Les perspectives de la FEPS pour une mondialisation à visage humain

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Les perspectives de la FEPS pour une mondialisation à visage humain

21 octobre 2005
A travers un rapport fouillé, la Fédération des Eglises protestantes de Suisse propose son modèle pour favoriser le débat dans une perspective éthique et chrétienne
Mais avant d’influencer les mondes politiques et économiques, il lui faudra compter sur la mobilisation de ses membres. Globalance : voilà le nouveau maître-mot de la FEPS vis-à-vis d’une « mondialisation à visage humain ». Mélange de « global » et de « balance », le modèle présenté par la Fédération des Eglises protestantes de Suisse entend participer « à la formation de l’opinion au sein des Eglises, mais aussi de l’économie et de la politique ». Il s’agira donc de surmonter un double défi : convaincre en interne les Eglises cantonales, d’abord. Un premier pas sera sans doute franchi en ce sens lors de l’Assemblée des délégués, en novembre prochain. « Au fond, le pire serait de rencontrer un total désintérêt », reconnaît le président du Conseil de la FEPS Thomas Wipf, conscient qu’entre difficultés économiques et restructurations internes, il ne reste plus beaucoup d’énergie aux communautés réformées pour s’investir et ouvrir le débat en vue d’un monde plus juste.

Cette étape s’avère pourtant indispensable à la visibilité de l’important travail effectué par l’Institut de Théologie et d’Ethique de la FEPS. Car, comme les deux signataires du rapport, Christoph Stückelberger et Hella Hoppe, « les Eglises peuvent donner des signes tangibles au sein de la société comme dans leur propre institution en faveur d’une mondialisation socialement et écologiquement équilibrée ». Par ailleurs, elles ne sont pas des institutions abstraites, mais des regroupements d’hommes et de femmes. Ces recommandations s’adressent donc « à chacun de ses membres ». Devenir un partenaire des décideursC’est fort de cette mobilisation interne que la FEPS pourra approcher les décideurs politiques et économiques, ainsi que les différents acteurs de la vie publique. Souvent sollicitée pour donner son éclairage sur diverses questions éthiques, la Fédération entend répondre à cette interrogation fondamentale : d’un point de vue chrétien, quel jugement éthique et théologique faut-il porter sur la mondialisation ? Quelles conséquences faut-il en tirer ? « Les Eglises multitudinistes peuvent intervenir comme des partenaires directs », aider les gens à prendre position, et tenter d’influencer les orientations publiques et privées.

Globalance, le programme de la FEPS peut se résumer ainsi : pour se monter utile et non nuisible à l’être humain, « la mondialisation a besoin d’une balance globale des valeurs, (…) en évitant les extrémismes » et les discours doctrinaux qui conduisent au blocage. Trop souvent, en effet, des valeurs reconnues comme justes entrent en opposition face à la complexité des phénomènes et des mécanismes en jeu. « La mesure universelle permettant de combattre efficacement toutes les injustices n’existe pas », insiste Peter Schmid, membre du Conseil de la FEPS.

Pour autant, « cette évolution n’est pas une fatalité, mais le résultat de l’action humaine. Nous pouvons donc agir, contribuer à une meilleure répartition des pouvoirs et des richesses, à un plus grand respect de la nature, à favoriser le développement ou l’égalité entre les sexes. Pour cela, loin d’une acceptation vague et indifférenciée, la « globalance » propose « d’entretenir une tension créatrice entre des couples de valeurs » fondamentales : liberté et justice, participation et solidarité ou encore unité et diversité. Exemple d’application à propos d’un sujet d’actualité : le travail du dimanche, où « l’élargissement de la liberté de consommation des uns ne doit pas entraîner une réduction de la liberté des autres ».

S’inscrivant dans le mouvement œcuménique mondial, la Fédération des Eglises protestantes de Suisse entend également défendre son modèle lors de l’Assemblée du Conseil œcuménique des Eglises (COE) lors de sa prochaine assemblée générale à Porto Alegre début 2006, ainsi qu’au Forum de Davos, où l’on sait qu’elle a préféré quitter l’organisation de l’Open Forum. Souhaitons que ces efforts ne restent pas lettre morte.