Baroudeur de l’Evangile, Pierre Tschanz se bat pour les minorités chrétiennes persécutées

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Baroudeur de l’Evangile, Pierre Tschanz se bat pour les minorités chrétiennes persécutées

2 mars 2006
Aventurier de la foi, Pierre Tschanz ? Le directeur régional de la Mission Portes Ouvertes depuis 24 ans n’aime pas trop les étiquettes
Ancien capitaine au long cours de la marine suisse, il a bravé le Rideau de fer, les régimes dictatoriaux, les chiens policiers des garde-frontières, vécu de rocambolesques aventures pour apporter des bibles et du réconfort aux chrétiens persécutés dans le monde. Rappelons qu'il y a environ 5000 chrétiens assassinés chaque année pour leur appartenance religieuse. (Voir aussi notre brève ci-dessous sur les chrétiens persécutés récemment en Iran)Des chrétiens harcelés, arrêtés et emprisonnés ces jours-ci en Iran ; 40 pasteurs arrêtés au début de l’année et le patriarche orthodoxe Abune Antonios destitué à Asmara en Erythrée ; des milliers de chrétiens de la minorité ethnique hmong persécutés au nord du Vietnam, de même que les minorités chrétiennes en Chine, en Inde, au Pakistan, en Corée du Nord ; un pasteur récemment assassiné au Laos; des chrétiens, victimes de discriminations quotidiennes, condamnés à l’exil au Proche-Orient ; d’autres qui sont massacrés ou convertis de force à l’islam au nord du Nigéria. Les nouvelles transmises au siège lausannois de Portes Ouvertes par les équipes qui travaillent sur le terrain ne sont pas réjouissantes. La liberté religieuse bat de l’aile dans bien des pays. Une réalité que se coltine depuis longtemps Pierre Tschanz, directeur régional de Portes Ouvertes, mission indépendante, d’essence évangélique, créée à Lausanne en 1972.

De Colombie en Chine, d’Algérie aux Philippines, du Sri Lanka au Turkménistan, de Yaoundé à Béthléem, Pierre Tschanz a tissé des réseaux dans 45 pays. Un pionnier qui paie de sa personne et qui n’a pas peur, « parce que l’amour parfait du Christ pour le monde bannit la crainte !». Pas plus compliqué que ça, à l’entendre. Il faut dire que Pierre Tschanz n’a pas froid aux yeux. Natif du Landeron, formé à l’Ecole navale de Brême, il est un homme de terrain mais aussi un rêveur, comme il aime à le préciser. « Ce qui me motive, ce sont les imprévus. On va sur des terrains inconnus, par exemple en Colombie dans les zones tenues par la guérilla, on vit des choses fortes avec les gens qui nous rapprochent du ciel, des moments d’une telle intensité que je n’oublierai jamais. Je suis un grand privilégié de pouvoir vivre de telles aventures humaines». Il faut dire qu’il a le caractère bien trempé. L’appel qu’il a reçu avec sa femme Micheline l’a poussé à mettre ses qualités de baroudeur au service des chrétiens persécutés qui ont plus besoin que jamais de solidarité et de signes d’amitié.

En Terre Sainte, raconte-t-il, les chrétiens ne sont pas persécutés mais précarisés, victimes de boycotts, de discriminations, empêchés de trouver du travail, quotidiennement découragés. Ce sont en général des Palestiniens qui, à cause de leurs origines et de leur religion, se sentent oppressés par l’environnement de l’islam. Ils décident peu à peu de s’exiler. Au début du 20ème siècle, ils représentaient 40% de la population, aujourd’hui, ils ne sont plus que 2%.

Au Liban, ce sont probablement 25% des chrétiens qui ont quitté le pays pendant les 15 ans qu’a duré la guerre. En général au Moyen-Orient, ils sont condamnés à vivre en vase clos ».il y a aussi de bonnes nouvelles. Une communauté réjouit le directeur de portes ouvertes, celle de la petite Eglise chrétienne d’Algérie. En 1992, il y avait 2000 chrétiens, aujourd’hui ils sont quelque 7000 croyants, surtout dans les montagnes de Kabylie. Une goutte d’eau au sein d’une population musulmane de 33 millions d’âmes.

Quand il n’est pas en voyage, Pierre Tschanz et toute son équipe multiplient les présentations dans les Eglises de Suisse romande – 260 en 2005 - pour sensibiliser les paroissiens à la situation précaire, voire préoccupante, des minorités chrétiennes dans le monde et récolter des fonds. L’argent sert à aider ces communautés, à leur fournir un soutien moral qui peut sauver des vies, - notre présence en Algérie pendant les persécutions a été très appréciée -, à apporter une aide sociale et économique aux familles de prisonniers, à distribuer des Bibles là où il est difficile d’en trouver, voire interdit de les lire.

Au cours de ces périples, Pierre Tschanz est à chaque fois frappé par l’immense respect de ces chrétiens persécutés, qui continuent à aimer les autres autour d’eux, malgré le climat difficile dans lequel ils vivent, malgré les assassinats et les persécutions dont ils sont l’objet. « Ils ont compris que l’amour dont a témoigné le Christ est la seule solution pour briser les cercles de la haine, car la haine vient de la peur, peur de l’autre, peur de celui qui ne pense pas ou ne croit pas comme nous ».