Israël-Vatican : anniversaire symbolique sous haute tension

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

Israël-Vatican : anniversaire symbolique sous haute tension

11 juin 2004
Il y aura dix ans ce mardi 15 juin, le Vatican concluait un accord hautement symbolique avec le gouvernement hébreux
Qui marquait l'aboutissement diplomatique d’un long processus de conciliation entre catholiques et Juifs. Rappel des faits à l’heure où les relations entre les deux Etats ne sont plus au beau fixe.Le 15 juin 1994, le Vatican et l’Etat Israël signaient une convention permettant l’échange d’ambassadeurs. Ce pas considérable dans le rapprochement entre Juifs et catholiques a pourtant peu de chance d’être célébré en grande pompe. Une décennie plus tard en effet, les relations entre Rome et Jérusalem se sont bien dégradées.

Retour sur image. Lorsqu’en 1978, la célèbre fumée blanche annonce la nomination du premier pape polonais, l’État d’Israël demeure largement ignoré par la diplomatie vaticane. Avec Jean-Paul II s’ouvre une ère nouvelle. L’évêque de Rome arrive avec une connaissance personnelle du monde juif, qu’il fréquente depuis son enfance. Entré clandestinement, en 1942, au séminaire de Cracovie, le jeune Karol Wojtyla n’oubliera jamais les convois de Juifs qu’il voit s’acheminer vers le camp voisin d’Auschwitz.

Une priorité pour Jean-Paul II

Le nouveau patron de l’Eglise catholique romaine considère qu’il est urgent de dépasser les querelles qui opposent la Curie et le judaïsme. En 1980, sur une petite ville de la botte italienne, il livre une homélie traitant de la question du Proche-Orient. Cette intervention préfigure la nouvelle politique du Vatican : alors que théologiquement on oublie des siècles d’accusation déicide lancée contre le peuple juif accusé d’avoir condamné Jésus, diplomatiquement on lie désormais la fondation de l’Etat hébreux à la tragédie de l’Holocauste, dont on sait que le Saint-Siège porte son lot de silences coupables.

Message de vœux adressé au président israélien lors du Nnouvel an juif en 1981, visite de la synagogue de Rome l’année suivante : les étapes apaisantes se succèdent. En 2000, Jean-Paul II sera le premier souverain pontife de l’histoire à se rendre devant le Mur des Lamentations, vénéré par les Juifs comme le dernier vestige du temple de Salomon. S’engageant à développer des liens de fraternité avec le « peuple de l’Alliance », Jean-Paul II bat la coulpe de l’Eglise et glisse un vibrant « pardon pour les souffrances du peuple juif à travers les siècles » dans le billet laissé dans la paroi. Entre-temps, moins médiatisé mais sans doute plus important, un accord diplomatique sera signé entre Rome et Jérusalem le 15 juin 1994, après des mois d’efforts et en partie grâce aux talents diplomatiques de David Jaeger, un fransiscain d’origine juive, qui va révélera fin négociateur. Tracasseries en Terre SainteAujourd’hui, le climat se grippe. De profondes divergences opposent le gouvernement Sharon et le Saint-Siège, notamment sur la question israélo-palestinienne. L’Église catholique, comme les autres confessions chrétiennes, se retrouve en butte depuis plusieurs années à de multiples tracasseries administratives qui semblent avoir pour objectif de paralyser son action dans la région. Un exemple : l’accord fiscal conclu avec l’Église catholique n’est notamment pas appliqué, et les institutions chrétiennes se voient présenter des arriérés d’impôts très importants. Or les seuls catholiques gèrent plus de 150 institutions dont des hôpitaux, des écoles ou des maisons de retraite. Les responsables religieux en Terre Sainte viennent d’ailleurs de demander au gouvernement israélien d’assouplir les formalités extrêmement restrictives de visas, afin de permettre la venue de bénévoles,essentielle à la bonne marche de leurs organisations et institutions de bienfaisance. Des dizaines de religieux et prêtres se sont également vus refuser le renouvellement de leur autorisation de séjour. Mais, signe d’apaisement, le haut fonctionnaire israélien en cause vient d’être limogé par son ministre.

Autre sujet sensible, le contrôle de certains sites religieux de Jérusalem convoités par le Vatican. Rome réclame également des droits sur l’endroit où la Cène se serait déroulée selon la tradition testamentaire. Mais cet endroit, situé sur le Mont de Sion, est aussi l’emplacement du tombeau du roi David signalé par les écrits juifs. Les pourparlers reprendront cet été.