Où en suis-je? Où cours-je? Dans quel état j’erre?

Où en suis-je? Où cours-je? Dans quel état j’erre? / © Mathieu Paillard
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Où en suis-je? Où cours-je? Dans quel état j’erre?
© Mathieu Paillard

Où en suis-je? Où cours-je? Dans quel état j’erre?

Estelle Pastoris, pasteure stagiaire
27 mai 2021
Préoccupations
Pris dans les rebondissements de la situation sanitaire, il est parfois difficile de lever les yeux de la pandémie et de s’intéresser à d’autres sujets, comme les prochaines votations. Comment entrouvrir les œillères et sortir le nez du guidon?

Le 13 juin, le peuple suisse sera appelé à se prononcer sur des initiatives «Pour une eau potable propre et une alimentation saine», «Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse», ou encore sur la loi sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Des votations aux enjeux écologiques. Oui, mais…! Entre le nombre de malades de la Covid-19 qui reste élevé, la question d’une vaccination possible, les vaccins et leurs effets secondaires, la réouverture des restaurants, les règles sanitaires qui s’imposent dans les assemblées, j’avais presque oublié que ma planète continuait de se réchauffer. Et où est passé le bel engagement écologique que j’avais naguère? Où est-ce que j’en suis? Où cours-je? Dans quel état j’erre?

Focalisée sur la Covid-19 en continu, je me demande parfois comment faire exister de nouveau pour moi le reste de l’actualité (qui existe bel et bien et trouve bel et bien sa place dans notre société). Faire de la théologie «la Bible et le journal à la main», comme le conseillait le pasteur et théologien réformé Karl Barth, je ne suis même plus sûre que j’en aie l’envie ou les capacités. De quelle manière me positionner?

Dans la Bible, l’auteur du livre des Psaumes se sent, lui aussi, bien souvent dépassé par l’actualité qui l’entoure: non pas le virus, mais l’assaut de nombreux ennemis. C’est alors en Dieu qu’il retrouve son équilibre. Dieu est pour lui un «appui», un «refuge», un «abri», un «rempart». En bref: un socle stable! Le psalmiste dit également trouver du secours «dans le nom du Seigneur» (Ps 124:8), un nom mystérieux, composé de quatre lettres, YHWH, et qui signifie «Je suis».

Tiens, c’est intéressant ça! Un Dieu qui s’appelle «Je suis»! Ainsi, dans le nom de Dieu, je retrouve un écho à ma petite humanité, avec mon j minuscule: «je suis». Et à partir de qui «je suis», alors, peut-être pourrais-je de nouveau réfléchir à «où j’en suis». Et à partir de «où j’en suis», alors, peut-être pourrais-je reconstruire mes valeurs, mes rêves, mes projets, reprendre mes responsabilités petit à petit. En partant d’un Dieu qui est socle, appui, nous arrivons à un Dieu qui est tremplin, élan et souffle de vie.

Avant sa conversion, saint Augustin écrit ces quelques mots. Lui aussi cherchait une réponse à la question: où est-ce que j’en suis?

UNE PRIÈRE POUR REPRENDRE APPUI

Dieu, notre Père,
Toi qui nous invite à te prier
et qui nous accordes ce que nous te demandons,
puisque dès que nous t’implorons
nous vivons mieux et devenons meilleurs,
exauce-moi.

Je palpite dans ces ténèbres,
tends-moi ta main,
prête-moi ta lumière,
rappelle-moi loin de mes erreurs
et guide mes pas.

Que je revienne à toi et à moi-même.

Amen.
Augustin d’Hippone, Soliloques II, 9.

L’auteure de cette page

Estelle Pastoris est depuis peu pasteure stagiaire dans la paroisse d’Écublens – Saint-Sulpice. S’étant formée en lettres, puis en théologie, elle chemine petit à petit entre la foi, la musique et la poésie.

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