Les bénévoles toujours plus courtisés
17 février 2005
Face au vivier de bonnes volontés, le canton de Vaud se donne deux ans pour organiser des plateformes entre bénévoles et associations
Une initiative qui réjouit déjà certaines institutions en mal de volontaires.Avec 1,5 million de bénévoles en Suisse, le volontariat a encore de beaux jours devant lui. Toutefois, rien n’étant immuable, le Département vaudois de la santé et de l’action sociale a décidé de prendre les devants en consacrant 250’000 francs à la création de plateformes. «D’ici la fin 2006, 4 points de rencontre itinérants (agglomération lausannoise, Riviera, Chablais et Broye) seront créés pour mettre en relation les offres et les demandes de travail bénévole», explique Claire-Lise Gerber, animatrice à Action Bénévole, l’association pour l’étude et la promotion de l’action bénévole chargée de conduire ce projet. En clair, tout Vaudois souhaitant consacrer gratuitement de son temps en faveur de la collectivité ou de l’environnement, pourra se rendre dans un de ces lieux, s’inscrire et être mis en relation avec une association ou une organisation de son choix. Le caritatif à la traîneCe type d’initiative, encore marginale en Suisse, n’a pas que le mérite d’aider les bénévoles à trouver chaussures à leurs pieds. Elle permettra, à terme, de soutenir les associations qui peinent à recruter des volontaires. Et elles sont nombreuses. Selon le Rapport sur le travail bénévole en Suisse, publié en 2004 par l’Office fédéral de la statistique, les organisations traditionnelles comme les Eglises, les partis politiques et les grandes institutions de bienfaisance n’ont plus la cote. Les candidats se font rares et ceux qui répondent à l’appel finissent bien souvent par rendre leur tablier après des mois ou des années de sollicitude.
Une situation à laquelle est confrontée l’Eglise Protestante de Genève. Bien que certains secteurs soient plus porteurs que d’autres, comme les visites aux malades ou les tâches administratives, Albert Luc de Haller, responsable des ministères et des stages au sein de l’Eglise protestante de Genève, reconnaît que le nombre de volontaires est en perpétuelle diminution. «Autrefois, un bénévole pouvait assurer la catéchèse pendant une trentaine d’années. Aujourd’hui, ça ne se fait plus. Il s’engage en général deux à trois ans. Puis, il faut trouver un remplaçant, ce qui n’est pas une mince affaire.» Si l’Eglise n’attire plus comme autrefois, c’est aussi parce qu’elle n’a pas su évoluer avec son temps, déplore Albert Luc de Haller. «Aujourd’hui, les gens ont besoin de reconnaissance et ce, quoi qu’ils fassent. L’Eglise n’a pas intégré cette notion. Si, par exemple, elle délivrait un certificat de travail à la fin d’un bénévolat, elle motiverait les candidats. Mais la culture ecclésiastique n’est pas tournée vers les diplômes et les attestations. C’est dommage, car cela permettrait de valoriser l’expérience du bénévole.»Volontaires dans l’âmeLes sapeurs-pompiers volontaires n’échappent pas à cette évolution. Le canton de Neuchâtel, par exemple, a perdu environ 50 % de ses effectifs en 10 ans. Un pourcentage inquiétant lorsque l’on sait que dans ce canton comme dans les autres régions suisses, près de 99 % des pompiers sont volontaires. Maxime Franchi, porte-parole des pompiers volontaires de la Suisse romande et du Tessin, voit deux raisons à cette érosion. «D’une part, les jeunes sont découragés par une formation de plus en plus longue et exigeante. D’autre part, les entreprises libèrent de moins en moins leurs employés pour suivre des cours ou intervenir la journée en cas d’incendie.»
Qu’à cela ne tienne. Stéphanie Niklaus, professeur de sport, a décidé de s’engager coûte que coûte. Elle vient juste de reprendre la formation de sapeur-pompier qu’elle avait abandonnée en 2001 pour se consacrer à ses études. A son actif, elle compte déjà une intervention. Le 30 décembre dernier, à 4 heures du matin, son bip sonne. Comme un automate, elle revêt son uniforme, enfourche son vélo et se rend au hangar de Corcelles où l’attend un véhicule. Direction Neuchâtel. Sur place, le feu est en passe d’être maîtrisé. Pour sa première mission, Stéphanie a eu de la chance. Aucune victime, peu de dégâts et, au bout du compte, la satisfaction d’avoir été utile.
