Faire mieux avec moins : l’Eglise réformée vaudoise veut mettre l’accent sur la spiritualité et la rencontre
9 juin 2005
Lucide, l’Eglise Evangélique Réformée vaudoise (EERV), dont les effectifs ont passé en 35 ans de 60% à 38 % de la population, a eu le courage de se regarder en face
S’appuyant sur les attentes de la population, répertoriées par un sondage, le Conseil synodal a dressé un catalogue de 21 priorités pour renforcer sa capacité à se mettre au service de tous, les pratiquants comme les distancés de l’Eglise, à proposer des lieux de spiritualité forte et à réaffirmer sa foi . Un programme qui sera soumis au vote lors du prochain Synode le 24 juin prochain. Tour d’horizon des nouvelles orientations.« Nous sommes une petite Eglise » : la réalité ne fait pas peur au pasteur Antoine Reymond, membre permanent du Conseil synodal vaudois. « Il nous faut faire le deuil de ce que nous ne sommes plus, ça nous libère et nous permet de mieux inventer l’avenir ». L’Eglise Réformée du canton de Vaud n’est plus l’Eglise d’Etat qu’elle fut pendant près de deux siècles. Les protestants sont devenus minoritaires dans un paysage religieux qui s’est considérablement diversifié. Par ailleurs, l’Etat a taillé 2,5 millions de francs dans le budget de l’EERV, sans parler de la prochaine mise en vente de 19 cures, propriétés de l’Etat, ce qui porte un coup à la visibilité de l’Eglise. Désormais donc, elle doit faire mieux avec moins, mais surtout autrement. C’est pourquoi elle a cherché à dégager ses priorités et à redéfinir sa foi. Antoine Reymond rappelle sa vocation d’accueil « inconditionnel » dicté par l’Evangile :
Nous sommes une Eglise multidiniste qui s’adresse à chacun. Il nous faut donc trouver un langage et des lieux qui permettent de rejoindre les gens dans leur vie, là où ils sont. Il y a des lieux où nous sommes attendus, notamment dans l’entraide sociale et la solidarité, comme l’a montré le sondage. Les ministères de solidarité nous permettent en effet de rencontrer beaucoup de monde. Mais il nous faut affiner et réorienter nos offres d’accompagnement spirituel. Les gens vont aujourd’hui volontiers faire des retraites dans des monastères. Ces communautés vivantes, par le simple fait qu’elles existent, attirent les personnes en recherche, qui ont besoin d’un temps de paix, de ressourcement et de questionnement. Les Réformés, qui ont toujours privilégié l’enseignement plutôt que la méditation spirituelle, n’ont pas de tradition monastique. C’est notre point faible. A nous protestants de proposer aujourd’hui des espaces de partage, de questionnement et d’écoute, une manière vivante de vivre sa spiritualité, sans forcément se sentir obligés de proposer des réponses. Le but n’est pas d’augmenter la communauté croyante mais de la rendre plus rayonnante. Quel avenir pour les paroisses ?A notre avis, l’avenir des paroisses est d’être justement ces lieux qui nourrissent les fidèles qui sont là mais aussi les gens de passage qu’on accueille. L’Eglise a un rôle à jouer comme point de rencontres de ceux qui, par ailleurs, ne se rencontrent pas. Il nous faut faire le deuil du temps où tout se trouvait dans le même lieu, du baptême à la tombe. Et utiliser les paroisses d’une manière différente. Avec en plus, quelques lieux phares comme la cathédrale de Lausanne et l’abbatiale de Romainmôtier, pour des célébrations avec de belles liturgies et des moments forts, mais aussi des cultes plus méditatifs dans l’esprit de Taizé. Il nous faut instituer des rendez-vous fixes et non pas événementiels afin qu’ils soient connus le plus largement possible.En résumé, vous souhaitez privilégier deux axes?Oui, le spirituel et le contact à travers la diaconie et les ministères de solidarité. Nous allons mettre beaucoup moins d’énergie dans les structures, ce qui permettra aux ministres de retrouver leur indépendance et leurs responsabilités. Nous allons aussi mieux réaffirmer notre identité chrétienne et intensifier nos relations avec l’Eglise catholique et les Eglises évangéliques.L’identité de l’Eglise va-t-elle changer ? Une identité n’est pas quelque chose de fixe, elle évolue au fil des drames ou des joies qui nous touchent. L’identité n’est pas un monolithe, nous voulons la nôtre ouverte. Dieu ne s’est-il pas fait homme afin d’être proche des humains, pour être avec eux ? Si le message de l’Evangile est toujours le même, nous devons par contre mieux l’inscrire dans notre temps, qui a changé. Nous ne devons pas craindre le changement.
Nous sommes une Eglise multidiniste qui s’adresse à chacun. Il nous faut donc trouver un langage et des lieux qui permettent de rejoindre les gens dans leur vie, là où ils sont. Il y a des lieux où nous sommes attendus, notamment dans l’entraide sociale et la solidarité, comme l’a montré le sondage. Les ministères de solidarité nous permettent en effet de rencontrer beaucoup de monde. Mais il nous faut affiner et réorienter nos offres d’accompagnement spirituel. Les gens vont aujourd’hui volontiers faire des retraites dans des monastères. Ces communautés vivantes, par le simple fait qu’elles existent, attirent les personnes en recherche, qui ont besoin d’un temps de paix, de ressourcement et de questionnement. Les Réformés, qui ont toujours privilégié l’enseignement plutôt que la méditation spirituelle, n’ont pas de tradition monastique. C’est notre point faible. A nous protestants de proposer aujourd’hui des espaces de partage, de questionnement et d’écoute, une manière vivante de vivre sa spiritualité, sans forcément se sentir obligés de proposer des réponses. Le but n’est pas d’augmenter la communauté croyante mais de la rendre plus rayonnante. Quel avenir pour les paroisses ?A notre avis, l’avenir des paroisses est d’être justement ces lieux qui nourrissent les fidèles qui sont là mais aussi les gens de passage qu’on accueille. L’Eglise a un rôle à jouer comme point de rencontres de ceux qui, par ailleurs, ne se rencontrent pas. Il nous faut faire le deuil du temps où tout se trouvait dans le même lieu, du baptême à la tombe. Et utiliser les paroisses d’une manière différente. Avec en plus, quelques lieux phares comme la cathédrale de Lausanne et l’abbatiale de Romainmôtier, pour des célébrations avec de belles liturgies et des moments forts, mais aussi des cultes plus méditatifs dans l’esprit de Taizé. Il nous faut instituer des rendez-vous fixes et non pas événementiels afin qu’ils soient connus le plus largement possible.En résumé, vous souhaitez privilégier deux axes?Oui, le spirituel et le contact à travers la diaconie et les ministères de solidarité. Nous allons mettre beaucoup moins d’énergie dans les structures, ce qui permettra aux ministres de retrouver leur indépendance et leurs responsabilités. Nous allons aussi mieux réaffirmer notre identité chrétienne et intensifier nos relations avec l’Eglise catholique et les Eglises évangéliques.L’identité de l’Eglise va-t-elle changer ? Une identité n’est pas quelque chose de fixe, elle évolue au fil des drames ou des joies qui nous touchent. L’identité n’est pas un monolithe, nous voulons la nôtre ouverte. Dieu ne s’est-il pas fait homme afin d’être proche des humains, pour être avec eux ? Si le message de l’Evangile est toujours le même, nous devons par contre mieux l’inscrire dans notre temps, qui a changé. Nous ne devons pas craindre le changement.