Hommage unanime à l'abbé Pierre, "l'insurgé de Dieu"

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Hommage unanime à l'abbé Pierre, "l'insurgé de Dieu"

23 janvier 2007
Le décès de l’abbé Pierre à Paris le 22 janvier à l’âge de 94 ans suscite une immense émotion en France
L’ensemble de la classe politique et des responsables religieux et associatifs a salué le combat du fondateur du mouvement Emmaüs, engagé toute sa vie auprès des plus démunis. "Avec cette disparition, c’est toute la France qui est touchée au coeur", a déclaré le président de la République Jacques Chirac. Les hommages unanimes sont venus de tous les horizons politiques et religieux. "Le long cri de colère de l’abbé Pierre ne doit pas s’éteindre" a souligné Ségolène Royal, candidate socialiste à l’élection présidentielle. "C’était un génie de la charité", a déclaré pour sa part Philippe Barbarin, cardinal archevêque de Lyon, ville où est né, dans une famille bourgeoise, l’abbé Pierre, de son vrai nom Henri Grouès.

Engagé dans la Résistance, où il a pris le nom d'abbé Pierre, député après la Seconde Guerre mondiale, le religieux était l’une des personnalités préférées des Français. Sa lutte pour les sans-abri a marqué l’histoire de la France depuis 1954, date où il avait lancé à la radio "l’insurrection de la bonté", mobilisant l’opinion publique. Selon le pasteur Jean-Arnold de Clermont, président de la Fédération protestante de France, l'abbé Pierre "n'était pas seulement un prophète, au-delà de l'insurrection de la bonté, il a su installer son action dans la durée, car la justice demande la durée."

"L’abbé Pierre avait la préoccupation de la justice," a expliqué le pasteur Olivier Brès, secrétaire général de la Fédération de l’entraide protestante, qui regroupe les associations oeuvrant dans le domaine social. Il ne limitait pas son combat au registre charitable, mais il réclamait des réformes sociales. Respecté, l’homme d’Eglise avait parfois pris position contre la doctrine officielle du Vatican. Il s’était notamment déclaré favorable à l’usage du préservatif dans la lutte contre le SIDA, à l’ordination des femmes et au mariage des prêtres.