Autre registre, autre décor: les nouveaux locaux de la soupe populaire, à Lausanne. Deux vendredis par mois, Véronique Edoiar, employée de commerce à plein temps dans une étude d’avocats, se rend à la rue Saint Martin. Avec d’autres bénévoles, elle sert la soupe aux pauvres, aux requérants d’asile, aux toxicomanes, aux personnes âgées et autres laissés-pour-compte. A côté de son bénévolat à la Fondation mère Sofia, Véronique donne également de son temps à Fleur de pavé, une association en faveur des droits des prostituées. En plein cœur de la nuit, elle leur distribue des boissons, des biscuits et du matériel d’injection. Elle leur prodigue aussi des soins et leur donne des conseils juridiques. «Peu importe l’investissement que ses engagements nécessitent», affirme-t-elle. «La sincérité et la confiance dans les relations valent bien tout l’or du monde.»
Une situation à laquelle est confrontée l’Eglise Protestante de Genève. Bien que certains secteurs soient plus porteurs que d’autres, comme les visites aux malades ou les tâches administratives, Albert Luc de Haller, responsable des ministères et des stages au sein de l’Eglise protestante de Genève, reconnaît que le nombre de volontaires est en perpétuelle diminution. «Autrefois, un bénévole pouvait assurer la catéchèse pendant une trentaine d’années. Aujourd’hui, ça ne se fait plus. Il s’engage en général deux à trois ans. Puis, il faut trouver un remplaçant, ce qui n’est pas une mince affaire.» Si l’Eglise n’attire plus comme autrefois, c’est aussi parce qu’elle n’a pas su évoluer avec son temps, déplore Albert Luc de Haller. «Aujourd’hui, les gens ont besoin de reconnaissance et ce, quoi qu’ils fassent. L’Eglise n’a pas intégré cette notion. Si, par exemple, elle délivrait un certificat de travail à la fin d’un bénévolat, elle motiverait les candidats. Mais la culture ecclésiastique n’est pas tournée vers les diplômes et les attestations. C’est dommage, car cela permettrait de valoriser l’expérience du bénévole.»Volontaires dans l’âmeLes sapeurs-pompiers volontaires n’échappent pas à cette évolution. Le canton de Neuchâtel, par exemple, a perdu environ 50 % de ses effectifs en 10 ans. Un pourcentage inquiétant lorsque l’on sait que dans ce canton comme dans les autres régions suisses, près de 99 % des pompiers sont volontaires. Maxime Franchi, porte-parole des pompiers volontaires de la Suisse romande et du Tessin, voit deux raisons à cette érosion. «D’une part, les jeunes sont découragés par une formation de plus en plus longue et exigeante. D’autre part, les entreprises libèrent de moins en moins leurs employés pour suivre des cours ou intervenir la journée en cas d’incendie.»
Qu’à cela ne tienne. Stéphanie Niklaus, professeur de sport, a décidé de s’engager coûte que coûte. Elle vient juste de reprendre la formation de sapeur-pompier qu’elle avait abandonnée en 2001 pour se consacrer à ses études. A son actif, elle compte déjà une intervention. Le 30 décembre dernier, à 4 heures du matin, son bip sonne. Comme un automate, elle revêt son uniforme, enfourche son vélo et se rend au hangar de Corcelles où l’attend un véhicule. Direction Neuchâtel. Sur place, le feu est en passe d’être maîtrisé. Pour sa première mission, Stéphanie a eu de la chance. Aucune victime, peu de dégâts et, au bout du compte, la satisfaction d’avoir été utile.
Autre registre, autre décor: les nouveaux locaux de la soupe populaire, à Lausanne. Deux vendredis par mois, Véronique Edoiar, employée de commerce à plein temps dans une étude d’avocats, se rend à la rue Saint Martin. Avec d’autres bénévoles, elle sert la soupe aux pauvres, aux requérants d’asile, aux toxicomanes, aux personnes âgées et autres laissés-pour-compte. A côté de son bénévolat à la Fondation mère Sofia, Véronique donne également de son temps à Fleur de pavé, une association en faveur des droits des prostituées. En plein cœur de la nuit, elle leur distribue des boissons, des biscuits et du matériel d’injection. Elle leur prodigue aussi des soins et leur donne des conseils juridiques. «Peu importe l’investissement que ses engagements nécessitent», affirme-t-elle. «La sincérité et la confiance dans les relations valent bien tout l’or du monde.»