2007 sera l’Année des Mennonites en Suisse:La non-violence en héritage, l'ouverture à la modernité comme défi
7 février 2006
2007 sera l’année des Mennonites. Elle s’inscrit dans une démarche de réconciliation entre mennonites et réformés inaugurée il y a deux ans à Zurich par la pose d’une plaque commémorative sur les bords de la Limmat, à la mémoire des anabaptistes qui y furent noyés par les premiers Réformateurs
Les mennonites sont 2200 en Suisse, répartis sur les hauteurs jurassiennes, dans l’Emmental, à Berne et dans la région bâloise. Ils défendent un idéal de non-violence et s’opposent au baptême des enfants. La Communauté mennonite saisira cette occasion pour mieux se faire connaître et se débarrasser de certains clichés folkloriques qu’elle doit à ses cousins d’Amérique, les Amish. Repliés sur leur passé, les mennonites ? Faux, assure Paul Gerber, président de la Conférence mennonite suisse, qui a entamé un dialogue avec la Fédération des Eglises Protestantes de Suisse (FEPS): « La démarche de réconciliation entre réformés et mennonites, amorcée par l’Eglise réformée zurichoise permet de prendre conscience des tragédies du passé qui ont jalonné notre histoire commune, de demander pardon et de travailler aujourd’hui à l’unité des protestants. S’il est important de connaître son histoire pour vivre sa foi, l’ouverture à la modernité et au dialogue est aujourd’hui pour nous la règle. Nos enfants vont à l’Université, vivent la même réalité que tous les jeunes de leur âge; ils portent des jeans, arborent des piercings ; nos maisons sont équipées de tout le confort moderne, nos intérieurs n’ont rien à voir avec ceux des Amish de Pennsylvanie ou de l’Indiana aux Etats-Unis, qui vivent sans électricité et roulent en carrioles attelées ; aujourd’hui un huitième seulement de la communauté mennonite vit à la campagne, la majorité de nos membres vit et travaille en ville », explique-t-il dans la belle cuisine de sa ferme dans les Franches Montagnes. Père de quatre enfants, Paul Gerber exploite la ferme que son grand-père avait achetée sur une crête, près de l’étang de la Gruère, où la communauté du Sonnenberg baptise parfois les jeunes qui ont souhaité que cette célébration se passe en pleine nature.
Les quatorze communautés mennonites du pays s’ouvrent à la modernité et à l’évolution de la société, non sans discuter parfois fort âprement des sujets de société particulièrement sensibles, qui choquent les aînés. L’exclusion n’est pas de mise chez les mennonites et la diversité s’y gère au quotidien. « Aujourd’hui une personne qui divorce reste membre de notre Eglise», explique Paul Gerber, avant de poursuivre: « Aux questions difficiles, il n’y a jamais de réponses simples; c’est l’amour qu’il nous faut vivre et mettre en pratique, le respect de la différence et le pardon. Chaque humain est à l’image de Dieu. La diversité est une chance de nous remettre en question ». Une attitude de tolérance apprise des souffrances du passé et plus particulièrement de l’intolérance, dont les anabaptistes furent les victimes. Non-violence fondatriceLa non-violence est fondatrice de l’identité des mennonites. Ces derniers ont toujours refusé de porter des armes. Fidèle à la foi anabaptiste de ses ancêtres, Paul Gerber est le dernier mennonite à avoir fait quatre mois de prison à Saignelégier pour objection de conscience en raison de motifs religieux. C’était avant que la loi sur le service civil, pour laquelle il s’est battu, entre en vigueur. « Au milieu du 19eme siècle, quand les mennonites ne pouvaient faire les concessions imposées par l’Etat, notamment se plier au service militaire devenu obligatoire, ils préférèrent émigrer vers les Etats-Unis ».
Autre élément fondateur de l’Eglise mennonite, la défense de la séparation de l’Eglise et de l’Etat : impossible dans le passé, l’engagement dans la fonction publique ou en politique est aujourd’hui possible pour les paroissiens qui le désirent. Paul Gerber, qui s’est formé à la théologie au Centre de formation et de rencontre mennonite de Bienenberg à Liestal, explique que pour les descendants des disciples de Menno Simmons, dont le nom inspira l’appellation « mennonite » donnée aux anabaptistes, « le Royaume de Dieu vient avant l’Etat ».
