Pourquoi les protestants ne paient-ils pas la contribution ecclésiastique ? Neuchâtel esquisse des réponses

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Pourquoi les protestants ne paient-ils pas la contribution ecclésiastique ? Neuchâtel esquisse des réponses

20 mars 2007
Fin 2006, l’Eglise réformée évangélique neuchâteloise (EREN) a réalisé un sondage auprès de 500 personnes pour connaître quelle est son image dans le canton
Surprise : alors que seules 4% des contributions ecclésiastiques sont payées intégralement, près de 40% des sondés disent l’avoir fait en tout ou partie.Confrontée à des difficultés financières sérieuses, l’Eglise réformée évangélique du canton de Neuchâtel (EREN) a voulu donner la parole à la population protestante pour connaître son image auprès du public et envisager ce qu’elle pourrait faire pour améliorer son implication dans la société. Indirectement, c’est un plus grand soutien financier qui est visé. Depuis 1998, le versement bénévole de la contribution ecclésiastique par les personnes physiques a perdu plus d’un million de francs ; l’an prochain, l’Eglise protestante neuchâteloise espère engranger quelque 5'560'000 francs, soit à peu près l’équivalent de 2005. « Plus de 70% des personnes, se déclarant protestantes, ne paient pas », constate Georg Schubert, membre du Conseil synodal, responsable du secteur administratif et financier. « Seules 4% des factures sont payées intégralement ».

A ceci s’ajoute une indifférence religieuse croissante (22% de la population ne déclarent plus d’appartenance confessionnelle) et, le départ chaque année de près de 1000 protestants (suite à un déménagement ou un décès). S’ils restent encore majoritaires dans le canton avec 63'974 personnes se déclarant réformées, les protestants ont perdu plus de 30'000 adeptes en 30 ans, alors que le nombre des catholiques (51'257) est resté à peu près stable. Le sondage s’est donc focalisé sur les personnes se déclarant protestantes au téléphone, de manière à constituer un échantillon représentatif de la population réformée neuchâteloise selon l’âge et le sexe.

Premier élément remarquable dans une période marquée par l’individualisme : l’attachement des protestants neuchâtelois à une Eglise réformée, même dans son aspect institutionnel dont elle ne peut, selon les répondants, être coupée. Cet attachement est lié à un taux de satisfaction élevé concernant les cultes (68% des sondés se disant « très ou plutôt satisfaits »), qui va de pair avec des attentes envers l’Eglise : elle doit transmettre des valeurs sociales pour 80% des répondants, qu’ils soient ou non pratiquants. Ces valeurs sont l’amour du prochain, la solidarité, la tolérance, le respect d’autrui. Le sondage révèle aussi des attentes de services de proximité et de flexibilité, qui pourraient se concrétiser par la mise sur pied d’une ligne téléphonique (numéro vert ou d’urgence), permettant de réagir plus rapidement qu’en appelant le pasteur de sa paroisse.

Les protestants attendent que l’Eglise soit proche d’eux dans les moments difficiles ou importants de la vie, comme les services funèbres, les mariages ou les baptêmes. Ces actes apportent des repères sur le sens de l’existence et pourraient être facturés pour 56% des sondés, beaucoup plus facilement en tout cas que les services d’action sociale dans les hôpitaux ou les prisons (seuls 17% y sont favorables). Près de 80% pensent que l’enseignement religieux doit être présent à l’école, bien que dans les faits, ces leçons souffrent du manque d’effectifs. Si cette image est si positive, pourquoi les gens ne paient-ils donc pas, puisque 85% sont conscients des difficultés financières de l’Eglise? Certains protestants connaissent des difficultés économiques (les personnes ayant un revenu plus bas paient significativement moins que celle qui gagnent davantage). Toutefois, il y a paradoxalement un taux d’indifférence à ce problème relativement élevé, en particulier parmi les jeunes adultes. « Il faut que nous sensibilisions nos membres à la solidarité due à l’Eglise. Si l’on continue à lui demander des services sans verser de contrepartie pratique ou financière, la solidarité de quelques-uns ne suffira plus à satisfaire tous les autres », constate Gabriel Bader, président du Conseil synodal neuchâtelois.

Comment passer d’une Eglise-assistanat à une Eglise qui intègre ? Des pistes seront présentées au Synode (législatif) de juin. Dans l’immédiat, la population est invitée à se joindre aux soirées de réflexion qui seront organisées mardi 27 mars à 20h. au Temple du Bas et jeudi 29 mars à 20h. à la salle des Forges de la Chaux-de-Fonds.