Les experts des Eglises dénoncent les compteurs d’eau prépayés en Afrique, qui menacent les plus pauvres
22 mai 2008
Au Lesotho, en Afrique du Sud et dans de nombreux pays d’Afrique, les systèmes qui obligent les consommateurs à n’utiliser que l’eau qu’ils ont payée d’avance se répandent, au motif qu’ils permettent de financer une meilleure infrastructure de distribution de l’eau
Les experts des Eglises jugent au contraire cette approche problématique, parce qu’elle menace l’accès des plus pauvres à ce bien indispensable à la vie. Les compteurs d’eau prépayés fonctionnent de manière analogue aux téléphones portables à prépaiement. L’utilisateur achète une carte contenant un crédit pour une certaine quantité d’eau. En insérant la carte dans un compteur d’eau de ménage ou une source publique, on peut tirer de l’eau jusqu’à l’épuisement du crédit. Pour Michael Windfuhr, directeur du département des droits de la personne à l’agence protestante allemande Pain pour le monde et membre du groupe directeur du Réseau œcuménique de l’eau, « les compteurs d’eau prépayés sont hautement problématiques. Si une personne n’a plus d’argent et que sa carte est vide, elle ne peut se procurer de l’eau pour satisfaire ses besoins fondamentaux. Il devrait être impossible de priver quiconque de l’accès à l’eau. ». En Afrique du Sud, les compteurs d’eau prépayés sont installés dans un but d’économie, mais ne sont toutefois imposés qu’aux communautés noires pauvres, et non aux communautés des banlieues aisées où l’on gaspille ce liquide. Le tribunal de grande instance de Johannesburg a récemment déclaré la situation inconstitutionnelle, affirmant que les gens devaient pouvoir choisir entre compteurs prépayés et système traditionnel. Les systèmes de prépaiement de l’approvisionnement en eau ont été abordés dans le cadre d’une conférence tenue en avril par la Réseau œcuménique de l’eau au Lesotho. Ce Réseau appelle aujourd’hui les Eglises à s’engager dans des campagnes de promotion du droit humain à l’eau, au nom du soutien dû aux plus pauvres et plus marginalisés.