Les Eglises réformées Berne-Jura-Soleure ont célébré plus d’enterrements que de mariages et de baptêmes en 2006
Les Eglises réformées Berne-Jura-Soleure livraient voici un mois un portrait démographique, analysant de manière détaillée les résultats du recensement de la population en l’an 2000, afin d’adapter leur mission à l’évolution de la société et de préparer l’avenir. Les dernières statistiques publiées par ces mêmes Eglises dans leur rapport d’activité 2006* confirment le diagnostic fait à cette occasion : l’an dernier, 7362 enterrements ont été célébrés sur le territoire de l’Union synodale Berne-Jura-Soleure, soit davantage que les 1493 mariages et 4434 baptêmes enregistrés durant la même période. Les baptêmes sont en chute libre par rapport à l’an dernier (322 de moins qu’en 2005). « C’est une donnée assez difficile à interpréter. Le recul des naissances joue certainement un rôle, mais aussi l’augmentation du nombre de personnes qui ne déclarent plus aucune appartenance religieuse, qui a passé en trente ans de 1 à 9% de la population », commente Samuel Lutz, président du Conseil synodal. « Enfin, en tant que pasteur, j’ai pu constater que de nombreux parents rejettent le baptême ou, lorsqu’ils souhaitent une cérémonie, lui préfèrent une simple bénédiction de l’enfant ». Peur de prendre un engagement qu’ils ne sont pas certains de pouvoir tenir, ou d’exercer une sorte de choix au nom de l’enfant ? Quoi qu’il en soit, cette tendance contribue, lentement mais sûrement, à faire fondre le nombre de réformés dans les Eglises Berne-Jura-Soleure. Difficile également de savoir pour quelle raison les protestants quittent l’Eglise, puisque sur 2723 sorties en 2006, les plus nombreux, soit 1699, ne donnent aucun renseignement sur les motifs de leur décision. Ceux qui se disent " distanciés de l’institution Eglise" sont au nombre de 566. 270 personnes évoquent des raisons financières et refusent de payer l'impôt paroissial. Enfin 128 personnes se sont converties à une autre communauté religieuse.
Le rapport démontre pourtant la vitalité des Eglises réformées Berne-Jura-Soleure, à l’origine de la déclaration œcuménique sur l’eau signée par la Fédération des Eglises protestantes de Suisse, la Conférence des évêques suisses et les Eglises brésiliennes, à laquelle la déclaration « l’Eau, source de vie », adoptée par le Conseil œcuménique des Eglises en février à Porto Alegre, rend hommage. Prêtes à innover, ces Eglises ont envisagé adopter les principes de la nouvelle gestion publique, suivant ainsi le canton de Berne. Elles auraient été la première Eglise réformée, en Suisse, à l’adopter. « Nous avons renoncé pour deux raisons : des questions de taille, tout d’abord, l’Eglise se révélant une entreprise trop petite pour justifier un changement complet du système, et l’attachement aux compétences démocratiques du Synode (parlement de l’Eglise), dont il aurait, pour beaucoup, dû faire le deuil. La majorité a donc renoncé à changer de système », motive Samuel Lutz. La modification de la loi sur le personnel du canton de Berne a poussé le Conseil synodal à envisager l'adaptation du droit du personnel des Eglises réformées sur deux points : la possibilité de verser un dédommagement lors de réorganisation des postes de l’Eglise, et le maintien de la convention collective de travail, qui régit depuis une dizaine d’années le personnel des Eglises réformées et dont les syndicats refusent la suppression.
Les nouvelles lois sur l’asile et les étrangers continuent à préoccuper les Eglises réformées Berne-Jura-Soleure, qui ont mené une démarche non publiée au sujet des cas de rigueur auprès de la direction de police du canton de Berne, et se sont penchées, lors d’une séance de la conférence interconfessionnelle du même canton, sur le cas des personnes ne disposant plus de l’aide d’urgence. Le souci du bon emploi des fonds versés motive aussi l’action de l'Union synodale Berne-Jura-Soleure : « Près du tiers de nos moyens sont versés sous forme de subventions à des œuvres diverses, certaines subventions dépassant les 200'000 francs. Dans les contrats de prestations que nous concluons avec les œuvres, nous souhaitons désormais que notre soutien soit mieux mis en valeur », souligne Samuel Lutz. C’est également une convention de prestation que l’Eglise réformée et catholique romaine de Berne a conclu le premier janvier dernier avec l’Eglise ouverte à tous du Saint-Esprit, à la gare de Berne, qui « a commencé en tant qu’Eglise ouverte qui offrait de la soupe aux sans-abris et évolue peu à peu en centre interreligieux, avec une équipe œcuménique collaborant aussi avec des Eglises libres ».