Le COE organise un colloque œcuménique à Berne pour renforcer ses efforts de paix au Moyen-Orient
Quelques 65 théologiennes et théologiens issus des Églises membres du Conseil Œcuménique des Églises (COE) dans le monde y participeront. Ils étudieront le concept même de « Terre promise » et les questions théologiques qui y sont liées, afin « d’aider un plus grand nombre d’Églises à défendre la cause d’une paix juste ». Pour Michel Nseir, chargé du programme Moyen-Orient au COE, il est important d’appeler les Églises d’Europe, d’Afrique, d’Asie ou des Amériques à s’engager plus activement sur cette épineuse question. « Les Églises hésitent parfois à se prononcer sur la question, indique Michel Nseir. Elles craignent de s’impliquer et de critiquer la situation, pour des raisons historiques et d’interprétation biblique ». Des craintes nourries par le fait que le conflit israélo-palestinien est situé sur la terre que plusieurs religions considèrent comme sainte.
La théologie au service de la justiceLe choix d’aborder clairement les questions théologiques autour de la notion de Terre promise vise à permettre de dédramatiser ces questions, de mieux comprendre les peuples qui habitent cette Terre et les promesses bibliques qui la concernent. « Même s’il y a des hésitations quant à l’interprétation de ces textes, cela ne doit pas nous empêcher de prier et d’œuvrer pour la paix. Nous devons être plus prophétiques et avoir une approche plus globale ». Le but est de favoriser « une vision commune des liens qui existent entre les questions théologiques et le conflit ».
Quant à la « paix juste » à laquelle aspire le COE, elle est basée sur le droit international. « Nous considérons que dans notre monde, la justice de Dieu se traduit le mieux dans le respect du droit international », précise Michel Nseir.
La première initiative concrète du COE pour la paix au Moyen-Orient remonte à 2002, avec le Programme œcuménique d’accompagnement en Palestine et Israël (EAPPI), motivé par la situation qui se dégradait dans la région. Des « accompagnateurs œcuméniques » internationaux se rendent ainsi chaque année auprès des communautés vulnérables de Palestine afin de protéger ses habitants, manifester leur solidarité avec eux et défendre leur cause. Le réseau de partenaires sur place est constitué d’Églises palestiniennes et d’associations et ONG israéliennes. Ce programme vise également à faire connaître les aspirations des Églises et des groupes pacifistes des Territoires palestiniens occupés et d’Israël. Il veut enfin encourager les Églises hors des territoires concernés et les organisations partenaires à plaider en faveur d’une nouvelle orientation de la politique étrangère de leurs gouvernements au Moyen-Orient.
Le COE a également renforcé son action sur le terrain par la collaboration avec les Églises locales et la création du Centre inter-Églises de Jérusalem (JIC). Il a surtout confirmé son engagement avec la Conférence Internationale pour la Paix « les Eglises ensemble pour la paix et la Justice au Moyen Orient », tenue à Amman en Jordanie en 2007, dans le cadre de l’initiative inter-Églises « Forum œcuménique Palestine/Israël ».
C’est dans le cadre de ce Forum que se déroulera le colloque de Berne sur la Terre promise, sous les auspices de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) et des Eglises réformées Berne-Jura-Soleure. Mais cette forte visibilité protestante ne doit pas tromper. La dimension œcuménique du colloque se vérifiera au travers des intervenants orthodoxes, protestants et catholiques, plusieurs de ces derniers originaires du Moyen-Orient ayant répondu présents à l’invitation. Car si l’Église catholique romaine n’est pas membre du COE, le Conseil œcuménique du Moyen-Orient réunit les Églises catholiques locales.