Université de Fribourg : la faculté de théologie prépare une collaboration avec le Collège Babel de Bagdad
Depuis la guerre et le début de la période d’instabilité et de violence que vivent quotidiennement les Irakiens, la faculté de théologie fribourgeoise se préoccupe particulièrement du sort des chrétiens de ce pays. Ainsi l’été dernier, elle envoyait une délégation à Madame Calmy- Rey, afin de lui demander l’octroi, à titre exceptionnel, d’un quota de visas pour des étudiants en théologie souhaitant venir étudier dans ses murs. En l’absence de la conseillère fédérale, le responsable des affaires irakiennes avait promis d’étudier la question. « Nous n’avons aucune nouvelle et avons recommencé des démarches pour une nouvelle entrevue, je voudrais vraiment avoir fait avancer ce dossier avant la fin de mon décanat » note le recteur Max Küchler. Dans l’intervalle, des contacts ont été tissés avec des chrétiens d’Irak, notamment avec la direction du Collège Babel de Bagdad, seul lieu d’enseignement chrétien du pays. « Le recteur a accompagné l’archevêque en visite au printemps et nous avons avancé dans nos projets de collaboration » ajoute le recteur.
Des plans qui ont été confiés à une professeure assistante particulièrement motivée, puisque Lusia Markos Shammas est irakienne, venue en Suisse pour suivre ses études et y préparer sa thèse, tout en encadrant les étudiants de la faculté d’étiologie. « Pour l’instant, notre priorité n'est pas de faire venir des étudiants à Fribourg. C'est actuellement très difficile, nous préférons l’idée de l’échange de professeurs et d’étudiants, le temps pour eux de donner ou de suivre un cours. Histoire de rappeler que l’Irak ne possède pas que des richesses en pétrole mais aussi en culture et en connaissances. Les Irakiens ne souhaitent pas profiter de la sensibilité et de la générosité des Suisses, mais aussi donner quelque chose d’eux-mêmes. Il est essentiel, surtout en ce moment, de rappeler que l’Irak est une terre d’humanité », souligne Lusia.
Le groupe de travail envisage un voyage à Bagdad pendant la prochaine année universitaire, afin de rencontrer professeurs et étudiants et évaluer dans quels domaines les échanges pourraient avoir lieu. Ici, des étudiants ont déjà manifesté leur envie de partir quelques semaines à Bagdad approfondir leurs connaissances en spiritualité orientale ou découvrir de nouveaux outils du dialogue interreligieux « dans une société où on le pratique quotidiennement dans des conditions très difficiles », précise Lusia Markos Shammas. Quant aux professeurs irakiens, elle les voit bien venir à Fribourg donner des cours de langue syriaque, d’archéologie ou d’histoire de l’église orientale. « Un intérêt scientifique mutuel existe à ces échanges. C’est cela que nous voulons mettre en avant, même s’il faut dire et rappeler combien la vie est difficile aujourd’hui dans mon pays. Et souligner le défi que relèvent certains enseignants lorsqu’ils se déplacent jusqu’au nord pour donner un cours, au péril de leur vie. Le courage ne suffit pas, cette survie exige une grande prudence et une immense espérance. Et le pire est de constater qu’ici, on n’en parle plus, comme si tout allait bien…» conclut la professeure.