Polémique autour de la décision de l’Etat de Genève de geler ses subventions à l’Armée du Salut

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Polémique autour de la décision de l’Etat de Genève de geler ses subventions à l’Armée du Salut

22 décembre 2005
L’Armée du Salut voit ses 400’000 francs de subvention annuelle alloués par l’Etat de Genève, biffés du budget cantonal
Motif : les subventions ne sont pas destinées à payer les frais généraux de la Centrale, elles sont destinées aux besoins locaux. L’organisation chrétienne s’étonne que son partenariat avec Genève soit dénoncé alors que toute équivoque au sujet des comptes avait été levée ce printemps.

Au Quartier Général de l’Armée du Salut à Berne, on se dit consterné par la décision de l’Etat de Genève de bloquer les subventions cantonales à l’institution. Pierre Reift, porte-parole de l’Armée du Salut souligne : « Il s’agit d’un montant de 400’000 francs alloué annuellement. Nous sommes très surpris de ne pas avoir été informés préalablement. Nous avons appris la décision par la presse ». Ce revirement financier du canton de Genève est le révélateur d’un malaise qui date déjà de quelques mois.

Ainsi, selon le quotidien genevois le Courrier, les instances de l’Armée du Salut auraient déjà été invitées à deux ou trois reprises à fournir une comptabilité claire et transparente en ce qui concerne ses frais généraux et administratifs. L’Etat de Genève refuse de verser des contributions qui ne profiteraient pas directement à ses administrés, et qui, pour une large part, serviraient à régler les frais d’une administration devenue trop imposante.

Interrogé, Renaud Gautier, député et membre de la commission des finances du Grand Conseil genevois, insiste sur ce dernier point : « Il est difficilement acceptable que l’argent parte en direction de la holding. Elle facture des prestations de service trois ou quatre fois plus élevées que la norme. C’est difficilement acceptable, c’est proche du racket ! ». Il souligne que l’Armée du Salut n’est pas au-dessus des lois et que depuis plus d’un an, à plusieurs reprises, il lui a été demandé de se conformer à la législation genevoise. « Le canton de Vaud connaît le même problème avec cette institution », dit-il.

Le porte-parole de l’Armée du Salut rétorque : « En février dernier, la question de la facturation des prestations de l’organisation faîtière a fait l’objet d’un courrier. Nous avons répondu à toutes les questions qui nous étaient posées et avons fourni des explications détaillées. A la suite de cela, nous avons passé des contrats de partenariat avec le Canton de Genève ».

Le responsable rappelle que seul le fruit de la collecte des marmites de Noël est reversé directement au profit de l’action locale. En revanche, les récoltes nationales de fonds sont réparties au gré des besoins de chaque institution par l’organisation centrale.

Selon Pierre Reift, les réels motifs de ce revirement sont à rechercher du côté de leur personnel. « C’est vrai que nous sommes en litige avec la directrice adjointe d’une de nos institutions genevoises. Et comme elle est membre de la commission des finances du Grand Conseil genevois, elle aura sans doute eu son mot à dire. Nous ne pouvons pas nous empêcher de voir un lien entre cette affaire et la décision de geler l’aide financière ».

Le budget de l’Armée du Salut pour Genève et ses quatre institutions avoisine 16 millions de francs annuels. « La perte des 400’000 francs de subventions du canton ne devraient pas avoir beaucoup d’incidence sur notre action. Pour autant que cette décision soit officielle, et à cette heure, ce n’est pas le cas, nous n’avons eu aucun contact avec les instances genevoises ».

A Genève, le député Renaud Gautier rappelle que les subventions ne sont pas supprimées, mais gelées dans l’attente d’explications acceptables de la part de la Centrale bernoise. « L’Armée du Salut doit se plier aux règles et présenter une gestion transparente ».

Au Quartier Général à Berne, on se dit convaincu que les relations avec l’Etat de Genève seront très vite restaurées et que partenariat sera reconduit grâce à un dialogue constructif.