Enfin, troisième pilier de la foi anabaptiste, la pratique du baptême des adultes. Le baptême est pour les mennonites l’expression affichée d’une conviction intérieure.
Quand ils ont quinze ou seize ans, les jeunes choisissent de faire partie de la communauté en demandant le baptême. Certains, à l’adolescence, prennent leurs distances, le temps de rompre avec un milieu qui fait pression sur eux et de choisir plus librement. Puis reviennent au sein de la communauté, dont ils apprécient l’accueil chaleureux et unique. Ou ne reviennent pas. La communauté mennonite se défend de faire du prosélytisme à l’extérieur des familles.
Enfin, une autre particularité de la communauté mennonite est la pratique du chant à quatre voix, superbement maîtrisé, qui provoque toujours l’admiration des gens. Des jeunes, au Sonnenberg, ont formé un nouveau chœur, baptisé Menno Canto, qui se lance dans l’interprétation d’œuvres ambitieuses. Récemment il a donné le Magnificat de Vivaldi en concert.
Les quatorze communautés mennonites du pays s’ouvrent à la modernité et à l’évolution de la société, non sans discuter parfois fort âprement des sujets de société particulièrement sensibles, qui choquent les aînés. L’exclusion n’est pas de mise chez les mennonites et la diversité s’y gère au quotidien. « Aujourd’hui une personne qui divorce reste membre de notre Eglise», explique Paul Gerber, avant de poursuivre: « Aux questions difficiles, il n’y a jamais de réponses simples; c’est l’amour qu’il nous faut vivre et mettre en pratique, le respect de la différence et le pardon. Chaque humain est à l’image de Dieu. La diversité est une chance de nous remettre en question ». Une attitude de tolérance apprise des souffrances du passé et plus particulièrement de l’intolérance, dont les anabaptistes furent les victimes. Non-violence fondatriceLa non-violence est fondatrice de l’identité des mennonites. Ces derniers ont toujours refusé de porter des armes. Fidèle à la foi anabaptiste de ses ancêtres, Paul Gerber est le dernier mennonite à avoir fait quatre mois de prison à Saignelégier pour objection de conscience en raison de motifs religieux. C’était avant que la loi sur le service civil, pour laquelle il s’est battu, entre en vigueur. « Au milieu du 19eme siècle, quand les mennonites ne pouvaient faire les concessions imposées par l’Etat, notamment se plier au service militaire devenu obligatoire, ils préférèrent émigrer vers les Etats-Unis ».
Autre élément fondateur de l’Eglise mennonite, la défense de la séparation de l’Eglise et de l’Etat : impossible dans le passé, l’engagement dans la fonction publique ou en politique est aujourd’hui possible pour les paroissiens qui le désirent. Paul Gerber, qui s’est formé à la théologie au Centre de formation et de rencontre mennonite de Bienenberg à Liestal, explique que pour les descendants des disciples de Menno Simmons, dont le nom inspira l’appellation « mennonite » donnée aux anabaptistes, « le Royaume de Dieu vient avant l’Etat ».
Enfin, troisième pilier de la foi anabaptiste, la pratique du baptême des adultes. Le baptême est pour les mennonites l’expression affichée d’une conviction intérieure.
Quand ils ont quinze ou seize ans, les jeunes choisissent de faire partie de la communauté en demandant le baptême. Certains, à l’adolescence, prennent leurs distances, le temps de rompre avec un milieu qui fait pression sur eux et de choisir plus librement. Puis reviennent au sein de la communauté, dont ils apprécient l’accueil chaleureux et unique. Ou ne reviennent pas. La communauté mennonite se défend de faire du prosélytisme à l’extérieur des familles.
Enfin, une autre particularité de la communauté mennonite est la pratique du chant à quatre voix, superbement maîtrisé, qui provoque toujours l’admiration des gens. Des jeunes, au Sonnenberg, ont formé un nouveau chœur, baptisé Menno Canto, qui se lance dans l’interprétation d’œuvres ambitieuses. Récemment il a donné le Magnificat de Vivaldi en concert.