Les Eglises et les ONG chrétiennes en force au Forumsocial mondial de Bombay

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Les Eglises et les ONG chrétiennes en force au Forumsocial mondial de Bombay

19 janvier 2004
AU Forum social mondial de Bombay, la présence des Eglises et des ONG chrétiennes a surpris nombre d'observateurs du mouvement altermondialiste
Explications.José Bové, Attac: le mouvement altermondialiste a ses figures de proue et ses mouvements-phares. Ce qui surprend lorsqu'on foule le site du Forum social mondial de Bombay, c'est l'importance de la présence des Eglises et des ONG chrétiennes. Cette année, à côté de l'Organisation internationale socialiste, d'Human Rights Watch ou de l’organisation britannique“Stop à la guerre”, on trouvenotamment le Conseil oecuménique des Eglises (COE), la Fédération luthérienne mondiale et le Conseil des Eglises de l'Inde. De plus, le programme des quelque 1200 séminaires fourmille d'une centaine de propositions d'ONG chrétiennes. Caritas international invite par exemple à une réflexion sur “la guerre contre le terrorisme et ses menaces pour la démocratie”, World Vision aborde le thème de “la gestion des catastrophes naturelles". Le Secours catholique français invite à réfléchir à “la participation des femmes dans les processus de paix”. « Les objectifs du Forum social mondial sont parallèles à ceux du COE, affirme Rogate Mshana, un membre de l'organisation genevoise. Nous nous engageons pour un monde de justice pour tous et pour la sauvegarde de la planète”. Cet animateur de l'équipe “Justice, paix et création” au COE en est à sa troisième participation au Forum social mondial. Cette année, il est accompagné d'une délégation de 80 résentants du mouvement oecuménique, originaires de tous les continents. “Il est très important de participer à un tel forum, explique Rogate Mshana. Il s'agit d'élargir notre réseau à l'ensemble de la société civile et de recevoir des stimulations des différents mouvements qui participent au forum". A Bombay, l'organisation genevoise propose notamment diverses réflexions autour de la justice dans les échanges commerciaux.

“Le FSM est une excellente occasion de pousser la question des intouchables en débat sur la place publique, en Inde et dans le monde”. Le père Raymond, un jésuite indien, organise un séminaire sur les “violations des droits fondamentaux des Dalits”. Sous le couvert de l'ONG “Jésuites dans l'action sociale”, il dénonce l'emprise du système des castes sur la société indienne. Accompagné d'une délégation de 1300 personnes, des paysans dalits (intouchables) pour la plupart, ce jésuite tient à tout faire pour qu'au plan international “on considère que la discrimination dont sont victimes les Dalits est aussi haïssable que l'apartheid en Afrique du Sud”. Et aux paysans présents au séminaire de manifester leur approbation à grands renforts de tambours, de chants et de slogans en faveur de la libération des Dalits. « La présence importante des Eglises au Forum de 2004 témoigne d'un élargissement de la base du mouvement. » Jean Rossiaud, sociologue à l'Observatoire des altermondialisations à l'Université de Genève, confirme cette arrivée en force. Pour lui, les Eglises et les ONG chrétiennes apparaissent pour la première fois aussi nombreuses à visage découvert, parmi les organisateurs de séminaires. A l'occasion des trois premiers forums à Porto Alegre, de nombreuses personnalités proches des Eglises étaient impliquées dans l'organisation et l'animation de la manifestation, mais sans prendre en tant que groupes constitués une part aussi active au Forum. « Il faut aussi avoir à l'esprit que dans de nombreux pays du Sud, les Eglises sont des lieux très actifs de résistance à la mondialisation », ajoute le chercheur genevois. Et l'intégration de ces réseaux progressistes chrétiens apparaît naturelle, « surtout depuis que le mouvement est passé de l'antimondialisation à l'altermondialisation, de la contestation à la recherche de solutions aux grands problémes du moment ».