La Bible entre paradoxes et mystères

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La Bible entre paradoxes et mystères

14 octobre 2005
Après sa « Bible pour les Nuls », Eric Denimal s’attaque à quelques-unes des grandes énigmes des Ecritures
Sans en épuiser le sens, naturellement, mais en explorant une voie féconde entre lecture fondamentaliste et doute généralisé. La Bible est une bibliothèque. Une fabuleuse collection de récits et de textes fondateurs, les plus traduite depuis l’invention de l’imprimerie. Autant dire que l’on n’a pas fini d’en épuiser les interprétations, ni d’en tirer de nouvelles découvertes. Pour aborder un tel monument, la plupart du temps, la critique se divise en deux camps : celui des croyants et celui des sceptiques.

Voilà tout l’intérêt du nouvel ouvrage d’Eric Denimal*, bibliste et journaliste à qui l’on doit déjà l’entrée de ce best-seller mondial dans la collection « pour les Nuls » : ne pas opposer les deux lectures, mais tenter de « comprendre ce que l’on veut transmettre au-delà des faits bruts ». L’auteur part donc du principe que ce qui est écrit demeure crédible, que le texte en lui-même n’est pas remis en question. Parce que « si nous abordions chacune des histoires choisies en mettant en doute la véracité de ce qu’elles relatent, nous n’aurions plus à décrypter puisque tout serait sujet à caution ».

Autrement dit, pour Eric Denimal, s’intéresser au sens profond de l’aventure humaine que narrent les Ecritures demande pour le moins une volonté d’interprétation et non de déconstruction systématique. Car « la Bible demeure un livre de référence incontournable », non seulement pour tous les chrétiens, mais de manière plus large en vue de l’assimilation de notre héritage judéo-chrétien. Il faut donc « une certaine dose d’ouverture à la foi pour entrer dans l’ambiance de ce livre ».

Création de l’homme et de la femme, le premier meurtre ou l’histoire de Caïn et Abel, le déluge, les dix plaies d’Egypte ou encore la signification des chiffres bibliques : dans un premier temps, chaque récit étudié est raconté de manière à la fois simple et fouillée, un peu à la manière d’un roman historique. Ensuite, le sens est questionné dans un premier temps en interne, à travers les résonances que l’on peut trouver ailleurs dans ce vaste ensemble de livres rédigés à des époques et dans des buts bien différents. Enfin, Eric Denimal s’arrête à quelques-unes des interprétations laissées de côté par des générations d’exégètes qui ont cherché à percer le secret de ces nombreuses énigmes. Avec, reconnaît-il, apparaissent « des explications qui ne font parfois que soulever d’autres problèmes insolubles…pour le moment ».

Un exemple, celui du Déluge et de l’arche de Noé. Souvent, il n’en reste qu’un beau conte pour les enfants, qui adorent cette idée d’animaux embarqués au milieu de la terre inondée. Ou alors on chosiit de prendre ce récit pour argent comptant, comme le montrent les innombrables explorations ayant tenté, et cela depuis la plus lointaine Antiquité, de retrouver le fameux bateau au sommet ou sur les flancs du mont Ararat. Le théologien évoque naturellement les récits de déluge les plus connus, puisque la plupart des cultures possèdent le leur. Le plus connu d’entre eux reste sans doute l’épopée de Gilgamesh, bien sûr, récit d’origine mésopotamienne, bien plus ancien que celui de l’Ancien Testament, où « les dieux ont décidé de submerger la terre pour punir les hommes parce qu’ils sont trop…bruyants ». Averti par la divinité des eaux, Ea, Outanapishtin construit une embarcation. Et les animaux sont aussi du voyage.

Le déluge biblique s’inscrit donc dans une tradition quasi universelle. Y a-t-il eu une catastrophe planétaire dont ces différents textes se feraient l’écho ? Beaucoup d’archéologues et autres géologues n’en ont trouvé nulle trace. Mais alors, pourquoi retrouve-t-on certaines constantes à travers des trames pourtant bien différentes : les animaux, le bateau, la famille ? « Le mystère reste entier ». Eric Denimal se contente donc d’émettre un certain nombre d’hypothèses, à commencer par un homme qui, au sortir de l’arche devient omnivore. Il semble en effet que, jusqu’alors, il eût été végétarien. « Tuer les animaux pour s’en nourrir serait alors aussi de canaliser une certaine violence instinctive » propre à la nature humaine ». Passionnant. UTILE

Eric Denimal, Les grandes Enigmes de la Bible », First Editions