Schisme dans l'orthodoxie: un défi spirituel

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Schisme dans l'orthodoxie: un défi spirituel

17 octobre 2018
La chronique RTSreligion
Le schisme entre le patriarcat de Moscou et celui de Constantinople ébranle l’orthodoxie et place les fidèles dans un nouvel environnement. Un vrai défi spirituel

Depuis toujours, la force de l’Orthodoxie a été de s’appuyer sur une foi commune, remontant aux origines de la chrétienté et qui se décline dans différentes langues, cultures, toutes reconnues les unes par les autres, sur le fond de cet attachement à des formes liturgiques originelles. Le fruit principal se concrétisait par la possibilité de communier. Un orthodoxe serbe pouvait communier dans une messe grecque, un Roumain dans une messe russe. Même s’il ne comprenent pas forcément la langue, ils participent au même sens du mystère. Or ce ne sera plus possible, en tout cas plus si facile. Le quotidien gouvernemental russe Rossiskaïa Gazeta ne s’y trompe pas, lui qui regrette que les fidèles russes ne puissent plus prier dans les monastères du mont Athos.

Pourtant le conflit n’est pas d’ordre liturgique. Il ne s’agit pas de foi, mais d’organisation et de reconnaissance canonique. Qui peut décider qu’une église est autonome? Est-ce le patriarcat de Moscou ou est-ce celui de Constantinople? Quelles instances peuvent trancher? Manifestement, il n’y en a pas, d’où le schisme entre ces deux pôles de la chrétienté orthodoxe. Si ce schisme a des racines largement nationalistes et géopolitiques, il introduit aussi une forme de fracture dans un monde orthodoxe volontiers enclin aux querelles fratricides, mais pas vraiment à cette échelle.

Les fidèles vont-ils se regarder en chiens de faïence? C’est l’une des questions qui va se poser aux orthodoxes de la base. Quand ils se croiseront, les Grecs vont-ils tourner le dos aux Russes? À l’heure de la mondialisation, du brassage des convictions via les réseaux sociaux, la fracture entre ces patriarcats trouvera-t-elle vraiment un écho chez les fidèles? Les peuples orthodoxes suivront-ils leurs hiérarques et leurs logiques nationalistes, ou sauront-ils prendre une forme de distance, au nom même du message du Christ, qui accueillait chacun, quelle que soit son origine? Un vrai défi spirituel.

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