Berne-Jura: antennes et clochers pas sur la même longueur d’onde
12 février 2004
Le Conseil synodal Berne – Jura recommande la méfiance face à la présence d’émetteurs de téléphonie mobile dans les églises
Une première romande plutôt argumentée. L’indifférence n’aura pas duré très longtemps. Moins de dix mois après un premier tour d’horizon (notre article no 516), le Conseil synodal Berne -Jura vient de prendre position à propos de la présence d’antennes de téléphonie mobile dans les clochers. Emplacement prisé par les opérateurs, car il cumule les avantages techniques : discrétion et donc peu d’atteinte au paysage, bonne diffusion des ondes en raison de la hauteur.
C’est la première instance réformée romande qui émet des recommandations à ce sujet. Au niveau national, Zurich a également émis des considérations, mais beaucoup moins détaillées que ce nouveau document qui parcourt à la fois les champs juridique et théologique. Pourquoi dans cette région ? « Nous avons été interpellés par plusieurs de nos conseils de paroisse. Ils demandaient des éléments pour alimenter leur réflexion », explique le pasteur et conseiller synodal Raymond Bassin.
Autre indice qui explique sans doute cette réaction, une affaire qui a défrayé la chronique il y a quelques mois à Lyss, non loin de Berne. « Déjà signé, le contrat d’installation a dû être annulé sous la pression de la population. Pour éviter de telles situations, il nous fallait faire vite », précise le chancelier de l’Eglise Berne -Jura Anton Genna. Pas pour le businessFait intéressant, le Conseil synodal se montre plutôt réticent à cette prise de possession hertzienne. Il y a d’abord le risque potentiel pour la santé représenté par le rayonnement de tels émetteurs. Si leur nocivité n’est pas démontrée, les incertitudes de la population à ce sujet « ne sont pas forcément irrationnelles et doivent donc être prises au sérieux ». Ainsi, s’il faut reconnaître que l’usage quasi généralisé des portables profite à tous, il convient d’un autre côté de rappeler que le « rôle de l’Eglise ne consiste pas à encourager une technique controversée ».
Mais là où on attendait au tournant cet avis initial d’une Eglise romande, c’est naturellement sur le terrain de la théologie. Certes, rappellent les autorités réformées Berne - Jura, à l’inverse du catholicisme, le protestantisme ne considère pas un temple comme un endroit sacré. « Dans notre conception, il s’agit seulement d’une place où la communauté se rassemble », note encore Anton Genna. Il n’en demeure pas moins, souligne le document, que de nombreux fidèles se refusent à assimiler un clocher à un bâtiment ordinaire. Cet attachement, teinté de respect, ne doit pas être ignoré.
Autre élément d’ordre éthique, le refus d’une commercialisation des lieux de culte. « Même si une antenne peut demeurer invisible de l’extérieur, son emplacement a été monnayé et cela ne me paraît pas souhaitable », estime Raymond Bassin. En tant que pasteur dans le petit village de Vauffelin, au dessus de Bienne, cette raison serait déterminante pour motiver son refus. « Et si l’on manque d’argent pour entretenir une église, autant trouver une autre source de revenus !». Même son de cloche à la chancellerie de l’institution : « En tant qu’Eglise nous promulguons une autre éthique que celle des lois financières. De plus, des conflits autour de ces antennes nuisent aux tâches spirituelles des paroisses », spécifie Anton Genna.
Ses réflexions n’ont pas pour autant force de loi. Selon le chancelier, « il n’est ni dans le pouvoir ni dans le devoir du Conseil synodal d’interdire ». Question d’autonomie paroissiale, mais surtout de logique : dans cette région, les lieux de culte n’appartiennent le plus souvent pas à l’Eglise cantonale, mais aux communautés locales.
C’est la première instance réformée romande qui émet des recommandations à ce sujet. Au niveau national, Zurich a également émis des considérations, mais beaucoup moins détaillées que ce nouveau document qui parcourt à la fois les champs juridique et théologique. Pourquoi dans cette région ? « Nous avons été interpellés par plusieurs de nos conseils de paroisse. Ils demandaient des éléments pour alimenter leur réflexion », explique le pasteur et conseiller synodal Raymond Bassin.
Autre indice qui explique sans doute cette réaction, une affaire qui a défrayé la chronique il y a quelques mois à Lyss, non loin de Berne. « Déjà signé, le contrat d’installation a dû être annulé sous la pression de la population. Pour éviter de telles situations, il nous fallait faire vite », précise le chancelier de l’Eglise Berne -Jura Anton Genna. Pas pour le businessFait intéressant, le Conseil synodal se montre plutôt réticent à cette prise de possession hertzienne. Il y a d’abord le risque potentiel pour la santé représenté par le rayonnement de tels émetteurs. Si leur nocivité n’est pas démontrée, les incertitudes de la population à ce sujet « ne sont pas forcément irrationnelles et doivent donc être prises au sérieux ». Ainsi, s’il faut reconnaître que l’usage quasi généralisé des portables profite à tous, il convient d’un autre côté de rappeler que le « rôle de l’Eglise ne consiste pas à encourager une technique controversée ».
Mais là où on attendait au tournant cet avis initial d’une Eglise romande, c’est naturellement sur le terrain de la théologie. Certes, rappellent les autorités réformées Berne - Jura, à l’inverse du catholicisme, le protestantisme ne considère pas un temple comme un endroit sacré. « Dans notre conception, il s’agit seulement d’une place où la communauté se rassemble », note encore Anton Genna. Il n’en demeure pas moins, souligne le document, que de nombreux fidèles se refusent à assimiler un clocher à un bâtiment ordinaire. Cet attachement, teinté de respect, ne doit pas être ignoré.
Autre élément d’ordre éthique, le refus d’une commercialisation des lieux de culte. « Même si une antenne peut demeurer invisible de l’extérieur, son emplacement a été monnayé et cela ne me paraît pas souhaitable », estime Raymond Bassin. En tant que pasteur dans le petit village de Vauffelin, au dessus de Bienne, cette raison serait déterminante pour motiver son refus. « Et si l’on manque d’argent pour entretenir une église, autant trouver une autre source de revenus !». Même son de cloche à la chancellerie de l’institution : « En tant qu’Eglise nous promulguons une autre éthique que celle des lois financières. De plus, des conflits autour de ces antennes nuisent aux tâches spirituelles des paroisses », spécifie Anton Genna.
Ses réflexions n’ont pas pour autant force de loi. Selon le chancelier, « il n’est ni dans le pouvoir ni dans le devoir du Conseil synodal d’interdire ». Question d’autonomie paroissiale, mais surtout de logique : dans cette région, les lieux de culte n’appartiennent le plus souvent pas à l’Eglise cantonale, mais aux communautés locales.