Alexandra Urfer Jungen/Célébrer.ch

«Félicitation à la paroisse qui vient de faire un bon choix! Vous vouliez un temple qui vit, et je peux vous assurer qu’avez Evaprod ce sera le cas», s’est enthousiasmée Françoise Ducommun, coprésidente du Conseil paroissial de La Chaux-de-Fonds, mardi soir au Temple Farel qui accueillait une assemblée paroissiale appelée à prendre une décision difficile: se séparer d’un ancien lieu de culte.

Dans une situation financière difficile, la paroisse de La Chaux-de-Fonds avait refusé en novembre dernier de poursuivre une étude pour transformer le temple inauguré en 1904 en centre paroissial et poursuivre ainsi l’expérience «Eglise ouverte» visant à proposer de nouvelles formes d’activités ecclésiales. La seule solution était donc de vendre la bâtisse, une alternative bien comprise par les paroissiens puisque c’est par 62 voix, contre 2 et 3 abstentions que les membres présents ont accepté le projet de vente à Evaprod, association privée qui donne des cours de comédie musicale et produit plusieurs spectacles par an.

Durant le débat qui a précédé la décision, qui doit encore être validée par le Conseil synodal (l’exécutif de l’Eglise au niveau cantonal), plusieurs intervenants ont rappelé les différentes qualités d’Evaprod. Avec 250 membres actifs, dont une centaine d’adolescents, Evaprod «ce n’est pas seulement du théâtre, de la danse et de la musique. C’est aussi de la solidarité. C’est tout ce qui se passe entre ces ados qui est important», a ainsi défendu Floriane Iseli, cofondatrice de l’association. Plusieurs paroissiens ont insisté sur l’importance pour la paroisse de garder des contacts avec Evaprod dans le futur, alors que d’autres souhaitaient qu’un droit de préemption en faveur de la paroisse soit ajouté au futur contrat de vente (une clause accordant à la paroisse la priorité sur tout autre acheteur si, dans le futur, Evaprod souhaitait ou devait revendre ce bien)

Anticipant toute question sur le prix de vente de cet immeuble, fixé à 200’000 francs seulement, Pierre Hirschy qui préside le groupe de travail sur l’avenir financier de la paroisse a expliqué que selon l’entrepreneur qu’il avait consulté «un bâtiment comme ça n’a de valeur que si on peut en faire quelque chose.» L’enveloppe extérieure du Temple de l’Abeille étant protégée, il est difficile de vendre ce bâtiment pour en faire des logements. Raison pour laquelle l’ancien Conseiller d’Etat neuchâtelois estime «Nous avons eu la chance d’avoir deux groupes intéressés par ce temple. Je dis la chance, car on ne vend pas un temple comme un immeuble de locations.» L’Eglise du Réveil s’était également montrée intéressée, mais a renoncé en raison de l’importance des travaux nécessaires pour adapter les lieux à ses besoins.

Evaprod promet de toucher le moins possible à l’intérieur des bâtiments. Ils installeront des rideaux noirs le long des murs, une sono, un dispositif d’éclairage, des gradins et une buvette, rien de plus. Il se pourrait même que les orgues restent en place. «Nous ne souhaitons pas être les seuls à pouvoir utiliser ces lieux», a précisé Jacint Margarit, cofondateur d’Evaprod. «A La Chaux-de-Fonds, il manque de salles de spectacles. Le Théâtre populaire romand est déjà souvent occupé, la location de l’Heure bleue est chère et la scène de l’ABC est trop petite pour certaines activités. Le Temple de l’Abeille pourra ainsi être une solution pour des fanfares locales, par exemple.»