Les CSP renoncent au label Zewo
1 avril 2004
Les quatre centres sociaux protestants renoncent au principal label de qualité des Oeuvres d'entraide suisse
Pour leurs directeurs, cette étonnante décision aura peu de conséquences. Enquête. La nouvelle semble être passée inaperçue. Elle n’est pourtant pas anodine, au point de remuer le petit monde de l’entraide romande. Les quatre Centres sociaux protestants (CSP) viennent de renoncer au Zewo, label de qualité arboré par quelque 300 organisations d’utilité publique disposant d’un siège social en Suisse, le seul garantissant transparence financière et utilisation efficace des dons. Les CSP figuraient pourtant au rang des fondateurs de l’association Zewo. Mais il y a deux ans, celle-ci se mue en fondation indépendante (lire encadré) et les données changent : désormais, la certification n’est plus attribuée ad aeternam, mais seulement pour 5 ans, et selon des critères draconiens. Normes auxquelles les CSP ne peuvent tout simplement pas se soumettre, à moins de s’engager dans de profondes et coûteuses restructurations. D’où ce choix qualifié de commun par les directions. En effet, même si ils partagent une même dénomination et sont issues d’une égale volonté sociale de la part des Eglises réformées, les quatre organismes romands (il n’existe aucun CSP en Suisse allemande) présentent des structures fort différentes. Si Vaud et Genève sont constitués en associations, Neuchâtel et Berne/Jura demeurent directement liés à leurs institutions ecclésiales respectives. « D’où notre première idée de certification séparée, se souvient Pierre Ammann, depuis 11 ans à la tête du CSP Berne - Jura. « Un juriste du Zewo nous a alors répondu que c’était impossible : Avec un même logo et un nom unique, il fallait une demande commune ». Proximité avant toutOr s’il existe bien une Association suisse des CSP, celle-ci ne sert que de plate-forme d’échanges, chaque centre demeure indépendant au niveau de sa gestion et de ses choix stratégiques. « Les spécificités cantonales demeurent fortes, même si nous coordonnons déjà notre communication, notre site Web ou notre campagne de récoltes de fonds en mars », relève à Neuchâtel le directeur François Dubois. Dans le même esprit, Pierre Ammann note qu’il eût été absurde de modeler les CSP en fonction des exigences du label, en « inversant notre logique qui consiste à favoriser des encrages régionaux forts et non une supra structure romande. Le soutien que nous recevons est avant tout de proximité ». Bref, le Zewo ne valait pas une révolution des habitudes comme de la comptabilité. D’autant que d’autres éléments auraient dû être modifiés, à l’instar de la présence dans les comités de Vaud et Genève de trois membres du personnel, alors que le Zewo n’en autorise qu’un seul.
Dans chaque canton, on a pris la peine de sonder autorités et donateurs avant d’arrêter une décision. Conclusion unanime : « Les administrations disposent de leurs propres exigences avant d’attribuer leurs subventions, par exemple le contrôle de la comptabilité par une fiduciaire. Et de manière générale le Zewo ne jouit pas de la même notoriété qu’en Suisse allemande », résume Pierre-Alain Champod. Le patron du CSP de Genève l’admet cependant : Davantage indépendants de leurs Eglises, Genève et Vaud « étaient sans doute plus attachés à ce logo que nos deux autres partenaires ». Voilà sans doute pourquoi, arrivé depuis quelques semaines à peine, le nouveau responsable du CSP Vaud Gabriel de Montmollin préfère "prendre le temps de la réflexion" avant de confirmer que "la direction prise par mon prédécesseur fut bien la bonne". Moment mal choisi ?A cette réserve près, au sein des CSP, tout le monde semble donc convaincu que cet abandon ne gênera personne. Le choix pourtant étonne. Parmi les autres organismes d'entraide d’origine réformée, les avis sont partagés. A Pain pour le prochain (PPP), Théo Buss rappelle que le Département missionnaire ne se préoccupe pas non plus du Zewo. "Cependant, précise-t-il, notre réviseur utilise les critères de ce label qui pour nous revêt une grande importance, notamment pour nos campagnes de fonds ». C’est ainsi qu’il y a deux ans, le processus de fusion avec l’Entraide protestante suisse (EPER) fut, selon lui, bloqué « en grande partie pour ne pas perdre l’une de nos deux certifications ». A l’EPER justement, on se montre davantage critique. « Dans le climat actuel de suspicion envers l’asile et les milieux humanitaires, au moment où l’on nous demande des comptes sur l’utilisation de nos ressources, le Zewo constitue une bonne réponse, même si elle est incomplète. En sortir n’est pas une bonne idée », estime la chargée de communication Marianne Tellenbach. Pour conserver ce label, « outil indispensable de transparence intérieure et extérieure », l’EPER a dû d’ailleurs consentir à un remodelage complet de sa comptabilité.
Dans chaque canton, on a pris la peine de sonder autorités et donateurs avant d’arrêter une décision. Conclusion unanime : « Les administrations disposent de leurs propres exigences avant d’attribuer leurs subventions, par exemple le contrôle de la comptabilité par une fiduciaire. Et de manière générale le Zewo ne jouit pas de la même notoriété qu’en Suisse allemande », résume Pierre-Alain Champod. Le patron du CSP de Genève l’admet cependant : Davantage indépendants de leurs Eglises, Genève et Vaud « étaient sans doute plus attachés à ce logo que nos deux autres partenaires ». Voilà sans doute pourquoi, arrivé depuis quelques semaines à peine, le nouveau responsable du CSP Vaud Gabriel de Montmollin préfère "prendre le temps de la réflexion" avant de confirmer que "la direction prise par mon prédécesseur fut bien la bonne". Moment mal choisi ?A cette réserve près, au sein des CSP, tout le monde semble donc convaincu que cet abandon ne gênera personne. Le choix pourtant étonne. Parmi les autres organismes d'entraide d’origine réformée, les avis sont partagés. A Pain pour le prochain (PPP), Théo Buss rappelle que le Département missionnaire ne se préoccupe pas non plus du Zewo. "Cependant, précise-t-il, notre réviseur utilise les critères de ce label qui pour nous revêt une grande importance, notamment pour nos campagnes de fonds ». C’est ainsi qu’il y a deux ans, le processus de fusion avec l’Entraide protestante suisse (EPER) fut, selon lui, bloqué « en grande partie pour ne pas perdre l’une de nos deux certifications ». A l’EPER justement, on se montre davantage critique. « Dans le climat actuel de suspicion envers l’asile et les milieux humanitaires, au moment où l’on nous demande des comptes sur l’utilisation de nos ressources, le Zewo constitue une bonne réponse, même si elle est incomplète. En sortir n’est pas une bonne idée », estime la chargée de communication Marianne Tellenbach. Pour conserver ce label, « outil indispensable de transparence intérieure et extérieure », l’EPER a dû d’ailleurs consentir à un remodelage complet de sa comptabilité.