Double référendum contre les lois sur l'asile et les étrangers: Pas question pour les Eglises de baisser les bras
17 mars 2006
35'000 signatures contre le durcissement des lois sur l’asile et sur les étrangers ont déjà été récoltées rien qu'en Suisse romande; les Eglises cantonales se sont montrées très actives, même si elles ont rencontré des réticences certaines
Mais le plus dur est encore à venir avec la campagne pour les votations du 25 septembre prochain qui s'annonce rude. « La récolte de signatures pour le double référendum est une réussite au sein des paroisses protestantes de Suisse romande mais rien n’est gagné, pas question de baisser les bras, la campagne contre le durcissement des lois sur l’asile et les étrangers s’annonce ardue ! » Au siège de l’Entraide protestante suisse (EPER) à Lausanne, la secrétaire romande Corinne Henchoz Pignani, et la responsable de communication, Marianne Tellenbach, se disent fières des Eglises romandes qui se sont investies comme un seul homme pour soutenir le double référendum contre la révision de la loi sur l’asile (LAsi) et la nouvelle loi sur les étrangers (LEtr).
Elles n’affichent toutefois pas un optimisme démesuré quant à l’issue des votations fixées en principe le 24 septembre, juste après la période creuse de l’été. « Si le nombre de signatures requis pour les deux référendums a été atteint, le plus dur est devant nous ! », reconnaissent-elles, l’échéance très rapprochée de septembre raccourcira singulièrement le débat démocratique et cela nous semble une volonté délibérée ! » soupçonnent les deux responsables de l’EPER à qui les Eglises protestantes ont demandé de servir d’interface et de fournir le matériel nécessaire et les forces vives pour dénoncer la politique migratoire inhumaine qui est sur le point d’entrer en vigueur. En Suisse romande, ce sont quelque 35'000 signatures qui ont été récoltées pour les deux référendums avec un sérieux appui des paroisses. Elles regrettent par contre que la Fédération des Eglises Protestantes de Suisse (FEPS) se soit contentée de respecter la décision du Conseil de fondation de l’EPER sur la loi sur l’asile, et pas sur celle sur les étrangers.
Pour les Suisses, que fait l’Eglise ?
Si les autorités ecclésiastiques cantonales se sont montrées unanimes pour prendre position contre ces deux lois qui ferment quasiment l’accès de la Suisse aux ressortissants étrangers non européens et jettent les réfugiés sans papiers dans la clandestinité et la précarité, les paroissiens se sont montrés parfois plus circonspects. « L’Eglise s’investit beaucoup pour les requérants d’asile, mais que fait-elle pour les Suisses au chômage, les travailleurs en fin des droit ? ».La question a été souvent posée dans des quartiers modestes, reconnaît Pierre Campiche, pasteur de la paroisse Malley-Sévelin-St-Marc dans le sud-ouest lausannois. Une paroisse solidaire qui s’est investie spontanément et dans la hâte en 2004, pour servir de premier refuge à la Coordination Asile. Elle y a hébergé une famille kosovare pendant plus de trois semaines. En mai 2005, elle a renouvelé son engagement en accueillant à nouveau la Maison des migrations, cette fois à l’église de Sévelin. « La paroisse s’est investie dans l’asile mais aujourd’hui elle est submergée par des questions de restructuration, de diminution du personnel. Certains paroissiens nous reprochent un manque de loyauté à l’égard de l’Etat alors que c’est lui qui nous paie », rapporte Pierre Campiche qui ne ménage pas sa peine pour expliquer qu’il est faux de prendre le groupe minoritaire des réfugiés comme bouc émissaire et de voir en lui la cause de nous nos malaises. « Pour ma part, je suis révolté devant une administration aussi aveugle ! ». « L’exil n’est jamais un choix. On ne quitte pas son pays simplement sur un coup de tête. On y est souvent contraint pour survivre, rappelle Marianne Tellenbach qui s’est beaucoup investie sur le terrain. A Tramelan, Anne-Christine Horton, animatrice Terre Nouvelle, a constaté que les efforts déployés pour sensibiliser la population, pourtant très solidaire sur les cas concrets, ont eu peu d’écho et que les gens ont eu de la peine à se mobiliser pour signer les deux référendums.
Obligés de se fondre dans la nature
A Gland, où l’on s’est largement mobilisé pour accueillir et entourer les requérants d’asile logés dans les abris PC de la région, à Begnins, Coppet et Nyon notamment, Danilo Gay, diacre en charge du ministère Solidarité, dit sa tristesse et sa révolte : « Nous étions une centaine de bénévoles pour entourer les réfugiés logés dans la région. Nous avions fait connaissance, appris des bribes de leur histoire, nous les avons aimés, nous avons noué des liens d’amitié très forts, et d’un seul coup, à cause de l’entrée en vigueur de la loi qui leur refuse toute entrée en matière, les voilà qui ont été forcés de s’évanouir dans la nature, de disparaître ! Au nom du Christ, nous disons non à ces lois ! Tout au long de la Bible, il est une constante : Dieu s’est toujours intéressé aux marginaux, aux étrangers, aux plus faibles de la société ». Et la récolte de signatures dans la paroisse ? « Nous avons constaté que les gens sont souvent mal informés. Dès qu’ils voient le mot asile, ils prennent peur, ils ne veulent pas prendre position. Mais quand on se met à discuter, les gens se décrispent, changent peu à peu de position. A la sortie du culte, nous avons installé une table pour la récolte de signatures assez discrète pour respecter la liberté de chacun. L’Eglise se doit d’accueillir et de respecter chacun dans sa différence ».
