Allemagne : l’évêque luthérienne à la tête de la plus grande Eglise protestante régionale du pays invite les autorités à dialoguer avec les terroristes encore emprisonnés de la Bande à Baader

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Allemagne : l’évêque luthérienne à la tête de la plus grande Eglise protestante régionale du pays invite les autorités à dialoguer avec les terroristes encore emprisonnés de la Bande à Baader

1 février 2007
L’évêque luthérienne allemande Margot Kässmann, à la tête de la plus grande Eglise protestante régionale d’Allemagne, l’Eglise évangélique luthérienne de Hanovre, a invité les autorités à entamer un dialogue avec les membres encore emprisonnés de la Fraction armée rouge (Rote Armee Fraction, RAF), un groupe terroriste connu dans les années 1970 sous le nom de Bande à Baader
Ce groupe avait organisé à partir des années 70 une campagne terroriste visant les responsables de la politique et des affaires économiques dans ce qui était alors l’Allemagne de l’Ouest. Il avait notamment assassiné l’ancien président du patronat allemand Hans-Martin Schleyer.

« Que l’Etats refuse de dialoguer avec les terroristes de la RAF ne serait pas un signe d’autorité », a déclaré l’évêque Kässmann dans une interview à l’agence de presse protestante EPD.

Cette invitation est intervenue après que le président Horst Köhler a démenti les affirmations de certains médias, évoquant une future visite à Christian Klar, un condamné à la prison à vie qui a sollicité la grâce présidentielle. Ce membre de la RAF, condamné à cinq peines de prison à vie en 1985, ne pourra pas demander être mis en liberté avant 2009 s’il n’obtient pas la grâce de la part du président. Ce débat intervient alors qu’un tribunal doit statuer prochainement sur la demande de mise en liberté sur parole d’une autre membre de la RAF, Brigitte Monhnhaupt.

« Ne libérez pas les meurtriers de mon mari ! » a déclaré de son côté au quotidien Bild Waltrude Schleyer. La veuve de l’ancien président du patronat allemand Hans-Martin Schleyer, assassiné par la RAF, a estimé que ses assassins « ne méritent pas l’indulgence ».

L’évêque Margot Kässmann a admis que personne ne pouvait obliger les proches des victimes à faire preuve d’indulgence et à accorder leur pardon. « Je peux comprendre que certains d’entre-eux ne soient pas capables de le faire » a concédé l’évêque. Selon elle, chaque pas vers la possibilité d’un pardon, tel celui demandé par Christian Klar, doit être étudié avec attention d’un point de vue juridique. Les informations diffusées par les médias pour savoir si Christian Klar a exprimé des regrets pour ses actes restent contradictoires.

« Je ne suis pas sûre que les coupables aient la force d’avouer leur culpabilité » a déclaré l’évêque Kässmann. « S’ils le faisaient, ils devraient admettre non seulement que les vies d’autres personnes, mais aussi leur propre vie ont été détruites parce qu’ils ont été séduits par une idéologie. Ce serait quelque chose de difficile, mais de nécessaire si nous voulons regarder vers l’avenir ».