Saint Pixel, priez pour nous : l’historien Jean-François Mayer explore le foisonnement des sites religieux sur la Toile
3 juin 2008
« Qui est Dieu ? » : cette question est la plus tapée dans le moteur de recherche Google en 2007
Avec plus d’un million de sites et de blogs religieux actifs, la Toile offre un véritable supermarché de la spiritualité : s’y retrouvent sur un pied d’égalité les grandes religions de l’humanité, les courants religieux contemporains mais aussi toute une ribambelle de sectes et de mouvements minuscules. L’historien fribourgeois Jean-François Mayer décrypte cet étonnant champ religieux virtuel dans son dernier livre, « Internet et religion ».Allumer des cierges virtuels d’un clic de souris, prier devant son écran d’ordinateur, voir en permanence le Mur des Lamentations à Jérusalem grâce à une webcam, émettre des cyberfatwas, se convertir en ligne ou faire ses dévotions sur un site hindou : tout cela est possible sur Internet. Dans le foisonnement des sites et des blogs religieux et spirituels, il est difficile de s’y retrouver.
Fin connaisseur des tendances religieuses contemporaines, créateur du site indépendant Religioscope qui offre régulièrement des informations sur les religions dans le monde actuel, l’historien Jean-François Mayer a suivi de près la façon dont les grandes religions et les mouvements religieux se sont appropriés les nouvelles technologies.
Il analyse les stratégies déployées par les groupes religieux pour communiquer, réunir des assemblées virtuelles de fidèles, créer du lien entre des communautés, faire du prosélytisme et gagner des gens qu’on ne pouvait contacter auparavant. Il a suivi les outsiders qui deviennent acteurs au travers de blogs religieux et répondent à distance aux questions qui leur sont posées. Il observe l’apparition sur le Net d’une nouvelle « religiosité vagabonde et individualiste ».
Il relève le formidable impact de mouvements mineurs qui ont su bien utiliser la Toile, mais aussi l’efficacité redoutable de la critique de sectes, lancée par des gens isolés, qui peut amener des membres à quitter le groupe incriminé. La Toile devient en effet parfois, à travers ses blogs et ses forums religieux, un exutoire pour des frustrations, des mécontentements et des mises en cause. Il est également un lieu de controverses et de polémiques, voire le lieu de véritables guerres en ligne.
Jean-François Mayer cite l’exemple des critiques de la secte japonaise de Mahikari qui ont été diffusées sur la Toile par d’anciens adeptes déçus. ces critiques ont eu un effet négatif sur l’organisation visée. Un ancien membre de la secte en Australie, Garry Greenwood, y a publié un témoignage intitulé « All the Emperor’s Men ». Grâce aux moteurs de recherche, sa vision distancée a pu atteindre instantanément des personnes dans le monde entier et susciter pour le moins une réflexion sur le mouvement. Autre exemple : le formidable impact, grâce à Internet, des adversaires de la puissante Eglise de Scientologie ; cette dernière n’a pas réussi, malgré l’immensité de ses moyens, à noyer les critiques négatives mises en ligne dans le flot des sites qui lui sont favorables.
Il n’est en effet pas facile sur la Toile de faire taire la rumeur, même si elle est inexacte ou franchement calomnieuse, ni d’endiguer la diffusion de l'information et de la critique. La Chine, qui est aujourd’hui le second pays au monde par le nombre d’utilisateurs d’Internet, dispose du système de filtrage le plus élaboré de la planète. Les sites religieux sont particulièrement visés par cette censure. Reste à savoir combien de temps il lui sera possible de contrôler le Web et ses blogs et faire face aux défis sans cesse renouvelés d’évolutions technologiques toujours plus performantes. Les outils technologiques modernes, qui se sont imposés en peu de temps dans notre environnement quotidien, se retrouvent partie prenante des mutations contemporaines des religions et ouvrent parfois des voies à de véritables courants de réforme. Ils sont un défi au fonctionnement traditionnel des institutions et remettent en question les points de vue exclusifs, jusque-là imposés par les détenteurs du pouvoir religieux. « Internet et religion », Jean-François Mayer, avril 2008, éd. Religioscope.
Fin connaisseur des tendances religieuses contemporaines, créateur du site indépendant Religioscope qui offre régulièrement des informations sur les religions dans le monde actuel, l’historien Jean-François Mayer a suivi de près la façon dont les grandes religions et les mouvements religieux se sont appropriés les nouvelles technologies.
Il analyse les stratégies déployées par les groupes religieux pour communiquer, réunir des assemblées virtuelles de fidèles, créer du lien entre des communautés, faire du prosélytisme et gagner des gens qu’on ne pouvait contacter auparavant. Il a suivi les outsiders qui deviennent acteurs au travers de blogs religieux et répondent à distance aux questions qui leur sont posées. Il observe l’apparition sur le Net d’une nouvelle « religiosité vagabonde et individualiste ».
Il relève le formidable impact de mouvements mineurs qui ont su bien utiliser la Toile, mais aussi l’efficacité redoutable de la critique de sectes, lancée par des gens isolés, qui peut amener des membres à quitter le groupe incriminé. La Toile devient en effet parfois, à travers ses blogs et ses forums religieux, un exutoire pour des frustrations, des mécontentements et des mises en cause. Il est également un lieu de controverses et de polémiques, voire le lieu de véritables guerres en ligne.
Jean-François Mayer cite l’exemple des critiques de la secte japonaise de Mahikari qui ont été diffusées sur la Toile par d’anciens adeptes déçus. ces critiques ont eu un effet négatif sur l’organisation visée. Un ancien membre de la secte en Australie, Garry Greenwood, y a publié un témoignage intitulé « All the Emperor’s Men ». Grâce aux moteurs de recherche, sa vision distancée a pu atteindre instantanément des personnes dans le monde entier et susciter pour le moins une réflexion sur le mouvement. Autre exemple : le formidable impact, grâce à Internet, des adversaires de la puissante Eglise de Scientologie ; cette dernière n’a pas réussi, malgré l’immensité de ses moyens, à noyer les critiques négatives mises en ligne dans le flot des sites qui lui sont favorables.
Il n’est en effet pas facile sur la Toile de faire taire la rumeur, même si elle est inexacte ou franchement calomnieuse, ni d’endiguer la diffusion de l'information et de la critique. La Chine, qui est aujourd’hui le second pays au monde par le nombre d’utilisateurs d’Internet, dispose du système de filtrage le plus élaboré de la planète. Les sites religieux sont particulièrement visés par cette censure. Reste à savoir combien de temps il lui sera possible de contrôler le Web et ses blogs et faire face aux défis sans cesse renouvelés d’évolutions technologiques toujours plus performantes. Les outils technologiques modernes, qui se sont imposés en peu de temps dans notre environnement quotidien, se retrouvent partie prenante des mutations contemporaines des religions et ouvrent parfois des voies à de véritables courants de réforme. Ils sont un défi au fonctionnement traditionnel des institutions et remettent en question les points de vue exclusifs, jusque-là imposés par les détenteurs du pouvoir religieux. « Internet et religion », Jean-François Mayer, avril 2008, éd. Religioscope.