Elles n’affichent toutefois pas un optimisme démesuré quant à l’issue des votations fixées en principe le 24 septembre, juste après la période creuse de l’été. « Si le nombre de signatures requis pour les deux référendums a été atteint, le plus dur est devant nous ! », reconnaissent-elles, l’échéance très rapprochée de septembre raccourcira singulièrement le débat démocratique et cela nous semble une volonté délibérée ! » soupçonnent les deux responsables de l’EPER à qui les Eglises protestantes ont demandé de servir d’interface et de fournir le matériel nécessaire et les forces vives pour dénoncer la politique migratoire inhumaine qui est sur le point d’entrer en vigueur. En Suisse romande, ce sont quelque 35'000 signatures qui ont été récoltées pour les deux référendums avec un sérieux appui des paroisses. Elles regrettent par contre que la Fédération des Eglises Protestantes de Suisse (FEPS) se soit contentée de respecter la décision du Conseil de fondation de l’EPER sur la loi sur l’asile, et pas sur celle sur les étrangers.
Pour les Suisses, que fait l’Eglise ?
Si les autorités ecclésiastiques cantonales se sont montrées unanimes pour prendre position contre ces deux lois qui ferment quasiment l’accès de la Suisse aux ressortissants étrangers non européens et jettent les réfugiés sans papiers dans la clandestinité et la précarité, les paroissiens se sont montrés parfois plus circonspects. « L’Eglise s’investit beaucoup pour les requérants d’asile, mais que fait-elle pour les Suisses au chômage, les travailleurs en fin des droit ? ».La question a été souvent posée dans des quartiers modestes, reconnaît Pierre Campiche, pasteur de la paroisse Malley-Sévelin-St-Marc dans le sud-ouest lausannois. Une paroisse solidaire qui s’est investie spontanément et dans la hâte en 2004, pour servir de premier refuge à la Coordination Asile. Elle y a hébergé une famille kosovare pendant plus de trois semaines. En mai 2005, elle a renouvelé son engagement en accueillant à nouveau la Maison des migrations, cette fois à l’église de Sévelin. « La paroisse s’est investie dans l’asile mais aujourd’hui elle est submergée par des questions de restructuration, de diminution du personnel. Certains paroissiens nous reprochent un manque de loyauté à l’égard de l’Etat alors que c’est lui qui nous paie », rapporte Pierre Campiche qui ne ménage pas sa peine pour expliquer qu’il est faux de prendre le groupe minoritaire des réfugiés comme bouc émissaire et de voir en lui la cause de nous nos malaises. « Pour ma part, je suis révolté devant une administration aussi aveugle ! ». « L’exil n’est jamais un choix. On ne quitte pas son pays simplement sur un coup de tête. On y est souvent contraint pour survivre, rappelle Marianne Tellenbach qui s’est beaucoup investie sur le terrain. A Tramelan, Anne-Christine Horton, animatrice Terre Nouvelle, a constaté que les efforts déployés pour sensibiliser la population, pourtant très solidaire sur les cas concrets, ont eu peu d’écho et que les gens ont eu de la peine à se mobiliser pour signer les deux référendums.
Obligés de se fondre dans la nature
A Gland, où l’on s’est largement mobilisé pour accueillir et entourer les requérants d’asile logés dans les abris PC de la région, à Begnins, Coppet et Nyon notamment, Danilo Gay, diacre en charge du ministère Solidarité, dit sa tristesse et sa révolte : « Nous étions une centaine de bénévoles pour entourer les réfugiés logés dans la région. Nous avions fait connaissance, appris des bribes de leur histoire, nous les avons aimés, nous avons noué des liens d’amitié très forts, et d’un seul coup, à cause de l’entrée en vigueur de la loi qui leur refuse toute entrée en matière, les voilà qui ont été forcés de s’évanouir dans la nature, de disparaître ! Au nom du Christ, nous disons non à ces lois ! Tout au long de la Bible, il est une constante : Dieu s’est toujours intéressé aux marginaux, aux étrangers, aux plus faibles de la société ». Et la récolte de signatures dans la paroisse ? « Nous avons constaté que les gens sont souvent mal informés. Dès qu’ils voient le mot asile, ils prennent peur, ils ne veulent pas prendre position. Mais quand on se met à discuter, les gens se décrispent, changent peu à peu de position. A la sortie du culte, nous avons installé une table pour la récolte de signatures assez discrète pour respecter la liberté de chacun. L’Eglise se doit d’accueillir et de respecter chacun dans sa différence ».